Bioraphies

source areopage.net

L'époque archaïque

Homère VIIe s av JC - ?

Homère VIIIe s. av. J.-C. ? Poète épique grec, considéré comme l'auteur de l'Iliade et de l'Odyssée, et dont l'existence fut entourée de légendes dès le VIe s. av. J.-C. Hérodote pensait qu'il était originaire d'Asie Mineure. La tradition le représentait vieux et aveugle, errant de ville en ville et déclamant ses vers. Les poèmes homériques, récités aux fêtes solennelles et enseignés aux enfants, ont exercé dans l'Antiquité une profonde influence sur les philosophes, les écrivains et l'éducation. Ils occupent une place importante dans la culture classique européenne.

Illiade: Poème épique en vingt-quatre chants (VIIIe s. av. J.-C.), attribué à Homère. C'est le récit d'un épisode de la guerre de Troie : Achille, qui s'était retiré sous sa tente après une querelle avec Agamemnon, revient au combat pour venger son ami Patrocle, tué par Hector. Après avoir vaincu Hector, Achille traîne son cadavre autour du tombeau de Patrocle, puis le rend à Priam, venu réclamer le corps de son fils. Poème guerrier, l'Iliade contient aussi des scènes grandioses (funérailles de Patrocle) et émouvantes (adieux d'Hector et d'Andromaque). Illiade en grec.

Sur Homère:

Trois mille ans ont passé sur la cendre d'Homère ;

Et depuis trois mille ans Homère respecté

Est jeune encor de gloire et d'immortalité.

- Chénier (Marie-Joseph de), Épître à Voltaire.

Odyssée:Poème épique en 24 chants, attribué à Homère (VIIIe s. av. J.-C.). Tandis que Télémaque part à la recherche de son père Ulysse (chants I-IV), celui-ci, recueilli après un naufrage par Alcinoos, roi des Phéaciens, raconte ses aventures depuis son départ de Troie (chants V-XIII) : il est passé du pays des Lotophages à celui des Cyclopes, a séjourné dans l'île de Circé, navigué dans la mer des Sirènes et a été retenu par Calypso. La troisième partie du poème (chants XIV-XXIV) décrit l'arrivée d'Ulysse à Ithaque et des prétendants qui courtisent sa femme, Pénélope. Odyssée en grec.

Hésiode VIII e s av JC

Ascra, Béotie, milieu du VIIIe s. av. J.-C. Poète grec. Auteur de poèmes mythologiques (la Théogonie ), il est le créateur de la poésie didactique (les Travaux et les Jours).

La Théogonie: Théogonie ou Généalogie des dieux Poème mythologique d'Hésiode (VIIIe s. av. J.-C.), qui raconte la création du monde, du chaos initial au règne de Zeus.

Les Travaux et les Jours: Poème didactique d'Hésiode (VIIIe s. av. J.-C.). Édictant des sentences morales et des préceptes d'économie domestique, Hésiode entend démontrer les vertus du travail et de la justice.

Archiloque 712 - 664 av JC

Paros vers 712 - vers 664 av. J.-C. Archiloque (v. 712-676 av. J.-C.), poète grec, connu pour ses satires malicieuses et féroces, redoutées par ses ennemis. Considéré comme le premier poète lyrique grec, Archiloque passe pour avoir inventé la poésie en vers ïambiques, poésie de la passion et de la satire mordante. Seuls quelques fragments de son œuvre nous sont parvenus.Archiloque de Paros, quant à lui, n'évoque plus la victoire guerrière et la gloire des héros, mais se lamente ou récrimine en considérant ses déboires amoureux. Il est considéré comme le créateur de la poésie iambique.

Tyrtée VII e av JC

En Attique VIIe s. av. J.-C. Poète lyrique grec. Il contribua par ses chants à ranimer le courage des Spartiates dans la deuxième guerre de Messénie.

Sémonide VIIe av JC

Callinos VIIe s av JC

En Asie Mineure, Callinos d'Éphèse, Mimnerme de Colophon, et à Sparte, Tyrtée, composent des élégies guerrières et politiques, encore proches de l'épopée par leur mètre et leur dialecte ionien mais s'apparentant à la harangue militaire lorsqu'elles exhortent les jeunes gens au combat

Alcman VIIe s av JC

Alcman (v. 672-v. 612 av. J.-C.), poète grec, qui fut l'un des premiers poètes du lyrisme amoureux . Alcman naquit à Sardes, en Lydie. Selon la légende, il était un esclave affranchi devenu citoyen de Sparte. Il inventa les Parthénies, des chants en dialecte dorien destinés à être interprétés par des chorales de jeunes filles, ce qui fait de lui le créateur du lyrisme choral en strophes. Il écrivit également des hymnes au mariage et des poèmes célébrant l'amour et le vin. Toutes ses créations semblent avoir été ainsi liées aux rites divers qui animaient la vie de la cité lacédémonienne. Seuls des fragments de ses œuvres nous sont parvenus.

Terpandre VII e s av JC

Compose des nomes ou des hymnes liturgiques à la gloire des dieux, et notamment à celle d'Apollon

Mimnerme VIIe s av JC

Thalès 625 - 547 av JC

Milet vers 625 - vers 547 av. J.-C. Savant et philosophe grec de l'école ionienne, l'un des Sept Sages de la Grèce. Il aurait rapporté d'Égypte et de Babylone les éléments de la géométrie et de l'algèbre. On lui attribue la première mesure exacte du temps, à l'aide du gnomon, et certaines connaissances sur les rapports des angles avec les triangles auxquels ils appartiennent, ainsi que sur le calcul des proportions. Il dut sa célébrité à la prédiction d'une éclipse de Soleil. Pour lui, l'eau était l'élément premier de l'Univers.

Solon 640 - 558 av JC

Vers 640 - vers 558 av. J.-C. Homme politique athénien. Son nom reste attaché à la réforme sociale et politique qui provoqua l'essor d'Athènes. Il divisa les citoyens en quatre classes censitaires. Les riches eurent accès aux magistratures, les pauvres purent participer aux réunions de l'ecclésia et siégèrent désormais au tribunal de l'Héliée. Solon est l'un des Sept Sages de la Grèce.

Sappho fin du VIIe s. - id. VIe s. av. J.-C.

Sappho ou Sapho (v. 650 av. J.-C.-v. 580 av. J.-C.), poétesse grecque née à Mytilène, dans l'île de Lesbos. On sait peu de chose sur sa vie. Issue d'une famille noble, elle fut peut-être aimée d'Alcée et dut, comme lui, s'exiler en Sicile pour avoir soutenu le parti aristocratique contre le tyran Pittacos. Mariée et mère d'une fille nommée Cléïs selon les uns, elle se serait, selon les autres, précipitée depuis les rochers de l'île de Leucade après avoir été éconduite par Phaon (amours tragiques qui inspirèrent notamment John Lyly [Sapho et Phaon, 1584] et Leopardi). À partir des poèmes dédiés aux jeunes filles avec qui elle vivait et qu'elle initiait au chant, à la poésie et à la danse, Anacréon et d'autres poètes ont accrédité la légende d'amours homosexuelles qui restent attachées à son nom. Nullement assombrie par cette scandaleuse réputation, la gloire de Sappho fut immense pendant toute l'Antiquité : Platon en fit la dixième muse, son œuvre fut plusieurs fois éditée à l'époque alexandrine. Des neuf livres qu'elle composa ne subsistent aujourd'hui que six cent cinquante vers consacrés à la passion amoureuse, « monstre invincible doux et amer », à la beauté, à la nature, source de calme et d'harmonie, mais aussi à la mort et surtout à Aphrodite. Destinée à être chantée et accompagnée de musique, cette poésie, éminemment sensuelle, est portée par un rythme nouveau : la strophe saphique, composée de trois vers et d'un vers adonique très court, que Catulle et Horace utiliseront à leur tour. Elle inspira également Théocrite (« les Magiciennes ») et Ovide (Héroïdes).

Alcée VIIe s av JC

Alcée (v. 600 av. J.-C.), poète grec. Né dans l'île de Lesbos, il combattit contre la tyrannie de Pittacos, fut banni, puis, pardonné, put revenir à Lesbos. Il composa en dialecte éolien des odes, dont seuls quelques fragments nous sont parvenus : hymnes, chants guerriers et politiques disent son affliction concernant l'État de Lesbos et sa haine des tyrans. Certains de ses poèmes chantent les vertus de l'amour et du vin. Il est l'inventeur de la strophe alcaïque (strophe composée de quatre vers métriques) qu'Horace a adaptée à la poésie latine lyrique.

Anaximandre 610 - 547 av. J.-C.

Anaximandre (v. 611 av. J.-C.-v. 547 av. J.-C.), philosophe, mathématicien et astronome grec. Né à Milet, aujourd'hui en Turquie, disciple et ami de Thalès, Anaximandre aurait fait la découverte de l'obliquité de l'écliptique, c'est-à-dire que l'écliptique forme un angle avec le plan de l'équateur céleste. On lui attribue l'introduction du cadran solaire en Grèce et l'invention de la cartographie. La composition du plus antique ouvrage en prose sur l'Univers et les origines de la vie, qui constitue la majeure contribution d'Anaximandre, lui vaut d'être parfois appelé le père de la cosmologie. Il conçoit l'Univers comme un système de cylindres concentriques dont le plus extérieur contient le Soleil, celui du centre la Lune et le plus intérieur les étoiles. En forme de tambour, la Terre flotte au centre de ces cylindres sans être soutenue. Selon Anaximandre, l'Univers tire son origine de la séparation des contraires de la matière primordiale. Ainsi, le chaud se déplace vers le haut, se séparant du froid, et ensuite le sec se sépare de l'humide. Il soutient également que toute chose qui meurt retourne à l'élément dont elle est issue.

Anaximène 585 - 525 av. J.-C.

Anaximène (v. 586 av. J.-C.-526 av. J.-C.), philosophe de la nature, dernier représentant de l'école ionienne fondée par Thalès. Né à Milet (Ionie), en Asie Mineure, Anaximène est disciple d'Anaximandre, dont il surpasse bientôt la renommée auprès de Pythagore, Leucippe, Démocrite ou encore Anaxagore. Pour Anaximène, la nature primordiale (Physis) est « une et infinie ». Cette nature est air, qui est donc selon lui l'élément fondamental auquel peut être ramenée toute chose, l'air est donc infini. Afin d'expliquer comment se forment des objets solides à partir de l'air, Anaximène introduit les notions de condensation et de raréfaction. Selon lui, ces processus transforment l'air, invisible en soi, en quelque chose de visible comme l'eau, le feu et la matière solide. Il pense que l'air s'échauffe et se transforme en feu en se raréfiant et qu'il se refroidit et se solidifie en se condensant. L'importance d'Anaximène ne tient pas tant à sa cosmologie qu'à sa quête de la nature ultime de la réalité.

Xénophane fin du VIe av. J.-C.

Xénophane (fin du VIe-début du Ve siècle av. J.-C.), poète grec, philosophe et réformateur religieux, né à Colophon, en Asie Mineure. Il quitta Colophon en 545 av. J.-C. pour mener la vie vagabonde d'un rhapsode à travers la Grèce et la Sicile. La tradition rapporte qu'il s'installa définitivement dans la colonie phénicienne d'Élée, en Italie du Sud, en 536 av. J.-C. Il y aurait fondé l'école d'Élée, dont les concepts philosophiques furent diffusés et systématisés par son disciple Parménide. Dans ses écrits, Xénophane se livre à une fine satire des croyances polythéistes des poètes grecs anciens et de ses contemporains. Il critique la représentation des divinités, créées à l'image des mortels qui les vénèrent. Dans un passage célèbre, il affirme que si les bœufs pouvaient peindre et sculpter, ils concevraient les dieux à leur image. Aussi recommande-t-il aux hommes de rejeter l'anthropomorphisme polythéiste et de lui substituer une unique divinité non humaine, principe unificateur de tous les phénomènes. Dans d'autres ouvrages, il tourne en dérision la doctrine de la transmigration des âmes et déplore le culte de l'athlétisme et du luxe qu'entretenaient les Grecs aux dépens de la sagesse. Seuls quelques fragments de ses poèmes ont subsisté.

Pythagore 570 - 480 av. J.-C.

Samos vers 570 - Métaponte vers 480 av. J.-C. Philosophe et mathématicien grec. Il est le fondateur d'une école mathématique et mystique, l'école pythagoricienne . Son existence est entourée de légendes et son enseignement, qui n'aurait été qu'oral, a été transmis par des traditions faisant une large place au secret.

Théognis VIe s av JC

Avec Solon, le premier poète athénien, et Theognis de Mégare, l'élégie prend une tonalité politique et morale.

Anacréon VI e av. J.-C.

Anacréon (v. 572 av. J.-C.-488 av. J.-C.), poète lyrique grec, né à Téos, Asie Mineure (aujourd'hui Sigacik, Turquie). Il passa la plus grande partie de sa vie à Samos, Athènes, puis en Thessalie. Poète de l'amour et de la joie de vivre, il avait composé cinq livres de poésies comprenant des iambes, des élégies et des odes légères dont il a fixé le genre. De cet ensemble ne subsistent que des fragments qui firent l'objet, dans les époques ultérieures, de maintes imitations connues sous le nom d'anacréontisme. À Rome, Catulle et Horace s'inspirèrent d'Anacréon. Les Odes anacréontiques, publiées en 1554 par Henri II Estienne, sont des imitations datant de l'époque alexandrine ; adaptées par Rémi Belleau, elles inspirèrent Ronsard, et au XVIIIe siècle, Chaulieu, Parny et Chénier.

Héraclite 550 - 480 av. J.-C.

Éphèse vers 550 - vers 480 av. J.-C. Philosophe grec. Présocratique de l'école ionienne, il fait du Feu, qu'il désigne aussi comme l'Un, ou le Logos, le principe d'un Univers en perpétuel devenir, notion clef à travers laquelle il pense la lutte et l'unité des contraires. De son œuvre lapidaire et énigmatique, seuls quelques fragments nous sont parvenus.

Lien internet: Vie et Oeuvre d'Héraclite

Simonide 556 - 457 av. J.-C.

Simonide de Céos (v. 556-v. 467 av. J.-C.), poète lyrique grec de la fin de l'époque archaïque, qui était apprécié en son temps pour ses poèmes émouvants et ses épigrammes. Simonide de Céos naquit sur l'île ionienne de Kéa (Céos). Courtisan et poète professionnel, il vécut pendant un temps à Athènes, à la cour du tyran Hipparque, puis il entra au service des familles dirigeantes de Thessalie, les Scopades de Crannon et les Aleuades de Larissa. De retour à Athènes, il reçut le privilège de composer des poèmes en l'honneur des héros grecs et de leurs victoires contre la Perse. Simonide passa les dernières années de sa vie à Syracuse, en Sicile, notamment à la cour du tyran Hiéron Ier, où il eut plusieurs mécènes. Son œuvre fut abondante mais une part infime en a été conservée ; il s'illustra dans de nombreuses formes poétiques, comme les épigrammes ou les élégies, mais aussi dans les chants lyriques - les hymnes, les odes, les oraisons funèbres et les dithyrambes. Ces poèmes traitaient de thèmes philosophiques tels que la méditation sur la mort et la vanité des richesses, mais il s'attacha aussi à théoriser l'emploi de la langue grecque (il travailla sur l'alphabet) ; par certains aspects, son travail et sa conception du langage annoncent les sophistes.

Parménide 515 - 440 av. J.-C.

Parménide (v. 515 av. J.-C.-v. 440 av. J.-C.), philosophe grec présocratique, considéré comme le représentant le plus prestigieux de l'école d'Élée. Des sources divergentes, émanant notamment de Diogène Laërce en font un disciple de Xénophane, tandis que dans le Parménide, Platon, qui revendique également son parrainage, le désigne comme le maître de Zénon. Parménide pourrait avoir été contemporain d'Héraclite. Il ne reste de l'œuvre de Parménide que quelques fragments, le Prologue et un Discours, restituant une centaine de vers de ce qui composait à l'origine un long poème didactique, écrit dans un style archaïque, ce qui en rend l'interprétation quelque peu difficile. De la nature peut toutefois être considéré comme l'écrit fondateur de l'ontologie occidentale. Le poème conte le voyage initiatique d'un héros mené, dans un char guidé par des bêtes, « créatures connaissantes », vers une déesse qui lui fera plusieurs révélations. La première consiste à choisir entre deux voies - soit, deux méthodes de discours : « la route du Jour et la route de la Nuit », consistant respectivement à considérer que l'Être est, et que le Non-Être est. Ce dernier chemin n'a pas d'issue et est condamné par Parménide, et avec lui toutes les incohérences du discours. L'affirmation que « l'être est » est aussi le modèle du discours vrai, c'est-à-dire celui d'où émerge la vérité absolue. Au discours de la vérité absolue, il est possible d'apposer celui de la doxa, ou opinion. C'est ce discours que tiendra la déesse dans la suite de ses révélations à celui qu'on peut identifier comme Parménide lui-même, discours annoncé comme étant « un arrangement trompeur de mots ». La déesse prononce ainsi un discours, mêlé de vérités et de mensonges, ou du moins « vraisemblable », faisant état de deux natures du monde, l'une de lumière, et l'autre de ténèbres. Cette révélation a pour objet, en fait, les phénomènes de la nature, que Parménide qualifie d'apparences dues à l'erreur humaine : ils semblent exister, mais ne possèdent aucune existence réelle. De même, Parménide considère que la réalité, l'Être Vrai, ne peut être appréhendée que par la raison et non par les sens. Cette conviction fait de Parménide un précurseur de l'idéalisme de Platon. La doctrine de Parménide selon laquelle l'être ne peut surgir du non-être et qu'il ne peut ni naître, ni disparaître, a été appliquée à la matière par ses successeurs, notamment Empédocle et Démocrite, qui en font le fondement de leur pensée matérialiste de l'Univers.

Lien Internet : Parménide.

L'époque classique

Eschyle 525 - 456 av JC

Eschyle (v.525-456av.J.-C.), poète tragique grec considéré comme le créateur de la tragédie et qui ouvrit la voie à Sophocle et à Euripide. Né à Éleusis près d'Athènes dans une famille de notables, Eschyle participa aux batailles de Marathon (490av.J.-C.), de Salamine (480av.J.-C.), qui se soldèrent par la victoire de l'armée grecque. Il connut un grand succès de son vivant et fut reçut dans les cours des plus grands souverains de la Méditerranée. Il séjourna à deux ou trois reprises en Sicile et mourut à Gela. Les tragédies d'Eschyle, qui furent mises en scène à partir de 500av.J.-C., forment généralement des trilogies, élaborées autour d'un thème commun. Il aurait écrit quelque quatre-vingt-dix pièces, dont sept seulement nous sont parvenues ; néanmoins, nous connaissons le titre de soixante-dix-neuf d'entres elles. La plus ancienne, les Suppliantes (490av.J.-C.), évoque Argos et les Danaïdes ; elle comporte peu d'actions mais de nombreux chants et fait partie, avec les Égyptiens et les Danaïdes, aujourd'hui perdues, d'une trilogie qui évoquait le mariage des cinquante filles de Danaos. Quant à la tragédie intitulée les Perses (472av.J.-C.), elle a pour cadre la cour de la mère du roi XerxèsIer et pour thème la victoire de Salamine. Les Sept contre Thèbes (467av.J.-C.) reprend une légende thébaine qui dépeint le conflit survenu entre les deux fils d'Œdipe, Étéocle et Polynice, pour le trône de Thèbes. Elle faisait sans doute partie d'une trilogie dont les premières parties étaient Laïos et Œdipe et Prométhée enchaîné, qui a pour thème la punition infligée à Prométhée par Zeus pour s'être rebellé. Cette pièce formait également une autre trilogie, consacrée à Prométhée, avec Prométhée délivré et Prométhée porte-feu, deux pièces aujourd'hui perdues. Quant à Agamemnon, les Choéphores et les Euménides, composées en 458av.J.-C., elles forment la trilogie de l'Orestie, c'est-à-dire l'histoire d'Oreste, l'un des Atrides, qui parvint après bien des souffrances à mettre fin à la malédiction familiale. Agamemnon, considéré comme l'un des chefs-d'œuvre de la littérature dramatique, décrit le retour de Troie du roi Agamemnon et sa mort sous les coups de Clytemnestre, son épouse infidèle. Dans la seconde pièce, Oreste, fils d'Agamemnon, vient venger son père en tuant sa mère et l'amant de celle-ci, Égisthe. Dans les Euménides, puni de ce matricide par les Érinyes assoiffées de vengeance, Oreste est acquitté par l'Aréopage et par Athéna, déesse de la Sagesse. Eschyle mit en place les règles essentielles de la tragédie: c'est grâce à lui notamment que la mise en scène se fit plus sobre, que le dialogue fut introduit dans le drame théâtral, et que les costumes, les masques et les décors apparurent sur scène. Toutes ses œuvres traitent de thèmes mythologiques, religieux et de la passion humaine dans un langage extrêmement lyrique et touchant. À travers ces thèmes traditionnels, il défend ses idées de droit, de justice et de miséricorde ; s'il refusait de croire en une fatalité collective, il affirmait en revanche sa croyance en une volonté divine permettant à l'homme d'accéder à la sagesse en passant par la souffrance.

Pindare 518 - 438

Pindare (518-438 av. J.-C.), poète lyrique grec, qui connut, de son vivant, un immence succès. Issu d'une grande famille d'aristocrates doriens, il naquit à Cynocéphales, près de Thèbes, et étudia l'art lyrique avec la fameuse poétesse Corinne, qui lui aurait déconseillé d'avoir systématiquement recours aux allusions mythologiques dans ses œuvres. Ses quatre livres d'odes triomphales (Épinicies), dédiées aux vainqueurs des quatre grands jeux nationaux, sont parvenus jusqu'à nous (Olympiques, Pythiques, Néméennes, et Isthmiques). On lui doit aussi des hymnes, des péans, des thrènes et des dithyrambes, qui sont souvent des œuvres de commandes et qui témoignent de sa réputation dans l'ensemble du monde hellénique. Celle-ci dépassa même les frontières et lui valut notamment d'être invité en Sicile par le roi de Syracuse, Hiéron Ier. On dit que dans les dernières années de sa vie, sa renommée était si grande que lorsque Alexandre le Grand mit Thèbes à feu et à sang, en 335 av. J.-C., il épargna sa maison.

Anaxagore 500 - 428 av JC

Anaxagore (v.500-428av.J.-C.), philosophe grec qui introduisit la notion de « noûs » (en gr.,« esprit » ou « raison ») dans la philosophie présocratique. Les philosophes antérieurs avaient considéré les quatre éléments (terre, air, feu, eau) comme la réalité ultime. Né à Clazomènes (près de l'actuelle Izmir, Turquie), Anaxagore fut le premier philosophe à s'établir (v.480) à Athènes, qui deviendra un centre florissant de philosophie. Il eut parmi ses élèves Périclès, Euripide et sans doute Socrate. Au terme d'une trentaine d'années d'enseignement à Athènes, Anaxagore fut condamné pour impiété, ayant soutenu que le soleil était une pierre chaude et que la lune était constituée de terre. Il retourna en Asie Mineure et s'établit à Lampsaque, une colonie de Milet, où il mourut. Anaxagore a exposé sa philosophie dans Peri physeos (De la nature), dont seuls subsistent quelques fragments. Il pensait que la totalité de la matière existait à l'origine sous forme d'atomes, ou molécules, en nombre infini et infiniment petits, et qu'un ordre initial se fit dans cet infini chaos d'atomes par l'opération de l'intelligence éternelle (noûs). Il pensait que tous les corps sont de simples agrégats d'atomes, une barre d'or, de fer ou de cuivre étant selon lui composée de particules infimes du même matériau. Anaxagore marque un grand tournant dans l'histoire de la philosophie grecque: sa doctrine du noûs fut reprise par Aristote, et sa doctrine des atomes fraya la voie à la théorie atomique du philosophe Démocrite.

Hérodote 484 - 425 av JC

Hérodote (v.484-v.425av.J.-C.), historien grec, appelé le « père de l'histoire ». Hérodote naquit à Halicarnasse (l'actuelle Bodrum, en Turquie). On croit qu'il fut exilé d'Halicarnasse vers 457av.J.-C. pour avoir conspiré contre le tyran Lygdamis, vassal des Perses. Il se rendit probablement directement à Samos d'où il voyagea à travers l'Asie Mineure, la Babylonie, l'Égypte et la Grèce. Le sens et l'étendue de ses voyages ne sont pas connus avec précision, mais ils lui donnèrent une connaissance directe et précieuse de pratiquement l'ensemble du Proche-Orient antique. Vers 447av.J.-C., il s'établit à Athènes, qui était alors le centre culturel du monde grec, où il gagna l'admiration de Sophocle et Périclès. En 443av.J.-C., Hérodote se fixa dans la colonie panhellénique de Thurium, en Italie méridionale. Il consacra le reste de sa vie à la rédaction de son œuvre maîtresse, intitulée Histoires. Les éditeurs des Histoires les divisèrent par la suite en neuf livres. Les premiers livres traitent des coutumes, des légendes, des histoires et des traditions des peuples du monde antique, y compris les Lydiens, les Scythes, les Mèdes, les Perses, les Assyriens et les Égyptiens. Les trois derniers livres décrivent les guerres médiques entre la Grèce et la Perse, au début du Vesiècle av.J.-C. Hérodote décrit les mœurs et coutumes des habitants, leurs croyances, leur légendes, le cadre géographique. L'information d'Hérodote découle en partie du travail de ses prédécesseurs, et en partie des observations qu'il fit au cours de ses propres voyages. Bien qu'il soit parfois inexact, il est généralement prudent dans la distinction entre récits plausibles ou non. Les Histoires sont la première œuvre importante en prose. Les critiques tant antiques que modernes ont rendu hommage à sa grandeur de trait et à son style franc, lucide et délicieusement anecdotique. Hérodote montre une connaissance approfondie de la littérature grecque et de la pensée scientifique de son époque. Il croit l'univers dirigé par le Hasard et la Chance, et pense que rien dans les affaires humaines n'est stable. Le choix moral reste toutefois important, puisque les dieux cherchent souvent à punir l'arrogant. Cette tentative de tirer des leçons morales de l'étude des grands événements est le fondement de l'historiographie grecque et romaine. Hérodote fut avant Thucydide le premier grand historien de l'Antiquité.

Sophocle 496 - 406 av JC

Sophocle (496-406av.J.-C.), l'un des trois grands poètes tragiques grecs, avec Eschyle et Euripide. Vie Sophocle est né en 496av.J.-C. à Colone (aujourd'hui partie d'Athènes), fils de Sophillos, qui aurait été un riche armurier. Il reçoit la meilleure éducation possible, traditionnelle et aristocratique. Jeune homme, il est choisi pour diriger le chœur de jeunes gens qui célèbre la victoire navale de Salamine en 480av.J.-C. En 468av.J.-C., à l'âge de vingt-huit ans, il gagne un concours dramatique où il détrône Eschyle, dont la supériorité n'avait pas été menacée depuis longtemps. En 441av.J.-C., il est à son tour vaincu dans l'un des concours dramatiques d'Athènes, par Euripide. À partir de 468av.J.-C., cependant, Sophocle remporte le premier prix une vingtaine de fois et plusieurs fois le deuxième prix. Sa vie, qui s'achève à l'âge de quatre-vingt-dix ans, coïncide avec l'âge d'or d'Athènes. Sophocle compte parmi ses amis l'historien Hérodote, et fréquente Périclès, l'homme d'État. Il ne s'implique pas dans la politique et n'a pas d'inclination pour les activités militaires, mais les Athéniens l'élisent par deux fois à de hautes fonctions militaires. Œuvre De son immense production littéraire (cent vingt-trois titres connus des Anciens, seules sept tragédies complètes nous sont parvenues: les Trachiniennes, Antigone, Ajax, Œdipe roi, Électre, Philoctète et Œdipe à Colone. Pour le reste, on possède des milliers de fragments allant de un ou deux mots à quelques vers, et la moitié d'un drame satyrique, les Limiers, découvert au XXesiècle sur un papyrus égyptien. Parmi les tragédies qui ont survécu, la plus ancienne serait Ajax (v.451-444av.J.-C.). Suivent certainement Antigone et les Trachiniennes (après 441av.J.-C.). Œdipe roi et Électre datent de 430 à 415av.J.-C. On sait que Philoctète date de 409av.J.-C. Signification La tragédie sophocléenne expose une action où fatalité et volonté constituent les deux ressorts principaux, de sens contraire et où toute l'intensité dramatique repose sur la volonté inébranlable du protagoniste. Celui-ci, enfermé dans une situation où seule la souplesse permettrait la survie, mène un double combat en s'opposant à l'autorité (incarnée par le roi, les chefs ou les dieux), mais également aux instances de ses proches: ainsi Antigone s'expose à la mort (et la subit) pour accorder les rites funéraires à son frère Polynice tué sur le champ de bataille, défiant ainsi l'autorité de Créon, maître de Thèbes, et n'écoutant pas les conseils de sa sœur Ismène. Œdipe, héros mythique, découvre progressivement l'horrible vérité: il est devenu roi de Thèbes après avoir, à son insu, tué son père et épousé sa mère, Jocaste. À la suite d'Eschyle, considéré comme le créateur de la tragédie, Sophocle innove et mène la tragédie à son apogée: en abandonnant la trilogie eschylienne (trois tragédies développant un thème unique), il resserre l'intrigue, enrichit l'action et précipite l'évolution du tragique ; l'ajout d'un troisième acteur permet une peinture plus nuancée des caractères: affrontés deux à deux, les personnages se définissent les uns par rapport aux autres, s'opposent par les valeurs qu'ils défendent ; la dimension psychologique s'amplifie, le débat prend le pas sur le lyrique. Sans exclure la fatalité (les dieux ont toujours raison), le théâtre de Sophocle exalte la volonté de l'homme.

Protagoras 490 - 420 av JC

Protagoras (Vesiècle av.J.-C.), philosophe grec, un des principaux représentants et le plus ancien des sophistes grecs. Né à Abdère (Thrace), Protagoras aurait été contemporain de Démocrite. Leurs théories respectives sont d'ailleurs parfois confondues, selon qu'elles sont exposées, par exemple, par Platon (Théétète, Protagoras) ou par Théophraste. À la faveur de plusieurs séjours à Athènes, il rencontre Périclès avec lequel il se lie d'amitié, et acquiert une notoriété considérable comme enseignant et philosophe. Protagoras est aussi le premier penseur à revendiquer pour lui-même le nom de sophiste et à enseigner contre rétribution: « Je revendique ma qualité de sophiste et ma fonction d'apporter aux hommes la culture ». Ses principales œuvres, dont seuls quelques fragments subsistent, sont intitulées Vérité et Sur les Dieux. Selon Protagoras, toute sensation est relative, soit à l'objet, soit au sens. Tout ce que l'individu perçoit, ou croit percevoir, n'en est que le phénomène, qui constitue donc la seule connaissance des objets extérieurs que nous puissions avoir. Puisque « toutes nos connaissances viennent de la sensation », la thèse principale de Protagoras, résumée dans la formule: « L'homme est la mesure de toutes choses, de l'existence des existants et de la non-existence des non-existants », signifierait donc que l'Homme, dans ce monde où règne le relativisme absolu, peut bien émettre simultanément des jugements contradictoires, puisqu'aucun principe ne peut venir les contredire. Accusé d'impiété, Protagoras s'exile ; il périt noyé alors qu'il cherche à gagner la Sicile.

Gorgias 487 - 380 av JC

Gorgias (v.485-v.380av.J.-C.), rhéteur et philosophe sophiste grec. Né à Léontium (Sicile), Gorgias fut nommé ambassadeur à Athènes en 427av.J.-C., où il s'installa plus tard pour pratiquer et enseigner la rhétorique. Gorgias fut un des premiers rhéteurs à introduire la cadence dans la prose et à faire usage de lieux communs dans les controverses. Il est le personnage qui donne son nom au dialogue Gorgias de Platon, dans lequel Socrate débat de la vraie et de la fausse rhétorique et de la rhétorique en tant qu'art de la flatterie. La philosophie de Gorgias est une philosophie nihiliste, qui tient en trois propositions: rien n'existe ; si quelque chose existait, cela ne serait pas connaissable ; si ce qui existait était connaissable, cette connaissance serait incommunicable. Les œuvres de Gorgias qui sont parvenues jusqu'à nous sont l'Éloge d'Hélène, une Apologie de Palamède et Sur la nature et le non-être.

 

Empédocle 490 av JC - ?

Empédocle (v.493-433av.J.-C.), philosophe grec, disciple de Pythagore et de Héraclite. Selon la tradition, Empédocle refusa la couronne que lui offraient les citoyens de sa ville natale, Agrigente (Sicile), après qu'il eût contribué à renverser l'oligarchie en place, en vue d'instaurer une démocratie. Les fragments qui subsistent de ses deux poèmes philosophiques (Purifications, et De la nature), permettent de reconstituer la philosophie d'Empédocle, notamment sa cosmologie naturaliste. Dans ses œuvres, il affirmait que toute chose se compose des quatre principaux éléments: terre, air, feu et eau. Deux forces actives et opposées, l'Amour et la Haine, ou l'Amitié et la Discorde, sont à l'œuvre dans ces éléments, les combinant et les séparant en une pluralité infinie de formes. Empédocle avait une représentation cyclique de la nature. Au début du cycle, les éléments sont reliés entre eux par le principe d'Amour. Lorsque la Haine fait son apparition dans le cycle, les éléments commencent à se séparer. Sous l'action de l'Amour, ils se réunissent, puis la Haine entame à nouveau son processus. Le monde tel qu'il nous apparaît est à mi-chemin entre la Sphère pure et parfaite, et le stade de la complète séparation des éléments. Empédocle considérait qu'un changement impliquant la création d'une matière nouvelle est impossible ; les seuls changements possibles sont ceux qui se produisent au sein des combinaisons des quatre éléments existants. Il formula également une théorie primitive de l'évolution, affirmant que les hommes et les animaux se sont développés à partir de formes antérieures.

Euripide 480 - 406/5 av JC

Euripide (v.480-406av.J.-C.), auteur dramatique grec, le troisième et dernier grand poète tragique avec Eschyle dont il est l'héritier et Sophocle, dont il est le rival. Son théâtre, boudé par le public athénien, a exercé une très grande influence sur la création dramatique dans son ensemble. Elle est notamment sensible chez Corneille et Racine. Probablement né à Salamine, l'année de la grande bataille navale opposant Grecs et Perses, il reçut, malgré son origine modeste, l'enseignement des sophistes, Protagoras, Anaxagore, et celui de Socrate. En 454av.J.-C., il présenta sa première pièce, les Péliades, au concours tragique, mais il lui fallut attendre 442av.J.-C. pour remporter le premier prix, distinction qui lui sera attribuée à quatre autres reprises. Dans la seconde moitié de sa vie, il quitta Athènes pour s'installer en Macédoine. Discrédité par Aristophane dans les Grenouilles au profit d'Eschyle, Euripide fut longtemps incompris de ses contemporains, que déroutaient l'originalité, l'esprit « révolutionnaire » de ses tragédies, irrespectueuses des dieux, des valeurs morales traditionnelles, et des règles du genre. Nouvelle conception de la tragédie Comme tous les dramaturges grecs, Euripide puise sa matière dans les mythes. Il ressuscite Thésée, Égée, met en scène Bellérophon ou Phaéton. Mais il les renouvelle en en modifiant le sens (le premier, il fait de Médée la meurtrière de ses enfants), en changeant le statut social des protagonistes (Électre, qui a les vertus d'une petite bourgeoise, est mariée à un pauvre laboureur ; ses rois sont vêtus de haillons), et en humanisant le héros mythique (Ion balaie le parvis du temple d'Apollon ; Ulysse devient un politicien bavard): ses héros ne se heurtent plus aux dieux ou à la cité, mais, confrontés à l'amour, à la mort et à la guerre, sont en proie au doute, à leurs propres contradictions, à leurs revirements irrationnels. Œuvre du doute, le théâtre d'Euripide montre pour la première fois le conflit du poète avec lui-même. C'est aussi celui qui montre le mieux la puissance de l'irrationnel. Aristophane reprochait à Euripide de porter à la scène les passions coupables, le vice, l'adultère: or c'est la peinture des égarements du cœur qui rend son théâtre plus proche de nous. Enfin, Aristote voyait en Euripide « le plus tragique des poètes » et Racine disait qu'« il savait merveilleusement exciter la compassion et la terreur qui sont les véritables effets de la tragédie »: des enfants innocents sont massacrés parce que leur père est coupable (les fils de Jason dans Médée), parce qu'il s'est montré héroïque (Astyannax dans les Troyennes) ou parce qu'il est la victime des dieux (les fils d'Héraclès dans Héraclès furieux). Structure des pièces Euripide renouvelle la technique dramatique. Au cours du prologue, il fait dévoiler par un dieu ou un personnage tout le récit, voire le dénouement de la pièce (Alceste, Hippolyte, Hécube, Ion). Il réduit le rôle du chœur, en développant à côté ou à la place de celui-ci des échanges lyriques entre les personnages. Aimant les coups de théâtre, il dépêche, contre toute attente, un deus ex machina au secours de ses personnages en péril ou du spectateur perdu dans une intrigue inextricable. Avec une absolue liberté, il alterne les tons et les styles, la prose et le lyrisme, le sordide et le merveilleux, oppose la pureté des uns au cynisme des autres. Insouciant de la composition, il insère des analyses, des débats philosophiques, des réflexions visant des vérités générales, le bonheur, le suicide, les droits de la femme, l'égalité des sexes, l'art de la persuasion, l'intolérance, etc. Enfin, délaissant parfois l'action proprement dite, il accumule les péripéties, aimant à transformer ses scènes en « choses vues » ou en tableaux vivants. Ce qu'il reste de l'œuvre d'Euripide aujourd'hui Des quatre-vingt-douze pièces attribuées à Euripide, dix-sept tragédies et un drame satirique, le Cyclope, nous sont parvenus. Sept tragédies peuvent être datées avec certitude: Alceste (438av.J.-C.), Médée (431), Hippolyte (428), les Troyennes (415), Hélène (412) et Oreste (408). Iphigénie à Aulis et les Bacchantes furent toutes deux représentées à titre posthume en 405. L'ordre chronologique des autres pièces serait le suivant: les Héraclides (430-428), Andromaque (425), Hécube (424), les Suppliantes (423), Ion (418-414), Électre (417-415), Héraclès furieux (417-415), Iphigénie en Tauride (413), les Phéniciennes (412-408)

Thucydide 460 - 400 av. J.-C.

Thucydide (v.460av.J.-C.-v.400av.J.-C.), historien grec connu pour son Histoire de la guerre du Péloponnèse, conflit dans lequel il joua un rôle de premier plan. Il est reconnu comme l'un des plus grands historiens. Son souci de l'objectivité exerça une forte influence sur les historiens gréco-romains postérieurs comme Polybe et Dion Cassius. Né à Athènes même ou dans ses environs, Thucydide est le fils d'un aristocrate athénien. Lorsque la guerre du Péloponnèse entre Athènes et Sparte éclata en 431av.J.-C., Thucydide en perçut l'importance historique et élabora des plans pour en relater le cours et le résultat. En 424av.J.-C., il fut nommé l'un des commandants de la flotte athénienne en Thrace, mais il ne put empêcher la prise d'Amphipolis, qui tomba aux mains du général spartiate Brasidas. En raison de cet échec, Thucydide fut exilé et passa les vingt années qui suivirent à l'étranger, ne revenant chez lui qu'à la fin de la guerre (404av.J.-C.). Son Histoire de la guerre du Péloponnèse est divisée en huit livres et décrit trois phases de la guerre: le conflit entre Athènes et Sparte de 431av.J.-C. à 421av.J.-C., qui s'achève par la paix de Nicias, l'expédition des Athéniens en Sicile de 415av.J.-C. au désastre de 413av.J.-C. et, enfin, la nouvelle guerre entre Athènes et Sparte de 413av.J.-C. à 404av.J.-C. L'histoire s'interrompt en 411av.J.-C., alors qu'il avait l'intention de la poursuivre jusqu'à la fin de la guerre. Thucydide apporta à son entreprise sa connaissance pratique aussi bien de la politique que de l'art militaire. Son intérêt principal résidait dans l'aspect militaire de la guerre, qu'il présentait dans un style sobre et lucide, en évitant les digressions narratives d'Hérodote. L'ouvrage est ordonné chronologiquement par saison. La matière de Thucydide se fonde sur son observation personnelle et sur les déclarations d'autres acteurs des événements. Sa recherche, disait-il, fut compliquée par les déclarations contradictoires des témoins visuels, qu'il examinait avec grand soin. Son approche se voulait objective et la plupart de ses jugements ont été confirmés par des inscriptions ou des textes contemporains. Pour donner à son récit une plus grande vivacité, il mit en scène les personnages principaux de la guerre en leur faisant tenir des discours dramatiques et prolixes montrant l'état d'esprit public et les questions en jeu.

Démocrite 460 - 370 av. J.-C.

Démocrite (v.460-v.370av.J.-C.), philosophe grec, qui a développé la théorie atomiste de l'Univers, dont la première formulation fut émise par son mentor, le philosophe Leucippe. Vie Démocrite naquit à Abdère, en Thrace. Cicéron rapporta que, « poussé par le désir de s'instruire », il fit de nombreux voyages, et parvint à formuler une explication rationnelle de la nature qui fut reprise par Épicure et ses successeurs. Il passe pour avoir écrit cinquante-deux ouvrages, traitant de l'éthique, de la physique, des mathématiques, de la musique et des techniques. Il est difficile d'évaluer son œuvre, car seuls quelques fragments nous sont parvenus, cités le plus souvent par des auteurs qui ne partageaient pas sa philosophie. Faute de témoignages fiables sur la vie de Démocrite, la littérature antique fournit de nombreuses anecdotes qui traduisent, au moins en partie, la manière dont il était perçu en Grèce et à Rome. Certains affirmaient qu'il avait délaissé son patrimoine pour se consacrer à la pensée, d'autres, notamment Plutarque, racontaient qu'il s'était ôté la vue pour n'être plus distrait par les objets extérieurs, notamment par les femmes qu'il aurait, au dire de Tertullien, voulu aimer toutes. La plupart s'accordent à en faire un modèle de bonne humeur. Juvénal, dans ses Satires, en a fait l'épigramme: « Un rire perpétuel secouait Démocrite. » Atomisme Selon Simplicius, un commentateur d'Aristote, Démocrite admettait deux principes de formation de l'Univers. Le plein, qu'il nomma, à la suite de son maître Leucippe, atomos, c'est-à-dire « indivisible » ; le vide dans lequel se déplacent les particules de matière pure, minuscules, invisibles, indestructibles et infinies en nombre. La diversité de tout ce qui est découle de la multiplicité des formes qui peuvent naître de la combinaison des atomes. Démocrite concevait la création des mondes comme la conséquence naturelle de l'incessant tournoiement des atomes dans l'espace. Les atomes se déplacent au hasard dans le vide, se heurtent mutuellement, puis se rassemblent, formant des figures, qui se distinguent par leur taille, leur poids et leur rythme. Ces figures peuvent elles-mêmes entrer dans la composition d'objets plus complexes. Les différences qualitatives perçues par les sens entre les choses tout comme l'apparition, le déclin et la disparition de celles-ci ne résultent pas de qualités inhérentes aux atomes mais de leur disposition quantitative. « Démocrite omet de traiter de la cause finale, et ainsi ramène à la nécessité toutes les voies de la nature. » Aristote résumait par ces mots l'originalité radicale de la pensée de Démocrite. Pour la première fois, un système du monde fut élaboré sans présupposer qu'un esprit eut l'intention de le fabriquer ou de le créer. La théorie atomiste préfigure la pensée moderne, non parce qu'elle utilise le terme « atome », mais parce qu'elle s'efforce de construire la complexité du réel à partir de principes réels. Cause et effet doivent être définis sur le même plan. Par cette détermination d'une causalité homogène, Démocrite et Leucippe ont jeté les fondements de la recherche objective et de l'esprit scientifique. .

Hippocrate 460 - 377 av. J.-C.

Hippocrate (v.460av.J.-C.-v.377av.J.-C.), le plus grand médecin de l'Antiquité, considéré comme le père de la médecine. Probablement né sur l'île de Kos, en Grèce, Hippocrate voyagea beaucoup avant de s'y installer pour exercer et enseigner la médecine. Il mourut à Larissa ; on sait peu de choses sur sa vie. Son nom est associé au serment d'Hippocrate, bien qu'il ne soit sans doute pas l'auteur de ce document. En fait, sur les quelque soixante-dix ouvrages du Corpus Hippocratum qu'on lui attribue, il n'en a sans doute écrit que six. Cet ensemble de traités est certainement le reliquat d'une bibliothèque médicale de la célèbre école de médecine de Kos. Ses enseignements, son sens du détachement et sa capacité à effectuer des observations cliniques directes influencèrent probablement les autres auteurs de ces ouvrages, qui contribuèrent beaucoup à libérer la médecine de l'Antiquité de la superstition. Le traité le plus important de la collection hippocratique est celui sur les airs, les eaux et les lieux (Vesiècle av.J.-C.), qui, au lieu de donner aux maladies une origine divine, envisage qu'elles peuvent venir du milieu extérieur. Il explique que le temps, l'absorption d'eau et les lieux bénéficiant de vents favorables, peuvent participer, avec le médecin, au maintien de la bonne santé d'une population. D'autres ouvrages -Traité du pronostic et Aphorismes- firent avancer l'idée, alors révolutionnaire, que le médecin peut envisager l'évolution d'une maladie en se basant sur l'expérience. L'idée d'une médecine préventive, conçue pour la première fois dans Régime et Régime pour maladies graves, souligne non seulement l'importance du régime mais aussi du mode de vie du patient et la manière dont celui-ci influe sur sa santé et sa convalescence. Maladie sacrée, un traité sur l'épilepsie, montre bien à quel point l'anatomie était mal connue dans la Grèce antique. On pensait alors que l'épilepsie était provoquée par un manque d'air, que l'on croyait transporté par les veines vers le cerveau et les membres. Dans Traité sur les articulations, il préconise l'utilisation du « banc d'Hippocrate » pour le traitement des luxations. Parmi ses autres ouvrages citons: Traité des plaies de la tête et Maladies chez la femme.

Texte officiel du serment que les médecins doivent prêter pour exercer leur art

Abrégé:

En présence des Maîtres de cette École, de mes chers condisciples et devant l'effigie d'Hippocrate, je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité dans l'exercice de la médecine. Je donnerai mes soins gratuits à l'indigent et je n'exigerai jamais un salaire au-dessus de mon travail.

Admis à l'intérieur des maisons, mes yeux ne verront pas ce qui s'y passe ; ma langue taira les secrets qui me seront confiés, et mon état ne servira pas à corrompre les mœurs ni à favoriser le crime.

Respectueux et reconnaissant envers mes Maîtres, je rendrai à leurs enfants l'instruction que j'ai reçue de leurs pères. Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses

Que je sois couvert d'opprobre et méprisé de mes confrères si j'y manque.

 

Aristophane 448 - 388 av. J.-C.

Aristophane (v.450-v.386av.J.-C.), auteur dramatique athénien, reconnu comme le fondateur de la comédie et comme l'un des plus grands auteurs comiques de l'histoire de la littérature. L'esprit, l'humour et la poésie de ses pièces lui valent depuis plusieurs siècles une popularité inaltérable. On sait peu de chose sur Aristophane. Il fut peut-être le fils d'un dénommé Philippos et naquit sans doute dans le dème de Cydathenaeum, à Athènes. Il reçut une bonne éducation ; il semble qu'il possédait des terres importantes sur l'île d'Égine. Il eut trois fils, Philippos, Araros et Nikostratos, qui devinrent tous les trois des poètes comiques. Sur le plan politique, Aristophane se montra très critique à l'égard de la démocratie athénienne, dont il stigmatisa les erreurs. Il défendit toujours des idées philosophiques et théologiques traditionnelles, telles que la paix, la franchise, la sagesse, plutôt que les nouvelles théories comme celles des sophistes. Des quarante-quatre pièces de théâtre écrites par Aristophane, onze seulement nous sont parvenues. Les Acharniens (425av.J.-C.) est son premier plaidoyer pour la fin de la guerre avec Sparte. Il sera suivi de la Paix (421av.J.-C.), où l'auteur réclame à nouveau la fin de la guerre entre Athènes et Sparte. Aristophane attaqua aussi, dans une satire acerbe, les Cavaliers (424av.J.-C.), un dirigeant des armées athéniennes, Cléon, qui était favorable à la guerre. Dans Lysistrata (411av.J.-C.), une nouvelle satire sur ce sujet, il mit en scène des femmes qui luttaient pour la paix en pratiquant le célibat. Les cibles de son esprit satirique étaient pourtant variées, car ce polémiste enjoué ne cessait de traquer les travers de la société athénienne: dans les Guêpes (422av.J.-C.), il s'en prit aux cours de justice de l'époque et, dans les Oiseaux (414av.J.-C.), il ridiculisa le goût des Athéniens pour les joutes oratoires. Plutus (388av.J.-C.) montrait l'absurdité de la redistribution des richesses pratiquée à Athènes. Il s'en prit aussi à des personnes précises: les Thesmophories (411av.J.-C.) et les Grenouilles (405av.J.-C.) comportent par exemple des attaques contre Euripide. Dans les Nuées (423av.J.-C.), il s'attaqua à Socrate, dont il jugeait l'attitude contraire aux intérêts de l'État. Cette pièce lui valut le ressentiment de Platon, disciple de Socrate, qui l'accusa d'avoir contribué à faire exécuter son maître en donnant publiquement de lui une image négative. Ces œuvres, fondamentalement des comédies, étaient écrites dans un style qui mêlait le langage poétique et le vocabulaire le plus grossier. En outre, leur structure était moins rigide que celle des tragédies de l'époque, puisqu'elles comportaient des dialogues, des longues harangues récitées par le chœur, mais aussi des moments lyriques et de nombreuses scènes de musique et de danse.

Lysistrata (français, PDF)

Lysias 440 - 380 av. J.-C.

>> Voir mon article sur la vie et l'oeuvre de Lysias

Lysias (v.440-v.380av.J.-C.), poète attique né à Athènes qui devint l'un des plus brillants orateurs de son temps. Fils d'un riche fabricant d'armes, Lysias s'initia à la rhétorique, discipline dans laquelle il devint très vite brillant. Sous la tyrannie des Trente , tous ses biens furent saisis et son frère assassiné; il dut s'enfuir d'Athènes et gagna Mégare. Il n'y revint qu'en 403av.J.-C., lorsque la démocratie eut été rétablie, et intenta une action en justice contre le despote qui avait tué son frère, action au cours de laquelle il prononça son discours Contre Ératosthène. Après cette expérience, Lysias décida de devenir écrivain professionnel et d'écrire des discours pour des plaideurs ; il montra dans cet exercice son extraordinaire aptitude à composer des textes en parfaite adéquation avec le caractère de ses clients. Les allocutions qui nous sont parvenues témoignent de la pureté, de la simplicité et de la clarté de son style. Elles constituent en outre de précieux documents sur la vie quotidienne à Athènes à cette époque.

Andocide 440 - ? av. J.-C.

Isocrate 436 - 338 av. J.-C.

Isocrate (436-338av.J.-C.), orateur et professeur athénien dont les écrits sur la politique et l'éducation constituent un important document historique. Isocrate naquit dans une riche famille d'Athènes, fut l'élève et le disciple de Gorgias, de Socrate et de Platon ; ce dernier, dans son dialogue intitulé Phèdre, le décrit d'ailleurs comme un jeune homme à l'avenir prometteur. Sous le règne des Trente, Isocrate partit diriger une école de rhétorique sur l'île de Chio. Lorsqu'il revint à Athènes, vers 403av.J.-C., il se mit à écrire des discours judiciaires pour une clientèle privée. Après 392, il fonda une école où des jeunes gens venus de toutes les contrées du monde hellénique apprenaient l'art de la rédaction et de l'éloquence. Il eut ainsi pour élèves les illustres orateurs Hypéride, Isée et Lycurgue. Isocrate avait choisi pour thème d'étude la politique de l'époque mais il ne traitait, dans ses discours d'apparat, que de situations fictives, destinées à former de futurs politiciens. Cependant, son enseignement, fondé sur la formation intellectuelle et morale, préliminaire à la formation dans le domaine de l'éloquence avait une telle ampleur et témoignait d'une telle élévation morale qu'il était bien supérieur à la vacuité et à l'efficacité spécieuse enseignées par ses rivaux, les sophistes. En 338, désespéré par la perte de l'indépendance grecque, Isocrate s'infligea un jeûne, des suites duquel il mourut. Nous disposons aujourd'hui de neuf lettres et de vingt et un discours écrits de la main d'Isocrate, parmi lesquels le célèbre Discours panégyrique (380) qui prône l'unification des cités grecques, en particulier Athènes et Sparte, contre la menace de l'invasion perse. N'étant pas parvenu à se faire entendre, Isocrate conseilla aux illustres militaires de l'époque de mener une guerre contre les Perses, comme en témoigne son appel à PhilippeII de Macédoine intitulé Philippe (346). Dans l'Aéropagitique et le traité Sur la paix, tous deux écrits vers 355, Isocrate évoque encore la politique athénienne et le déclin de la démocratie grecque. Ses lettres, quant à elles, sont plus variées et traitent aussi bien d'éducation, de rhétorique que du pouvoir de la beauté. Certaines lettres contiennent même des conseils adressés aux despotes ou des appels aux responsables politiques. Des textes comme Contre les sophistes (v.380), l'Éloge d'Hélène (370), Archidamos (366), traité Sur l'échange (353) ainsi que le Panathénaïque (339) ont atteint une certaine notoriété. Isocrate apparaît comme le grand maître de la prose attique où il se distingue par l'usage de l'antithèse et par un style à la cadence gracieuse, et à la syntaxe complexe. Ce style fut d'ailleurs à l'origine de nouvelles normes, adoptées par des auteurs comme Démosthène et plus tard Cicéron, grâce à qui l'art d'Isocrate est connu du monde occidental moderne.

"Athènes, Grèce de la Grèce", d'Isocrate

Platon 427 - 347 av. J.-C.

Xénophon 430 - 355 av. J.-C.

Xénophon (v.430av.J.-C.-v.355av.J.-C.), historien, soldat et écrivain grec, dont les écrits ont contribué à une meilleure connaissance de la Grèce et de la Perse du IVesiècle av.J.-C. Né à Athènes, Xénophon est le fils d'un noble athénien. Ancien disciple de Socrate, il est surtout connu pour avoir fait partie, en 401av.J.-C., d'une armée de mercenaires grecs recrutés par Cyrus le Jeune, prince perse, pour une campagne contre le roi ArtaxerxèsII, frère de Cyrus. Cyrus étant mort à la bataille de Counaxa, et les officiers commandant les mercenaires ayant été lâchement assassinés par le satrape perse Tissapherne, Xénophon est choisi, avec d'autres officiers, pour commander la troupe grecque (dix mille hommes privés de chef), en plein cœur de l'Empire perse, c'est-à-dire en territoire ennemi. Dirigeant lui-même la retraite, Xénophon ramène ses hommes sains et saufs dans la colonie grecque de Trébizonde (aujourd'hui Trabzon, Turquie) sur la mer Noire, au terme d'une marche de 2400km qui aura duré cinq mois. Le retour héroïque des Dix Mille a été attribué à la force morale, à la prévoyance et au sens tactique de Xénophon. Dans son ouvrage le plus fameux, l'Anabase, il décrit cette retraite à travers un pays inconnu, où il eut à faire face aux obstacles les plus décourageants, notamment les difficultés du terrain, les conditions climatiques, la férocité des ennemis et le manque de provisions. De Trébizonde, Xénophon et les Dix Mille se rendent à Chrysopolis (aujourd'hui Üsküdar, près d'Istanbul, Turquie). Peu après leur arrivée, ils se mettent au service des Spartiates dans leurs campagnes contre les satrapes perses d'Asie Mineure. La rançon que lui versera un richissime Perse fait prisonnier au cours de cette campagne permettra à Xénophon de vivre confortablement le restant de sa vie. Après ses aventures en terre étrangère, il retourne en Grèce en 394av.J.-C. dans l'entourage d'AgésilasII, roi de Sparte. Banni par Athènes, il combat aux côtés de Sparte à la bataille de Coronée, au cours de laquelle les Spartiates battront les Athéniens et leurs alliés de Thèbes. Le gouvernement spartiate lui offre alors une propriété à Scillonte, en Élide, où il mènera une vie de propriétaire terrien durant vingt-quatre ans. Après la défaite de la puissance militaire spartiate à Leuctres en 371av.J.-C., il est chassé de ses terres. Bien qu'Athènes ait levé la condamnation d'exil qui le frappait, il passe le restant de sa vie à Corinthe au lieu de retourner chez lui. Outre l'Anabase, les œuvres les plus importantes de Xénophon sont les Helléniques, une suite couvrant la période de 411av.J.-C. à 363av.J.-C. (traitée dans l'Histoire de la guerre du Péloponnèse de Thucydide). Il écrit aussi la Cyropédie, une biographie romancée de Cyrus le Grand, des Mémorables, compilation de conversations tenues entre Socrate et ses disciples, un éloge d'Agésilas, un ensemble de traités politiques et économiques, une série d'essais sur l'équitation, la chasse et la cavalerie militaire et plusieurs dialogues socratiques. Soldat, orateur, philosophe, écrivain et historien, Xénophon est le prototype de l'Athénien talentueux. Il a toutefois préféré le mode de vie austère de Sparte à l'esprit démocratique de son Athènes natale. Le crédit que l'on peut accorder à ses écrits historiques est de ce fait diminué en raison de son profond parti pris en faveur de Sparte et de son incapacité à faire la part des choses. Ses écrits socratiques révèlent les insuffisances d'une pensée qui ne saisit pas totalement la philosophie de son maître. Du moins, sa sincérité et son bon sens ne sont pas remis en cause. Son style est simple et sobre, et même d'une certaine élégance. Cette maîtrise de l'exposé et la clarté du propos font que l'Anabase est traditionnellement l'un des premiers livres lus aujourd'hui par les apprentis hellénistes.

Eschine 390 - apr. 330 av. J.-C.

Eschine (389-314av.J.-C.), ancien orateur grec, né à Athènes, qui, grâce à son éloquence et à ses connaissances juridiques, devint l'un des hommes influents d'Athènes. Membre d'une ambassade auprès de PhilippeII, roi de Macédoine, en 347av.J.-C., il estima que toute résistance athénienne contre les Macédoniens serait inutile et prit donc la tête d'un parti préconisant la paix avec Philippe. Il fut le rival de Démosthène, porte-parole de ceux qui estimaient qu'il fallait coûte que coûte résister aux Macédoniens. La haine nourrie par Eschine à l'encontre de son rival allait cependant le mener à sa perte. En 337av.J.-C., il poursuivit l'orateur athénien Ctésiphon, qui avait proposé d'octroyer une couronne d'or à Démosthène ; son accusation était en fait une attaque contre la politique extérieure de Démosthène. Le procès eut lieu en 330av.J.-C. Débouté, Eschine fut condamné à une lourde amende. Il s'exila et, selon la tradition, ouvrit une école d'orateurs sur l'île de Rhodes. Sa célébrité posthume s'explique par les trois discours qui nous sont parvenus: Contre Timarque, Sur l'ambassade infidèle et Contre Ctésiphon.

Démosthène 384 - 322 av. J.-C.

Démosthène (v.385-322 av.J.-C.), orateur et homme politique athénien, représentant par excellence du patriotisme athénien, demeuré illustre pour la résistance qu'il opposa à Philippe de Macédoine. La légende veut qu'il ait été affligé d'un défaut d'élocution, dont des exercices répétés, comme celui de parler avec des cailloux dans la bouche, seraient venus à bout. Orphelin, il fit la preuve de ses talents pour l'éloquence juridique en plaidant contre ses tuteurs qui s'étaient emparés d'une partie de son bien. Devenu avocat, il fut de plus en plus attiré par la politique et se consacra à la défense de l'esprit démocrate et du pouvoir d'Athènes, menacée par les avancées spartiates, et par les prétentions de Philippe de Macédoine, contre lequel il écrivit ses trois Philippiques. Auteur de grandes harangues politiques comme Sur la paix et Sur les affaires de Chersonèse, il incarne l'intransigeance démocrate. Son discours Sur les ambassades est dirigé contre son rival Eschine. L'orateur athénien Ctésiphon ayant proposé de le remercier en lui offrant une couronne d'or, Eschine accusa ce dernier d'avoir enfreint la loi et Démosthène lui répondit par le discours Sur la couronne. Après la victoire de Philippe de Macédoine à Chéronée en 338, il fut accusé de trahison et, condamné à mort, se réfugia dans l'île de Calaurie où il s'empoisonna. Il est le représentant le plus célèbre de l'éloquence athénienne, qu'il illustre notamment dans ses Philippiques, dont la véhémence est restée exemplaire en matière de rhétorique polémique, au point que le nom est passé dans la langue.

Aristote 384 - 322 av. J.-C.

L'époque hellénistique

Théophraste 372 - 287 av. J.-C.

Théophraste (v.372-287av.J.-C.), philosophe grec né à Érésos, dans l'île de Lesbos. Il étudia à Athènes avec Aristote, dont il devint l'élève dévoué. Lorsque Aristote se retira à Chalcis en 322av.J.-C., Théophraste lui succéda à la tête du Lycée, l'école des péripatéticiens. Il y resta pendant trente-cinq ans qui constituèrent la période d'épanouissement de l'école, au point qu'elle compta plus de deux mille élèves. Théophraste écrivit sur la logique, la science politique, la métaphysique et sur bien d'autres domaines. Nombre de ses traités sont perdus. Il fit aussi beaucoup pour la diffusion de la science: les Recherches sur les plantes et les Causes des plantes constituent la première approche exhaustive de la botanique et sont restés des ouvrages de référence jusqu'au Moyen Âge. Des fragments de son Histoire de la physique ont également subsisté: neuf traités scientifiques incluant Des pierres, Du feu et Des vents. Son recueil de trente portraits intitulé Caractères, suite de tableaux succincts sur des personnalités types, comme le bavard, l'avare et le vantard, fut imité dans la forme et le style par de nombreux écrivains des XVIIe et XVIIIesiècles, notamment par Jean de LaBruyère et les auteurs anglais Thomas Overbury et Samuel Butler.

Ménandre 342 - 293 ou 292 av. J.-C.

Ménandre (v.342-v.291apr.J.-C.), poète comique grec, auteur de plus d'une centaine de comédies, dont seules quelques-unes nous sont parvenues, notamment l'Arbitrage, la Chevelure coupée, la Samienne. Ces pièces comiques, destinées à un public populaire dans l'Athènes de la décadence, sont caractérisées par des intrigues complexes, fertiles en rebondissements et en reconnaissances, et organisées autour d'une intrigue amoureuse ou galante. Elles servirent de modèle à Plaute et à Térence.

Epicure 341 - 270 av. J.-C.

Épicure (341-270av.J.-C.), philosophe grec, fondateur de l'école du «Jardin», que la postérité retiendra sous l'appellation d'épicurisme. Né sur l'île de Samos d'une famille athénienne, Épicure est formé par son père, maître d'école, et s'intéresse à la philosophie dès l'âge de douze ans, dit-on, suivant, notamment, l'enseignement de Pamphile et de Nausiphane. À l'âge de dix-huit ans, il part pour Athènes accomplir son service militaire, et y demeure deux années, pendant lesquelles il entend Xénocrate à l'Académie. On ignore précisément ce que fait Épicure durant les années suivantes, mais on sait qu'il fonde une école à Mytilène, sur l'île de Lesbos, vers 311 et, deux ou trois années plus tard, qu'il assume la direction d'une autre à Lampsaque. De retour à Athènes en 306, il s'y installe définitivement, professant sa doctrine à des disciples dévoués. Les cours ayant lieu dans le jardin de sa maison, l'école d'Épicure est surnommée « le Jardin ». Des étudiants y affluent, venus de toute la Grèce et de l'Asie Mineure, attirés autant par le charme de la personnalité d'Épicure que par ses enseignements. L'école d'Athènes gardera par ailleurs des liens étroits avec les autres centres épicuriens, à Mytilène et à Lampsaque, entretenue grâce à une abondante relation épistolaire du Maître. Épicure a en effet été un auteur prolifique. Selon sa biographie relatée par Diogène Laërce, il a laissé trois cents manuscrits, dont trente-sept traités sur la physique et de nombreux ouvrages sur l'amour, la justice, les dieux, etc. De tous ces écrits, seules trois lettres et un nombre de courts fragments ont été conservés dans la biographie de Diogène Laërce. Les principales sources d'information et de discussion concernant le système d'Épicure sont les écrits de Cicéron, Sénèque, Plutarque et Lucrèce, dont le poème De rerum natura (De la nature) expose l'épicurisme. La doctrine éthique enseignée par Épicure prône essentiellement la quête du bonheur, à laquelle on peut accéder en valorisant des qualités morales telles que l'amitié et l'entraide. Fondé sur la frugalité, le désintérêt du politique, l'égalité, le système philosophique épicurien proclame enfin le droit de philosopher, accordé à tout un chacun, qu'il soit homme, femme, riche, pauvre ou esclave.

Zénon 335 - 262 av. J.-C.

Zénon de Citium (v.335av.J.-C.-v.264av.J.-C.), philosophe grec, fondateur de l'école stoïcienne. On sait peu de choses sur le début de sa vie, sinon que ses contemporains le nommaient le «Phénicien». Originaire de Citium (Chypre), il s'installe à Athènes vers 310, et suit l'enseignement du cynique Cratès de Thèbes, puis de Stilpon et de Polémon. Zénon commence à constituer son propre enseignement vers 300, et choisit, pour dispenser ses cours, un lieu public appelé Stoa Poikilè («le Portique des peintures»). C'est de ce nom que sera dérivé celui de l'école, stoïcisme, ou portique. L'obligation morale, la maîtrise de soi, une vie en harmonie avec la nature, tels étaient quelques-uns des principes de l'éthique pratique prônée par Zénon. Sa pensée est cependant difficile à reconstituer, étant donné qu'il ne reste quasiment aucune trace de ses écrits. S'il est fondateur du stoïcisme, ce sont surtout les apports de son disciple Chrysippe qu'on a retenus. Zénon avait l'ambition «stoïcienne» de couvrir toute la connaissance et la conduite humaine, il a écrit de nombreux traités, sur la vertu, le devoir, la nature, la poésie, ou qui font état de l'influence cynique (Souvenirs sur Cratès). À sa mort, Zénon a reçu des Athéniens les honneurs publics en hommage à sa vie vertueuse. Il a eu de nombreux disciples, dont Ariston de Chios, Denys, Zénon de Sidon, Aratos de Soles et Cléanthe, qui ont diffusé sa pensée

Cléanthe 331 - 232 av. J.-C.

Cléanthe (v.331av.J.-C.-v.232av.J.-C.), philosophe grec stoïcien. Né en Asie Mineure, Cléanthe se rend à Athènes vers 280av.J.-C. et y suit l'enseignement de Zénon de Citium. À la mort de celui-ci, en 263av.J.-C., Cléanthe prendra la direction du Portique, et la légende veut qu'il se soit laissé mourir de faim à quatre-vingt dix-neuf ans. Des quelque cinquante ouvrages qu'il aurait écrits (et dont Diogène Laërce a consigné les titres), seuls subsistent des fragments, le plus important étant celui de son Hymne à Zeus. L'apport de Cléanthe à la doctrine stoïcienne est d'avoir renouvelé et complété l'enseignement de son maître Zénon. S'intéressant surtout à la théologie et à la morale, Cléanthe soutient l'idée d'une représentation moniste et panthéiste de l'univers, et affirme la suprématie de la raison divine, de l'universelle nature conformément à laquelle il convient de vivre.

Chrysippe 281 - 205 av. J.-C.

Chrysippe (v.281av.J.-C.-v.205av.J.-C.), philosophe grec. Né à Soloi près de Tarse en Cilicie (actuelle Turquie), Chrysippe est le troisième scholarque élu à la tête du Portique vers 233. Après, semble-t-il, une courte carrière de coureur de fond, rien ne devait plus l'écarter de sa vocation philosophique. De fait, à raison de cinq cents lignes par jour, ce polémiste érudit, réputé hautain et indépendant, devait entièrement renouveler la philosophie stoïcienne. Des sept cents ouvrages truffés d'amples citations, dont une quarantaine étaient exclusivement consacrés à ses Investigations logiques, seuls une liste de titres, quelques extraits ou résumés nous sont parvenus: l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie entre autres, nous prive désormais de cette œuvre immense dont Diogène Laërce, ou Plutarque et Galien, adversaires tardifs du stoïcisme, ne sauraient nous restituer la cohérence. En effet, outre les écrits polémiques essentiellement dirigés contre la Nouvelle Académie, le scholarque stoïcien s'est attaché à traiter systématiquement tous les domaines (ou topoi) du savoir, conformément à sa théorie du « mélange total ». Philosophie, physique, éthique et logique sont ainsi les objets d'un « enseignement combiné ». Or, s'efforcer de croiser toutes les disciplines -au prix d'un mauvais style a-t'on dit-, c'est se conformer à l'exigence fondamentale du stoïcisme pour lequel les partitions du savoir comme du monde n'ont pas lieu d'être. En effet, si « une seule goutte de vin peut se mélanger à la mer entière et s'étendre au monde entier » comme le prétend Chrysippe, et si entre un corps et un fait il n'y a qu'une différence de degré, c'est-à-dire de « tension » (tonos), alors la connaissance ne s'applique pas à un objet à l'exclusion d'un autre, mais au monde lui-même en tant que totalité organique finie. Mais d'où vient que l'on distingue malgré tout le vin de la mer comme la partie du tout ? À cela, Chrysippe répondrait que le monde est une respiration cosmique ; il est animé d'un mouvement alternatif ou cyclique, tour à tour centripète et centrifuge, oscillant entre son expansion et sa résorption. Or respirer, c'est aussi bien inspirer qu'expirer. Dès lors, « enlever l'un c'est enlever les deux » ; il faut donc choisir les deux à la fois. C'est ainsi qu'il invente le concept de pneuma, ou souffle enflammé. C'est à ce principe igné, âme intelligente et artiste, que nous devons, par-delà leur apparente antithèse, la stabilité ou la cohésion interne de l'univers comme des corps qu'il contient. Le sujet n'a donc pas à choisir entre les termes de l'alternative, mais doit concourir à la conspiration ou à l'harmonie universelle en veillant à établir une solution de continuité, une concordance entre les corps et les incorporels (physique), le bien et le mal (éthique) ainsi que le vrai et le faux (logique). Autrement dit, le sage se contente de donner son « assentiment » au destin comme au monde, tels quels, en rendant le hasard nécessaire, et vice versa. C'est pourquoi, « si je savais que mon destin était maintenant d'être malade, ma tendance serait de m'y porter ; de même le pied, s'il était intelligent, aurait une tendance qui le porterait à se faire crotter »: ainsi parlait Chrysippe qu'on prétend être mort de rire vers 206, en voyant un âne manger ses figues.

Théocrite 310 - 250 av. J.-C.

Théocrite (v.310av.J.-C.-v.250av.J.-C.), poète grec, créateur de la poésie pastorale. Né à Syracuse, il séjourna quelque temps sur l'île de Kos et il vécut à la cour du roi PtoléméeII à Alexandrie. Sous le titre collectif d'Idylles, nous sont parvenues trente courtes pièces, généralement attribuées à Théocrite, bien que l'origine de certaines demeure discutable. Toutes brèves, ces pièces diffèrent par leur forme et leur sujet: dix d'entre elles, les plus emblématiques, mettent en scène des bergers campés avec vivacité, fraîcheur et réalisme dans une campagne sicilienne liée aux souvenirs de jeunesse de l'auteur ; d'autres pièces sont des tableaux urbains et rapportent avec la précision du mime les bavardages féminins dans les rues d'Alexandrie (« les Syracusaines ») ; viennent ensuite des souvenirs personnels (« les Thalysies »), des poèmes d'amour, parfois dramatiques (« les Magiciennes »), des récits mythologiques traités dans un style agreste (« les Dioscures », « Héraclès enfant », « Hylas », « l'Épithalame d'Hélène »), et des éloges adressés à HiéronII de Syracuse, à PtoléméeII. Parmi les poètes grecs qui ont imité Théocrite figurent le Sicilien Moschos et Bion de Smyrne ; son véritable successeur demeure toutefois Virgile, qui, avec ses Bucoliques, introduisit le genre dans la poésie latine.

Callimaque 310 - 235 av. J.-C.

Callimaque (v.315-v.240av.J.-C.), poète et grammairien alexandrin qui fut admis à la bibliothèque d'Alexandrie. Né à Cyrène, il fit des études à Athènes et enseigna à Éleusis, après quoi il fut nommé par PtoléméeII à la direction de la bibliothèque d'Alexandrie, poste qu'il occupa pendant une vingtaine d'années. Ses enseignements et ses écrits eurent un impact considérable sur les érudits et les poètes de son époque, d'autant qu'il semblerait qu'il ait rédigé plus de huit cents ouvrages. Au nombre de ceux-ci se trouvent de nombreux textes savants en prose, dont le plus important reste un énorme catalogue en cent vingts volumes, les Pinakes, ou Tableaux, répertoriant l'ensemble des livres qui figuraient dans la bibliothèque d'Alexandrie. La rédaction de cet ouvrage lui valut de devenir le premier critique littéraire grec. Il écrivit également de très nombreux poèmes, dont six hymnes et soixante épigrammes nous sont parvenus, ainsi que certains passages de son œuvre poétique majeure, Aetia, un recueil de légendes grecques en distiques élégiaques, mais aussi d'un court poème aux tonalités lyriques, l'Hécalé. Callimaque avait une prédilection pour les petits poèmes très élaborés, voire précieux, à l'inverse de son rival et ancien élève, Apollonios de Rhodes, qui excellait dans les longs poèmes cycliques. Son approche érudite et éclairée influença énormément les poètes romains et tout particulièrement Catulle, Ovide, Properce et Ératosthène, qui fut également l'un de ses élèves.

Douris 340 - 260 av. J.-C.

Erastosthène 284 - 192 av JC

Apollinos 295 - 230 av. J.-C.

Apollonios de Rhodes (v.295-v.215av.J.-C.), poète grec né à Alexandrie, fondateur d'une école de rhétorique à Rhodes et qui dirigea la bibliothèque d'Alexandrie. Élève de Callimaque auquel une polémique fameuse l'opposa par la suite, il se fit le défenseur d'une esthétique poétique autre que celle des poètes alexandrins dont Callimaque était le chef de file et le représentant le plus raffiné. À la préciosité de la poésie alexandrine il préféra une poésie épique dont le genre et la forme se référaient au modèle des épopées homériques. On lui doit une longue épopée, qui est tout ce qui nous est parvenu de son œuvre, les Argonautiques. Ce poème épique, qui narre l'aventure des Argonautes à la recherche de la Toison d'or, garde la dimension archaïque du merveilleux caractéristique de la poésie d'Homère mêlée à certains des aspects de la poésie alexandrine contemporaine, notamment dans l'évocation de la passion amoureuse de Jason et de Médée.

Timée IIIe s av. J.-C.

Carnéade 215 - 129 av. J.-C.

Carnéade (v.219-129av.J.-C.), philosophe grec né à Cyrène (à présent Shahat, en Libye). Il étudia le stoïcisme à Athènes, puis fonda la Nouvelle, ou Troisième Académie, extension de l'ancienne Académie créée par Platon. En 155av.J.-C., Carnéade fut envoyé à Rome, en ambassade pour plaider la cause d'Athènes à la suite du sac d'Orope. Durant son séjour, il donna des conférences sur le scepticisme, professant que la connaissance est impossible et qu'il n'existe pas de critère de vérité. Mais l'homme d'État Caton l'Ancien, persuadé que la philosophie de Carnéade était dangereuse pour la jeunesse romaine, incita le Sénat romain à le bannir. Sa morale était pourtant marquée par la mesure et la prudence, à la manière de celle des stoïciens, dont il critiqua surtout le dogmatisme. C'est grâce à Clitomaque de Carthage que nous connaissons sa doctrine, et grâce également à Cicéron qui s'en inspira probablement dans ses Académiques.

Polybe 200 - 125 av. J.-C.

Polybe (v.203av.J.-C.-v.120av.J.-C.), historien grec. Né à Megalopolis, il est l'un des mille nobles Achéens qui, après la conquête de la Macédoine en 168av.J.-C., ont été envoyés à Rome comme otages. Là, Polybe est reçu chez le général romain Lucius Aemilius Paulus et il devient le précepteur de ses deux fils, dont le plus jeune est adopté dans la famille de Scipion et devient célèbre sous le nom de Scipion Émilien, dit le Second Africain. Scipion et Polybe deviennent des amis proches. En 151av.J.-C., après seize ans passés en Italie, les exilés achéens encore en vie sont autorisés par le Sénat romain à retourner en Grèce. Polybe toutefois rejoint aussitôt Scipion, l'accompagne dans sa campagne africaine et assiste au sac de Carthage en 146av.J.-C., qui marque la fin des guerres puniques. Lorsqu'éclate la guerre entre les Achéens et les Romains, Polybe retourne en Grèce où il peut jouer de son influence sur les Romains afin d'adoucir le sort des vaincus. La dernière partie de sa vie est consacrée à la rédaction de sa grande œuvre, une Histoire universelle en 40volumes, dans laquelle il veut montrer comment et pourquoi les nations civilisées du monde sont tombées sous la domination de Rome. L'Histoire universelle couvre la période qui va de 220av.J.-C. à 146av.J.-C., l'année de la chute de Corinthe. Seuls les cinq premiers livres sont arrivés jusqu'à nous, mais le plan de l'ensemble de l'œuvre est connu. L'Histoire universelle de Polybe n'est pas seulement événementielle mais cherche à découvrir, derrière les événements, les causes qui les sous-tendent et à en tirer des leçons pour la conduite du futur. Son ton est souvent didactique et la continuité de son récit est généralement interrompue par des digressions. Son style est simple et clair. Dans l'histoire de la littérature, son œuvre est importante car elle est écrite dans la langue commune (la koinè), une variante de l'attique qui s'est répandue vers 300av.J.-C.

Panétius 180 - 110av. J.-C.

Posidonios 135 - 50 av. J.-C.

Denys d'Halicarnasse 29 - 8 av. J.-C.

Denys d'Halicarnasse, historien et critique grec du Iersiècle av.J.-C. Originaire d'Halicarnasse, il s'installe à Rome v.30av.J.-C. Il y enseigne la rhétorique et y anime un cercle littéraire. Il rédige en grec de nombreux ouvrages de rhétorique et de critique, qui révèlent pour la première fois l'influence du classicisme latin sur la littérature grecque. Son ouvrage historique, les Antiquités romaines, en vingt livres, dont onze sont conservés, est une source précieuse d'informations sur l'histoire de Rome, des origines jusqu'à la première guerre punique. Cette histoire est le fruit d'une documentation très riche et recèle de nombreuses informations sur la religion et les coutumes de l'époque. Cependant, son intérêt est limité par le manque d'esprit critique et le peu de valeur de ses analyses politiques.

Philon d'Alexandrie 13 av J.-C. - 54 ap. J.-C.

Philon d'Alexandrie (v.20av.J.-C.-50apr.J.-C.), dit également Philon le Juif, philosophe juif de langue grecque. Bien que Philon soit le plus grand philosophe juif de son temps, il était imprégné des idées de la philosophie grecque au point que l'on doit aussi le considérer comme un philosophe grec. Il opéra une synthèse originale des éléments empruntés à différentes sources. Philon naquit à Alexandrie, en Égypte, dans une famille fortunée de l'aristocratie juive et reçut une solide formation, couvrant la Torah, la littérature grecque et la philosophie. Il possédait une connaissance profonde des œuvres d'Homère et des tragiques grecs, mais se consacra principalement à la philosophie grecque, et en particulier aux enseignements des pythagoriciens, de Platon et des stoïciens. Pour Philon, la divinité de la Loi juive est la base et le critère de toute vraie philosophie. Il soutenait que l'ensemble du Pentateuque, qu'il s'agisse des parties historiques ou légales, peut être expliqué allégoriquement, et livrer ainsi sa signification la plus profonde et la plus vraie. Il concevait Dieu comme un être dénué d'attributs, meilleur que la vertu et la connaissance, meilleur que le beau et le bien, un être tellement au dessus du monde qu'il en affirme l'inconnaissabilité. Mais l'homme a un pouvoir d'ouverture au divin grâce au logos, dont il participe. Les devoirs de l'homme consistent dans la vénération de Dieu, dans l'amour du prochain et la droiture envers autrui. Les hommes sont immortels en raison de leur nature céleste, mais, de même qu'il existe des degrés dans la nature divine, il existe aussi des degrés dans l'immortalité. La simple vie après la mort, commune à toute l'humanité, diffère de l'existence future des âmes parfaites, qui connaissent le paradis de l'unité avec Dieu. De nombreux ouvrages de Philon ont été conservés, ils portent sur l'exposé et l'interprétation allégorique de la Genèse et l'exposé de la Loi de Moïse pour les gentils. Ses autres écrits comprennent des biographies de personnages bibliques et une série d'ouvrages sur les dix commandements.

Diodore de Sicile 90 ap. J.-C. - ?

Diodore de Sicile (v.90av.J.-C.-21av.J.-C.), historien grec. Né à Agyrion (Sicile), Diodore voyage en Asie et en Europe et vit longtemps à Rome où il travaille, de 60av.J.-C. à 30av.J.-C., à une Bibliothèque historique qui retrace en quarante livres l'histoire des peuples depuis les origines jusqu'à la guerre des Gaules (58av.J.-C. à 51av.J.-C.), menée par Jules César, et aux premières années de l'Empire romain (27av.J.-C.). De cette œuvre ambitieuse ne subsistent que les livresI à V consacrés aux origines du monde, à l'histoire de l'Égypte et de la Chaldée, les livresXI à XX consacrés aux événements de 480av.J.-C. à 302av.J.-C., et des fragments. Péchant par son manque de rigueur et d'esprit critique, cette vaste compilation -qui manque d'originalité- vaut pour le témoignage qu'elle apporte sur les conceptions de l'historiographie au sein des élites grecques.

Diogène Laërce IIIe s ap J.-C.

Diogène Laërce (IIIesiècle apr.J.-C.), auteur d'une œuvre d'historiographie philosophique unique dans l'Antiquité. De lui, nous ne savons presque rien. Il a vécu à Nicée, en Bithynie (actuelle Turquie). Il semble, en outre, n'avoir appartenu expressément à aucune école philosophique. « La philosophie a deux origines: la première est dite ionienne, puisque Thalès fut le maître d'Anaximandre ; la seconde est dite italique, d'après Pythagore qui enseigna la philosophie le plus souvent en Italie »: ainsi peut-on résumer l'introduction des Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, écrites par Diogène Laërce. Cette introduction est à peu près le seul plan que Diogène se soit proposé de suivre. Son ouvrage est en effet une compilation d'apophtegmes, d'anecdotes, de testaments et de lettres issues de traditions plus ou moins douteuses. Qu'il s'agisse de l'Académie, du Lycée, du Portique, des Sceptiques ou du Jardin, seules les idées des fondateurs sont développées. Cependant, certaines sources hellénistiques ainsi que de larges pans de la philosophie de ce temps -notamment sophistique-, ne nous sont connus qu'à travers ce recueil d'extraits dépourvu de cohérence interne. On notera enfin que, pour faire état d'une érudition éclectique qui nous restitue tout de même les Vies des philosophes dans « la diversité de leur dogmes et fantaisies » (Montaigne), Diogène a en outre fourni le modèle de la plupart des histoires de la philosophie, jusqu'à la fin du XVIIIesiècle.

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