Les romans antiques
Parmi les textes de la littérature gréco-latine antique, on donne depuis le 19e siècle le nom de « romans » à un petit nombre d’œuvres en prose, dont la plus ancienne est de la fin du 1er s. de notre ère, et la plus récente peut-être du 4e s.
Contrairement aux genres traditionnels plus ou moins clairement identifiés (épopée, théâtre, élégie, histoire, philosophie…) le roman n’a pas été théorisé par les Anciens ; mais il reprend à tous ces genres, sous la forme d’un récit long de fiction en prose, différents thèmes et motifs traditionnels.
Si on n’a pas d’indication sur le succès de ces œuvres à leur époque, elles sont à l’origine d’une longue lignée : d’abord à Byzance, puis, à partir sans doute des traductions d’Amyot au 16e siècle, en Europe occidentale avec le roman pastoral, le roman picaresque et d’aventures, le roman d’amour, le roman biographique et historique ainsi que le roman fantastique et merveilleux.
• le roman latin
Le latin est essentiellement représenté par deux oeuvres :
• le Satiricon de Pétrone date de la fin du 1er siècle. Ne nous a été conservée qu’une série de fragments dont le fil se devine toutefois sans peine : il s’agit du récit inachevé, à la première personne, des aventures d’un personnage de naissance noble, Encolpe, qui court l’Italie du sud avec des compagnons plus ou moins recommandables.
• les Métamorphoses ou l’Âne d’or est un roman en onze livres écrit par Apulée au milieu du 2e siècle, dont l’action est située en Grèce. L’auteur, né en Afrique du nord vers 125, est un avocat et un rhéteur. L’œuvre présente les aventures de Lucius : transformé en âne puis redevenu homme, il se consacre finalement au culte de la déesse égyptienne Isis.
• le roman grec
On peut regrouper sous ce nom un corpus de cinq histoires d’amour et d’aventures, à peu près entièrement conservées, mais dont les auteurs ne sont que des noms.
• le plus ancien parait être Chéréas et Callirhoé de Chariton, datable du 1er s. de notre ère, et dont l’intrigue commence à Syracuse au 4e s. av. J.-C. Les deux héros se marient au début du texte, sont séparés par toutes sortes d’obstacles, puis se retrouvent heureusement à la fin.
• au milieu du 2e s. Les Éphésiaques attribués à un certain Xénophon d’Éphèse accumulent les aventures et les dangers pour un jeune couple, avant l’heureuse fin.
• à la même époque Achille Tatius écrit Leucippe et Clitophon, aventures de deux personnages amoureux depuis le début et mariés à la fin.
• au 3e s. appartiennent sans doute les Éthiopiques d’Héliodore, que Racine dit-on connaissait par cœur dans la traduction d’Amyot. Le schéma classique des aventures de deux amants est renouvelé par la complexité de la structure et la qualité des digressions et des épisodes secondaires.
• à part de cette série se classe Daphnis et Chloé, qui crée la catégorie du roman bucolique et pastoral. L’auteur Longus aurait vécu à la fin du 2e s. Ses personnages sont des bergers confrontés à la découverte du sentiment amoureux au milieu de la nature, jusqu’à leur mariage.
On a conservé également plusieurs fragments et quelques œuvres particulières, parmi lesquelles :
• en grec, un roman ouvertement parodique, les Histoires vraies de Lucien (2e s.), où le narrateur raconte un voyage sur l’Océan puis sur la Lune, et sa rencontre avec toutes sortes d’hommes, d’animaux et d’êtres hybrides
• dans la même veine fantastique, Merveilles d’au-delà de Thulé, d’Antonius Diogénès (2e s.)
• la Vie d’Apollonius de Tyane, de Philostrate (3e s.) est la biographie très romancée d’un personnage de saint homme pythagoricien qui vécut réellement à la fin du 1er s.
• et en latin, le Roman d’Alexandre (3e s.), qui mêle sans distinction le réel et le merveilleux autour de la figure du conquérant.
Le roman de Longus, Daphnis et Chloé, dont la naïveté ne serait qu'apparence selon certains, présente aujourd'hui un grand intérêt parce qu'il est une réponse à cette question : quel cas ferions-nous de l'amour si nous n'en avions jamais entendu parler? Daphnis et Chloé ne savaient rien de la physiologie ni de la psychologie de l'amour au moment où ils ont éprouvé ce mal étrange qui les rapprochait l'un de l'autre. Les jeunes qui, avant même de l'avoir éprouvé, ont des raisons de se méfier de l'amour, tant ils savent de choses à son sujet, tireront grand profit de la lecture de cette oeuvre.
Dans son introduction aux Ephésiaques, G. Dalmeyda définit ainsi le roman : « le roman grec est en somme une épopée de décadence qui, pour nous émouvoir, met en œuvre des procédés faciles, exactement ceux que nous voyons aujourd’hui sur l’écran : opposition de bons et de méchants, de personnages sympathiques et de 3° rôles ; pour plonger les bons dans le malheur, des procédés tels que tempêtes et naufrages, attaques de brigands et d’écumeurs de mers ; un autre danger, non moins redoutable, est celui que le héros et l’héroïne portent partout avec eux : leur exceptionnelle et pernicieuse beauté. Ils paraissent et, tout aussitôt, s’éprennent d’eux des amoureux et des amoureuses qui ont, avec même passion, plus ou moins d’humanité et de scrupules. »
« Si les romans grecs nous paraissent aujourd'hui comme une production mineure de l'hellénisme, il n'en allait pas de même autrefois. Au contraire, à la Renaissance, Homère, Virgile et Héliodore, par ses Ethiopiques, étaient considérés comme les grands auteurs épiques de l'Antiquité. Héliodore, en particulier, satisfaisait pleinement, selon les humanistes, aux exigences d'Aristote concernant l'épopée et la tragédie. Ce succès des romans grecs ne se dément pas durant le XVIIe siècle. »
Il est essentiel de comprendre l’originalité du genre romanesque par rapport à d’autres genres traditionnellement connus dans la littérature antique, que l’on pense à l’épopée ou à la tragédie. Il est tout aussi essentiel de comprendre également les liens qui unissent dans l’histoire sémantique les mots « roman » et « romantisme ».
Voir un exposé mené par Marie-Paule Loicq-Berger sur Bibliotheca Classica selecta
« La matière sentimentale embrasse, dans l'ordre chronologique probable, le roman de Chariton, Chéréas et Callirhoé, qui est de la fin du Ier siècle après J.-C.; ceux de Jamblique, les Babyloniaques, de Xénophon d'Éphèse, les Éphésiaques, d'Achille Tatios, les Aventures de Leucippé et de Clitophon, tous trois du IIe siècle ; enfin les Éthiopiques ou Théagène et Chariclée d'Héliodore, du IIIe siècle. Différentes, assurément, par la personnalité et la qualité du talent de leurs auteurs, ces histoires se ressemblent jusqu'à un certain point, car toutes sont des histoires d'amour et de voyage.
Une idylle naît entre un jeune homme et une jeune fille tous deux divinement beaux et nobles, mais des circonstances contraires surviennent qui les obligent à un long et périlleux voyage à travers les pays grecs et barbares, soit séparément, soit ensemble ; des péripéties de toute sorte, enlèvements, naufrages, contraintes brutales et tentations subtiles, occasionnent séparations et retrouvailles et mettent à l'épreuve la constance et la vertu des héros.
Soutenus par leur foi religieuse et grâce à l'aide divine, ils viennent à bout de tout et l'histoire se termine bien, par un mariage dans la patrie retrouvée. Le héros est beau, fier, seul, mais libre face aux puissances de la terre et du ciel : il n'est plus, comme le héros tragique, prisonnier d'un Destin inéluctable, mais seulement le jouet de la Fortune, la capricieuse déesse Tyché, dont il triomphe finalement. Tel est le schéma général. »
Une petite présentation de Daphnis et Chloé tirée du site mediterranees.net |
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Peinture et écriture Daphnis et Chloé Avant-propos Le projet de Longus Peinture et écriture
1 Ἐν Λέσϐῳ θηρῶν, ἐν ἄλσει Νυμφῶν θέαμα εἶδον κάλλιστον ὧν εἶδον· εἰκόνα γραπτήν, ἱστορίαν ἔρωτος. Καλὸν μὲν καὶ τὸ ἄλσος, πολύδενδρον, ἀνθηρόν, κατάρρυτον· μία πηγὴ πάντα ἔτρεφε, καὶ τὰ ἄνθη καὶ τὰ δένδρα· ἀλλ̓ ἡ γραφὴ τερπνοτέρα καὶ τέχνην ἔχουσα περιττὴν καὶ τύχην ἐρωτικήν· ὥστε πολλοὶ καὶ τῶν ξένων κατὰ φήμην ᾔεσαν, τῶν μὲν Νυμφῶν ἱκέται, τῆς δὲ εἰκόνος θεαταί. 2 Γυναῖκες ἐπ̓ αὐτῆς τίκτουσαι καὶ ἄλλαι σπαργάνοις κοσμοῦσαι, παιδία ἐκκείμενα, ποίμνια τρέφοντα, ποιμένες ἀναιρούμενοι, νέοι συντιθέμενοι, λῃστῶν καταδρομή, πολεμίων ἐμβολή. Πολλὰ ἄλλα καὶ πάντα ἐρωτικὰ ἰδόντα με καὶ θαυμάσαντα πόθος ἔσχεν ἀντιγράψαι τῇ γραφῇ· 3 καὶ ἀναζητησάμενος ἐξηγητὴν τῆς εἰκόνος τέτταρας βίβλους ἐξεπονησάμην, ἀνάθημα μὲν Ἔρωτι καὶ Νύμφαις καὶ Πανί, κτῆμα δὲ τερπνὸν πᾶσιν ἀνθρώποις, ὃ καὶ νοσοῦντα ἰάσεται, καὶ λυπούμενον παραμυθήσεται, τὸν ἐρασθέντα ἀναμνήσει, τὸν οὐκ ἐρασθέντα προπαιδεύσει. 4 Πάντως γὰρ οὐδεὶς ἔρωτα ἔφυγεν ἢ φεύξεται, μέχρι ἂν κάλλος ᾖ καὶ ὀφθαλμοὶ βλέπωσιν. Ἡμῖν δ̓ ὁ θεὸς παράσχοι σωφρονοῦσι τὰ τῶν ἄλλων γράφειν. ὧν: τούτων ἃ εἶδον le plus beau spectacle de ceux que j'ai vus. Il s'agit de l'attraction du relatif. Le relatif ἃ (COD du verbe de la reltive) est passé au cas de son antécédent sous-entendu τούτων (complément du superlatif) παράσχοι: optatif aoriste de παρέχω à la 3ème p du singulier, il exprime ici un souhait dans une proposition principale |
(Traduction Paul-Louis Courier à partir de la Traduction de Jacques Amyot, 1825) |
Eléments pour le commentaire:
Longus choisit, dans ce préambule qui offre au lecteur un code de lecture, de lier la fiction romanesque qu'il va conter à une expérience personnelle fondamentalement esthétique.
Ainsi la chasse est le prétexte à une expérience esthétique inouïe, sans commune mesure avec les autres spectacles dont il a fait l'expérience. Il faut noter que la chasse comme activité qui sollicite l'attention de tous les sens est un préalable à l'intensité de l'expérience esthétique face à la peinture découverte au creux d'une nature habitée par les dieux.
La stratégie de Longus consiste à présenter un modèle parfait et à présenter son oeuvre comme un écho de ce modèle.
L'oeuvre picturale telle qu'elle est présentée ici comble les yeux et le désir, elle attire des foules de spectateurs ou de croyants. Elle surpasse même par sa beauté la nature magnifique dans laquelle elle se trouve: elle procure plus de plaisir que le bois sacré, locus amoenus par excellence.
Ainsi l'artefact est supérieure à la nature: parce qu'il raconte. La peinture est un récit d'amour, elle déploie dans sa manifestation aussi bien le temps que l'espace. Le désir de transcrire (antigraphein) cette beauté sublime est la motivation principale du roman. Mais on peut y lire aussi un effet de la tradition rhétorique de la concurrence entre écriture et peinture pour représenter la réalité. L'histoire représentée sur le tableau a besoin d'un exégète qui l'interprète correctement. Le roman apparaît alors comme un long ekphrasis qui rend intelligible, donne de l'ordre et du sens à des épisodes représentés de manière synoptique.
L'avant propos met alors en concurrence diégésis (le roman) et mimésis (la peinture), mais il permet aussi de manière attendue de justifier le projet du romancier.
Découverte d’un garçon |
Texte 2 |
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I 1 Πόλις ἐστὶ τῆς Λέσβου Μιτυλήνη, μεγάλη καὶ καλή· διείληπται γὰρ εὐρίποις ὑπεισρεούσης τῆς θαλάττης, καὶ κεκόσμηται γεφύραις ξεστοῦ καὶ λευκοῦ λίθου. Νομίσαις οὐ πόλιν ὁρᾶν ἀλλὰ νῆσον. 2 Ταύτης τῆς πόλεως τῆς Μιτυλήνης ὅσον ἀπὸ σταδίων διακοσίων ἀγρὸς ἦν ἀνδρὸς εὐδαίμονος, κτῆμα κάλλιστον· ὄρη θηροτρόφα, πεδία πυροφόρα· γήλοφοι κλημάτων, νομαὶ ποιμνίων· καὶ ἡ θάλασσα προσέκλυζεν ἠϊόνι ἐκτεταμένῃ, ψάμμου μαλθακῆς. II 1 Ἐν τῷδε τῷ ἀγρῷ νέμων αἰπόλος, Λάμων τοὔνομα, παιδίον εὗρεν ὑπὸ μιᾶς τῶν αἰγῶν τρεφόμενον. Δρυμὸς ἦν καὶ λόχμη βάτων καὶ κιττὸς ἐπιπλανώμενος καὶ πόα μαλθακή, καθ̓ ἧς ἔκειτο τὸ παιδίον. Ἐνταῦθα ἡ αἲξ θέουσα συνεχὲς ἀφανὴς ἐγίνετο πολλάκις καὶ τὸν ἔριφον ἀπολιποῦσα τῷ βρέφει παρέμενε. 2 Φυλάττει τὰς διαδρομὰς ὁ Λάμων οἰκτείρας ἀμελούμενον τὸν ἔριφον, καὶ μεσημβρίας ἀκμαζούσης κατ̓ ἴχνος ἐλθὼν ὁρᾷ τὴν μὲν αἶγα πεφυλαγμένως περιβεβηκυῖαν, μὴ ταῖς χηλαῖς βλάπτοι πατοῦσα, τὸ δὲ ὥσπερ ἐκ μητρῴας θηλῆς τὴν ἐπιρροὴν ἕλκον τοῦ γάλακτος. 3 Θαυμάσας, ὥσπερ εἰκὸς ἦν, πρόσεισιν ἐγγὺς καὶ εὑρίσκει παιδίον ἄρρεν, μέγα καὶ καλὸν καὶ τῆς κατὰ τὴν ἔκθεσιν τύχης ἐν σπαργάνοις κρείττοσι: χλανίδιόν τε γὰρ ἦν ἁλουργὲς καὶ πόρπη χρυσῆ καὶ ξιφίδιον ἐλεφαντόκωπον. III 1 Τὸ μὲν οὖν πρῶτον ἐβουλεύσατο μόνα τὰ γνωρίσματα βαστάσας ἀμελῆσαι τοῦ βρέφους· ἔπειτα αἰδεσθεὶς εἰ μηδὲ αἰγὸς φιλανθρωπίαν μιμήσεται, νύκτα φυλάξας κομίζει πάντα πρὸς τὴν γυναῖκα Μυρτάλην, καὶ τὰ γνωρίσματα καὶ τὸ παιδίον καὶ τὴν αἶγα αὐτήν. 2 Τῆς δὲ ἐκπλαγείσης εἰ παιδία τίκτουσιν αἶγες, πάντα αὐτῇ διηγεῖται, πῶς εὗρεν ἐκκείμενον, πῶς εἶδε τρεφόμενον, πῶς ᾐδέσθη καταλιπεῖν ἀποθανούμενον. Δόξαν δὴ κἀκείνῃ, τὰ μὲν συνεκτεθέντα κρύπτουσι, τὸ δὲ παιδίον αὑτῶν νομίζουσι, τῇ δὲ αἰγὶ τὴν τροφὴν ἐπιτρέπουσιν. Ὡς δ̓ ἂν καὶ τοὔνομα τοῦ παιδίου ποιμενικὸν δοκοίη, Δάφνιν αὐτὸν ἔγνωσαν καλεῖν. |
Mitylène est ville de Lesbos, belle et grande, coupée de canaux par l'eau de la mer qui flue dedans et tout à l'entour, ornée de ponts de pierre blanche et polie ; à voir, vous diriez non une ville, mais comme un amas de petites îles. Environ huit ou neuf lieues loin de cette ville de Mitylène, un riche homme avoit une terre : plus bel héritage n'étoit en toute la contrée ; bois remplis de gibier, coteaux revêtus de vignes, champs à porter froment, pâturages pour le bétail, et le tout au long de la marine, où le flot lavoit une plage étendue de sable fin. En cette terre un chevrier nommé Lamon, gardant son troupeau, trouva un petit enfant qu'une de ses chèvres allaitoit, et voici la manière comment. Il y avoit un hallier fort épais de ronces et d'épines, tout couvert par- dessus de lierre, et au-dessous, la terre feutrée d'herbe menue et délicate, sur laquelle étoit le petit enfant gisant. Là s'encouroit cette chèvre, de sorte que bien souvent on ne savoit ce qu'elle devenoit, et abandonnant son chevreau, se tenoit auprès de l'enfant. Pitié vint à Lamon du chevreau délaissé. Un jour il prend garde par où elle alloit ; sur le chaud du midi, la suivant à la trace, il voit comme elle entroit sous le hallier doucement et passoit ses pattes tout beau par-dessus l'enfant, peur de lui faire mal ; et l'enfant prenoit à belles mains son pis comme si c'eût été mamelle de nourrice. Surpris, ainsi qu'on peut penser, il approche, et trouve que c'étoit un petit garçon, beau, bien fait, et en plus riche maillot que convenir ne sembloit à tel abandon ; car il étoit enveloppé d'un mantelet de pourpre avec une agrafe d'or, près de lui avoit un petit couteau à manche d'ivoire. Si fut entre deux d'emporter ces enseignes de reconnoissance, sans autrement se soucier de l'enfant ; puis ayant honte de ne se montrer du moins aussi humain que sa chèvre, quand la nuit fut venue il prend tout, et les joyaux, et l'enfant, et la chèvre qu'il conduisit à sa femme Myrtale, laquelle, ébahie, s'écria si à cette heure les chèvres faisoient de petits garçons ? et Lamon lui conta tout, comme il l'avoit trouvé gisant et la chèvre le nourrissant, et comment il avoit eu honte de le laisser périr. Elle fut bien d'avis que vraiment il ne l'avoit pas dû faire ; et tous deux d'accord de l'élever, ils serrèrent ce qui s'étoit trouvé quant et lui, disant partout qu'il est à eux, et afin que le nom même sentit mieux son pasteur, l'appelèrent Daphnis. |
Note 2: βλάπτοι et δοκοίη sont à l'optatif oblique après une proposition principale au passé Pour l'optatif oblique voir dans la partie grammaire, l'onglet emplois de l'optatif
Eléments pour le commentaire
Il s'agit du premier passage du texte et en ce sens il illustre la dimension programmatique du préambule. Ainsi dans le premier paragraphe il s'agit de faire voir la ville de Mytilène et ses caractéristiques exceptionnelles puis de "zoomer" sur l'espace naturel qui servira de cadre à l'histoire. La description de la ville de Mytilène et de ses alentours présente l'harmonie de la nature et de l'art, l'excellence de la nature est rehaussée par les splendeurs architecturales; les sites naturels sont des lieux propices aux activités humaines, la chasse, l'élevage, l'agriculture et la viticulture. De plus l'île de Lesbos inclut la ville de Mytilène qu'on croirait non pas une ville mais une île, dans laquelle se trouve un domaine privilégié, où l'on trouve un îlot champêtre, écrin de verdure disposé avec art par la nature elle-même: ainsi il s'agit d'un emboitement de lieux harmonieux et protégés. Tout ce travail de concentration de la description donne une dimension exemplaire au cadre dans lequel se déploiera le récit. On peut ajouter cette dimension textuelle une charge symbolique liée à la tradition littéraire qui fait de Lesbos, la patrie de de Sappho, l'île de l'amour et la poésie érotique.
Enfin il s'agit sur le plan narratif de donner un cadre à la comédie amoureuse qui se jouera, les lieux: Mitylène, d'où viennent les propriétaires du domaine qui se révéleront être les parents de Dahnis (Livre IV), la mer d'où surgiront les péripéties romanesques (pirates) et la campagne qui sera le lieu de la révélation de l'amour.
Découverte d’une fille dans la grotte des Nymphes |
Texte 3 |
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IV 1 Ἤδη δὲ διετοῦς χρόνου διικνουμένου, ποιμὴν ἐξ ἀγρῶν ὁμόρων νέμων, Δρύας τὸ ὄνομα, καὶ αὐτὸς ὁμοίοις ἐπιτυγχάνει καὶ εὑρήμασι καὶ θέαμασι. Νυμφῶν ἄντρον ἦν, πέτρα μεγάλη, τὰ ἔνδοθεν κοίλη, τὰ ἔξωθεν περιφερής. 2 Τὰ ἀγάλματα τῶν Νυμφῶν αὐτῶν λίθοις ἐπεποίητο· πόδες ἀνυπόδητοι, χεῖρες εἰς ὤμους γυμναί, κόμαι μέχρι τῶν αὐχένων λελυμέναι, ζῶμα περὶ τὴν ἰξύν, μειδίαμα περὶ τὴν ὀφρύν· τὸ πᾶν σχῆμα χορεία ἦν ὀρχουμένων. Ἡ ὤα τοῦ ἄντρου τῆς μεγάλης πέτρας ἦν τὸ μεσαίτατον. 3 Ἐκ πηγῆς ἀναβλύζον ὕδωρ ῥεῖθρον ἐποίει χεόμενον, ὥστε καὶ λειμὼν πάνυ γλαφυρὸς ἐκτέτατο πρὸ τοῦ ἄντρου, πολλῆς καὶ μαλακῆς πόας ὑπὸ τῆς νοτίδος τρεφομένης. Ἀνέκειντο δὲ καὶ γαυλοὶ καὶ αὐλοὶ πλάγιοι καὶ σύριγγες καὶ κάλαμοι, πρεσβυτέρων ποιμένων ἀναθήματα. |
À quelque deux ans de là, un berger des environs, qui avoit nom Dryas, vit une toute pareille chose et trouva semblable aventure. Un antre étoit en ce canton, qu'on appeloit l'antre des Nymphes, grande et grosse roche creuse par le dedans, toute ronde par le dehors, et dedans y avoit les figures des Nymphes, taillées de pierre, les pieds sans chaussure, les bras nus jusques aux épaules, les cheveux épars autour du col, ceintes sur les reins, toutes ayant le visage riant et la contenance telle comme si elles eussent ballé ensemble. Du milieu de la roche et du plus creux de l'antre sourdoit une fontaine, dont l'eau, qui s'épandoit en forme de bassin, nourrissoit là au-devant une herbe fraîche et touffue, et s'écouloit à travers le beau pré verdoyant. On voyoit attachés au roc force seilles à traire le lait, force flûtes et chalumeaux, offrandes des anciens pasteurs. |
NB. Chloé signifie "la verdoyante", c'est un nom bien pastorale, mais aussi l'épiclèse, (le nom cultuel) de Déméter.
Daphnis est dans l'Idylle 1 de Théocrite le fondateur de la poésie bucolique, idée reprise par Virgile. Chez ces deux poètes il s'agit d'un bouvier et non d'un chévrier. Or le bouvier est le plus élevé dans hiérarchie pastorale.
Documents complémentaires sur le printemps Printemps_documents.pdf
Le printemps |
Texte 4 |
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IX 1 Ἦρος ἦν ἀρχὴ καὶ πάντα ἤκμαζεν ἄνθη, τὰ ἐν δρυμοῖς, τὰ ἐν λειμῶσι καὶ ὅσα ὄρεια· βόμβος ἦν ἤδη μελιττῶν, ἦχος ὀρνίθων μουσικῶν, σκιρτήματα ποιμνίων ἀρτιγεννήτων· ἄρνες ἐσκίρτων ἐν τοῖς ὄρεσιν, ἐβόμβουν ἐν τοῖς λειμῶσι αἱ μέλιτται, τὰς λόχμας κατῇδον ὄρνιθες. 2 Τοσαύτης δὴ πάντα κατεχούσης εὐωρίας οἷ ΄ ἁπαλοὶ καὶ νέοι μιμηταὶ τῶν ἀκουομένων ἐγίνοντο καὶ βλεπομένων· ἀκούοντες μὲν τῶν ὀρνίθων ᾀδόντων ᾖδον, βλέποντες δὲ σκιρτῶντας τοὺς ἄρνας ἥλλοντο κοῦφα, καὶ τὰς μελίττας δὲ μιμούμενοι τὰ ἄνθη συνέλεγον· καὶ τὰ μὲν εἰς τοὺς κόλπους ἔβαλλον, τὰ δὲ στεφανίσκους πλέκοντες ταῖς Νύμφαις ἐπέφερον. X 1 Ἔπραττον δὲ κοινῇ πάντα, πλησίον ἀλλήλων νέμοντες. Καὶ πολλάκις μὲν ὁ Δάφνις τῶν προβάτων τὰ ἀποπλανώμενα συνέστελλε, πολλάκις δὲ ἡ Χλόη τὰς θρασυτέρας τῶν αἰγῶν ἀπὸ τῶν κρημνῶν κατήλαυνεν, ἤδη δέ τις καὶ τὰς ἀγέλας ἀμφοτέρας ἐφρούρησε θατέρου προσλιπαρήσαντος ἀθύρματι. Ἀθύρματα δὲ ἦν αὐτοῖς ποιμενικὰ καὶ παιδικά. 2 Ἡ μὲν ἀνθερίκους ἀνελομένη ποθὲν ἐξ ἕλους ἀκριδοθήκην ἔπλεκε καὶ περὶ τοῦτο πονουμένη τῶν ποιμνίων ἠμέλησεν· ὁ δὲ καλάμους ἐκτεμὼν λεπτοὺς καὶ τρήσας τὰς τῶν γονάτων διαφυὰς, ἀλλήλοις τε κηρῷ μαλθακῷ συναρτήσας, μέχρι νυκτὸς συρίττειν ἐμελέτα· 3 καὶ ποτὲ δὲ ἐκοινώνουν γάλακτος καὶ οἴνου, καὶ τροφάς, ἃς οἴκοθεν ἔφερον, εἰς κοινὸν ἔφερον. Θᾶττον ἄν τις εἶδε τὰ ποίμνια καὶ τὰς αἶγας ἀπ ᾿ ἀλλήλων μεμερισμένας ἢ Χλόην καὶ Δάφνιν. |
Or étoit-il lors environ le commencement du printemps, que toutes fleurs sont en vigueur, celles des bois, celles des prés, et celles des montagnes. Aussi jà commençoit à s'ouïr par les champs bourdonnement d'abeilles, gazouillement d'oiseaux, bêlement d'agneaux nouveau-nés. Les troupeaux bondissoient sur les collines, les mouches à miel murmuroient par les prairies, les oiseaux faisoient resonner les buissons de leur chant. Toutes choses adonc faisant bien leur devoir de s'égayer à la saison nouvelle, eux aussi, tendres, jeunes d'âge, se mirent à imiter ce qu'ils entendoient et voyoient. Car entendant chanter les oiseaux, ils chantoient ; voyant bondir les agneaux, ils sautoient à l'envi ; et, comme les abeilles, alloient cueillant des fleurs, dont ils jetoient les unes dans leur sein, et des autres arrangeoient des chapelets pour les Nymphes ; et toujours se tenoient ensemble, toute besogne faisoient en commun, paissant leurs troupeaux l'un près de l'autre. Souventefois Daphnis alloit faire revenir les brebis de Chloé, qui s'étoient un peu loin écartées du troupeau ; souvent Chloé retenoit les chèvres trop hardies voulant monter au plus haut des rochers droits et coupés ; quelquefois l'un tout seul gardoit les deux troupeaux, pendant le temps que l'autre vaquoit à quelque jeu. Leurs jeux étoient jeux de bergers et d'enfants. Elle, s'en allant dès le matin cueillir quelque part du menu jonc, en faisoit une cage à cigale, et cependant ne se soucioit aucunement de son troupeau ; lui d'autre côté ayant coupé des roseaux, en pertuisoit les jointures, puis les colloit ensemble avec de la cire molle, et s'apprenoit à en jouer bien souvent jusques à la nuit. Quelquefois ils partageoient ensemble leur lait ou leur vin, et de tous vivres qu'ils avoient portés du logis se faisoient part l'un à l'autre. Bref, on eût plutôt vu les brebis dispersées paissant chacune à part, que l'un de l'autre séparés Daphnis et Chloé. |
Eléments de commentaires
Une nature en harmonie avec les deux jeunes gens, avec des occupations pastorales propices à l'éveil amoureux.
Une dimension méta-littéraire, imitation de la nature par les jeunes bergers, Imiation hommage de Longus à ses illustres prédecesseursThéocrite, Callimaque, Virgile, notamment Idylle 1 de Théocrite où le jeune Thyrsis tresse des tiges d'asphodèls pour en faire une cage à grillon, comme ici Chloé.
Textes complémentaires tirés
source: mediterranees.net
Chaleurs estivales, ardeurs amoureuses |
Texte 5 |
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XXIII 1 Ἐξέκαε δὲ αὐτοὺς καὶ ἡ ὥρα τοῦ ἔτους. Ἦρος ἦν ἤδη τέλος καὶ θέρους ἀρχή, καὶ πάντα ἐν ἀκμῇ· δένδρα ἐν καρποῖς, πεδία ἐν ληΐοις. Ἡδεῖα μὲν τεττίγων ἠχή, γλυκεῖα δὲ ὀπώρας ὀδμή, τερπνὴ δὲ ποιμνίων βληχή. 2 Εἴκασεν ἄν τις καὶ τοὺς ποταμοὺς ᾄδειν ἠρέμα ῥέοντας καὶ τοὺς ἀνέμους συρίττειν ταῖς πίτυσιν ἐμπνέοντας καὶ τὰ μῆλα ἐρῶντα πίπτειν χαμαὶ καὶ τὸν ἥλιον φιλόκαλον ὄντα πάντας ἀποδύειν. Ὁ μὲν δὴ Δάφνις θαλπόμενος τούτοις ἅπασιν εἰς τοὺς ποταμοὺς ἐνέβαινε, καὶ ποτὲ μὲν ἐλούετο, ποτὲ δὲ τῶν ἰχθύων τοὺς ἐνδινεύοντας ἐθήρα· πολλάκις δὲ καὶ ἔπινεν, ὡς τὸ ἔνδοθεν καῦμα σβέσων. 3 Ἡ δὲ Χλόη μετὰ τὸ ἀμέλξαι τὰς ὄϊς καὶ τῶν αἰγῶν τὰς πολλὰς ἐπὶ πολὺν μὲν χρόνον εἶχε πηγνῦσα τὸ γάλα· δειναὶ γὰρ αἱ μυῖαι λυπῆσαι καὶ δακεῖν, εἰ διώκοιντο· τὸ δὲ ἐντεῦθεν ἀπολουσαμένη τὸ πρόσωπον πίτυος ἐστεφανοῦτο κλάδοις καὶ τῇ νεβρίδι ἐζώννυτο καὶ τὸν γαυλὸν ἀναπλήσασα οἴνου καὶ γάλακτος κοινὸν μετὰ τοῦ Δάφνιδος πότον εἶχε. | Mais plus encore les enflammoit la saison de l'année. Il étoit jà environ la fin du printemps et commencement de l'été, toutes choses en vigueur ; et déjà montroient les arbres leurs fruits, les blés leurs épis ; et aussi étoit la voix des cigales plaisante à ouïr, tout gracieux le bêlement des brebis, la richesse des champs admirable à voir, l'air tout embaumé sœve à respirer ; les fleuves paroissoient endormis, coulant lentement et sans bruit ; les vents sembloient orgues ou flûtes, tant ils soupiroient doucement à travers les branches des pins. On eût dit que les pommes d'elles-mêmes se laissoient tomber enamourées, que le soleil amant de beauté faisoit chacun dépouiller. Daphnis de toutes parts échauffé se jetoit dans les rivières, et tantôt se lavoit, tantôt s'ébattoit à vouloir saisir les poissons, qui glissant dans l'onde se perdoient sous sa main ; et souvent buvoit, comme si avec l'eau il eût dû éteindre le feu qui le brûloit. Chloé, après avoir trait toutes ses brebis, et la plupart aussi des chèvres de Daphnis, demeuroit longtemps empêchée à faire prendre le lait et à chasser les mouches, qui fort la molestoient, et les chassant la piquoient ; cela fait, elle se lavoit le visage, et, couronnée des plus tendres branchettes de pin, ceinte de la peau de faon, elle emplissoit une sébile de vin mêlé avec du lait, pour boire avec Daphnis. |
Documents complémentaires
L'automne et l'hiver
Livre, II, chapitre 1, L'automne
[2,0] LIVRE II. | [2,0] LIVRE II. |
[2,1] Ἤδη δὲ τῆς ὀπώρας ἀκμαζούσης καὶ ἐπείγοντος τοῦ τρυγητοῦ πᾶς ἦν κατὰ τοὺς ἀγροὺς ἐν ἔργῳ· ὁ μὲν ληνοὺς ἐπεσκεύαζεν, ὁ δὲ πίθους ἐξεκάθαιρεν, ὁ δὲ ἀρρίχους ἔπλεκεν· ἔμελέ τινι δρεπάνης μικρᾶς ἐς βότρυος τομὴν καὶ ἑτέρῳ λίθου θλῖψαι τὰ ἔνοινα τῶν βοτρύων δυναμένου καὶ ἄλλῳ λύγου ξηρᾶς πληγαῖς κατεξασμένης, ὡς ἂν ὑπὸ φωτὶ νύκτωρ τὸ γλεῦκος φέροιτο. Ἀμελήσαντες οὖν καὶ ὁ Δάφνις καὶ ἡ Χλόη τῶν αἰγῶν καὶ τῶν προβάτων, χειρὸς ὠφέλειαν ἄλλοις μετεδίδοσαν. Ὁ μὲν ἐβάσταζεν ἐν ἀρρίχοις βότρυς καὶ ἐπάτει ταῖς ληνοῖς ἐμβαλὼν καὶ εἰς τοὺς πίθους ἔφερε τὸν οἶνον· ἡ δὲ τροφὴν παρεσκεύαζε τοῖς τρυγῶσι καὶ ἐνέχει ποτὸν αὐτοῖς πρεσβύτερον οἶνον καὶ τῶν ἀμπέλων δὲ τὰς ταπεινοτέρας ἀπετρύγα. Πᾶσα γὰρ κατὰ τὴν Λέσβον ἡ ἄμπελος ταπεινή, οὐ μετέωρος οὐδὲ ἀναδενδράς, ἀλλὰ κάτω τὰ κλήματα ἀποτείνουσα καὶ ὥσπερ κιττὸς νεμομένη· καὶ παῖς ἂν ἐφίκοιτο βότρυος ἄρτι τὰς χεῖρας ἐκ σπαργάνων λελυμένος. | [2,1] Étant déjà l'automne en sa force et le temps des vendanges venu, chacun aux champs était en besogne à faire ses apprêts; les uns racoutraient les pressoirs, les autres nettoyaient les jarres; ceux-ci émoulaient leurs serpettes, ceux-là se tissaient des paniers ; aucuns mettaient à point la meule à pressurer les raisins écrasés, d'autres apprêtaient l'osier sec dont on avait ôté l'écorce à force de le battre, pour en faire flambeaux à tirer le moût pendant la nuit ; et à cette cause Daphnis et Chloé, cessant pour quelques jours de mener leurs bêtes aux champs, prêtaient aussi à tels travaux l'oeuvre et labeur de leurs mains. Il portait, lui, la vendange dedans une hotte et la foulait en la cuve, puis aidait à remplir les jarres; elle, d'autre côté, préparait à manger aux vendangeurs, et leur versait du vin de l'année précédente; puis elle se mettait à vendanger aussi les plus basses branches des vignes où elle pouvait avenir. Car les vignes de Lesbos sont basses pour la plupart, au moins non élevées sur arbres fort hauts, et les branches en pendent jusque contre terre, s'étendant çà et là comme lierre, si qu'un enfant hors du maillot, par manière de dire, atteindrait aux grappes. |
L'hiver (III, 3)
[3,3] Ὁ μὲν δὴ Μηθυμναίων καὶ Μιτυληναίων πόλεμος ἀδόκητον λαβὼν ἀρχὴν καὶ τέλος οὕτω διελύθη. Γίνεται δὲ χειμὼν Δάφνιδι καὶ Χλόῃ τοῦ πολέμου πικρότερος· ἐξαίφνης γὰρ περιπεσοῦσα πολλὴ χιὼν πάσας μὲν ἀπέκλεισε τὰς ὁδούς, πάντας δὲ κατέκλεισε τοὺς γεωργούς. Λάβροι μὲν οἱ χείμαρροι κατέρρεον, ἐπεπήγει δὲ κρύσταλλος· τὰ δένδρα ἐῴκει κατακλωμένοις· ἡ γῆ πᾶσα ἀφανὴς ἦν ὅτι μὴ περὶ πηγάς που καὶ ῥεύματα. Οὔτε οὖν ἀγέλην τις εἰς νομὴν ἦγεν οὔτε αὐτὸς προῄει τῶν θυρῶν, ἀλλὰ πῦρ καύσαντες μέγα περὶ ᾠδὰς ἀλεκτρυόνων οἱ μὲν δὴ λίνον ἔστρεφον, οἱ δὲ αἰγῶν τρίχας ἔπεκον, οἱ δὲ πάγας ὀρνίθων ἐσοφίζοντο. Τότε βοῶν ἐπὶ φάτναις φροντὶς ἦν ἄχυρον ἐσθιόντων, αἰγῶν καὶ προβάτων ἐν τοῖς σηκοῖς φυλλάδας, ὑῶν ἐν τοῖς συφεοῖς ἄκυλον καὶ βαλάνους. | [3,3] Ainsi se termina la guerre entre Méthymne et Mitylène, finie comme elle fut commencée, par soudaine résolution. Et là-dessus survint l'hiver, plus fâcheux que la guerre à Daphnis et à sa Chloé. Car incontinent la neige, tombant en grande abondance, couvrit les chemins et enferma les laboureurs en leurs maisons; les torrents impétueux tombaient aval du haut des montagnes, l'eau se gelait, les arbres semblaient morts, on ne voyait plus la terre, sinon alentour des fontaines et de quelques ruisseaux ; ainsi ne se pouvaient plus mener les bêtes aux champs, ni n'osaient les gens mettre seulement le nez hors la porte; mais, demeurant tous au logis, faisaient un grand feu, alentour duquel, dès que les coqs avaient chanté le matin, chacun venait faire sa besogne. Les uns retordoient du fil, les autres tissaient du poil de chèvre, ou faisaient des collets à prendre les oiseaux. Le soin qu'il fallait lors avoir des boeufs était de leur donner de la paille à manger en la bouverie, aux chèvres et brebis de la feuillée en la bergerie, aux pourceaux de la faine et du gland en la porcherie. |
D'après une structure proposée par Bruce D. McQueen, in Myth, Rhetoric and Fiction, University of Nebraska press, 1990
« femmes accouchant, d’autres emmaillotant des bébés, enfants abandonnés, nourris par des brebis, bergers les recueillant, jeunes gens se faisant des promesses, débarquement de pirates, invasion d’ennemis » : un ensemble de scènes figurant dans la pastorale, notamment au livre I.
Ce préambule apparaît comme un « avertissement au lecteur », qui transforme l’ensemble du roman en une gigantesque ecphrasis : le récit n’est en réalité que la description d’une peinture, comme, chez Catulle, l’abandon d’Ariane à Naxos faisait partie d’une tapisserie nuptiale.
Montagnes boisées, coteaux pour l’élevage et la vigne, plage de sable fin : ce sont les trois « lieux » privilégiés de la pastorale.
L’exposition des nouveaux-nés – fait social attesté en Grèce et à Rome – est l’un des ressorts privilégiés du roman ; les habits de l’enfant, très riches (or, pourpre, ivoire) attestent une origine noble, voire royale, et font attendre une reconnaissance ultérieure, dont romanciers et dramaturges ont usé abondamment.
Le récit reprend exactement les mêmes étapes que pour Daphnis : description du lieu, trouvaille de l’enfant nourri par un animal, description des « signes de reconnaissance », et enfin adoption et donation du nom.
On voit ici que le récit ne s’embarrasse guère de vraisemblance : outre que les bergers ignorent tout d’ Éros et de Cupidon, alors qu’ils connaissent le culte des Nymphes, ils sont capables de donner une éducation « aristocratique » aux enfants, tout en étant eux-mêmes esclaves et incultes. Enfin, les enfants semblent savoir qu’ils ont été trouvés abandonnés (ἐκκείμενον, l. 13) alors que Daphnis ignorera jusqu’au bout qu’il n’est pas le fils de Lamon !
On peut penser que nos deux jouvenceaux, enfants « naturels » élevés loin de la société urbaine, ne sont pas très éveillés : à 13 et 15 ans, ils n’ont pas encore connu la moindre poussée de puberté… Innocence presque comique !
Bien que plus jeune, Chloé semble plus précoce que Daphnis, qui a cependant dû voir la jeune fille la poitrine dénudée ; or, visiblement, cela ne lui inspire rien… Chloé subit les marques physiques du coup de foudre : agitation, manque d’appétit, insomnies… sans comprendre ce qui lui arrive.
Chloé s’est séparée de Daphnis, parti cueillir des branches pour l’hiver, quand les bêtes rentreront à l’étable : cette pratique est attestée et répandue partout. La pastorale offre un mélange de conte de fée et de notations réalistes.
Une nouvelle fois, Daphnis et Chloé semblent illustrer le proverbe « aux innocents les mains pleines » : ils échappent au danger dans même en avoir conscience, sans même soupçonner le moins du monde qu’autrui puisse avoir de mauvais desseins… Généreux et philanthropes certes, mais d’une incroyable naïveté… qui n’a d’équivalent que la bêtise de Dorcon : un bouvier, un paysan, qui « oublie » que les bergers sont accompagnés de chiens dressés à chasser les loups !!!… La Pastorale, décidément, ne s’embarrasse pas de vraisemblance, ni de réalisme !
Chèvres et moutons sont d’ordinaire d’une docilité qui tient du miracle ; on le verra également avec les vaches un peu plus loin. Les bêtes obéissent à leurs maîtres comme des chiens !
Daphnis pêche à la main dans les « fleuves » de Lesbos – ce qui est très invraisemblable : en été, l’île ne contient plus que de minuscules ruisseaux presque à sec ! Preuve que nous ne sommes pas dans la « vraie » Lesbos, mais dans un monde enchanté, ignorant la sécheresse, comme d’ailleurs toutes les rigueurs du climat.
Ce conte est le premier des trois qui seront donnés par Longus : celui de la Nymphe Syrinx (II, 34) et celui de la nymphe Écho (III, 23). Ils forment une unité thématique : dans la première, une fille est transformée en palombe pour avoir trop écouté un galant ; dans la seconde, une fille est changée en flûte de Pan, pour avoir voulu fuir l’amour du Dieu Pan. Dans la troisième, une fille, toujours pour avoir voulu échapper à Pan, et aussi, cette fois, aux hommes déchaînés, est lynchée par eux et son corps dispersé ; la Terre et les Muses ensevelirent les fragments de corps, mais en les dotant d’une voix ; ainsi Écho retentit partout et imite tous les sons… D’une légende à l’autre, il y a progression de la violence, et un thème commun : la fille séduit malgré elle, grâce à son talent musical. Et c’est Daphnis qui, pour la 1ère et la 3ème légende, raconte l’histoire à Chloé.
L’attaque des pirates : à la fois une réalité historique (dont Thucydide se fait l’écho, et qui perdurera à l’époque Romaine : voir la victoire – provisoire – de Pompée contre eux) et un inépuisable thème romanesque, jusqu’à nos jours au cinéma (Pirate des Caraïbes !)
On retrouve ici l’incroyable docilité des troupeaux, déjà mentionnée § 22. Rabelais se souviendra de l’épisode pour les « moutons de Panurge » !
À l’époque impériale, on adorait la « paradoxographie » ou les « mirabilia » (cf. le succès permanent de Pline l’Ancien). Il est vrai que les vaches nagent bien, mais la perte des sabots entraînant leur noyade relève de la légende.
Bain lustral, obligatoire après un enterrement, mais ici teinté d’érotisme
Livre 2
II, 1-2 : Les vendanges de Lesbos. Daphnis-Bacchus et Chloé-Bacchante.
II, 3-7 : La fable du vieillard Philétas : Daphnis et Chloé sont voués à Amour. Pouvoir d’amour et leçon de Philétas : « se donner des baisers, s’étreindre et coucher nus ensemble » (7).
II, 8-11 : Daphnis et Chloé comprennent peu à peu qu’ils sont amoureux et appliquent les conseils de Philétas. Ils se couchent, nus, côte à côte, et pensent que leur amour est consommé.
II, 12-18 : De jeunes Méthymniens profitent du temps calme qui suit les vendanges pour aller s’adonner à la chasse hors de leurs terres. Ils amarrent leur navire sur la côte de Lesbos et lancent leurs chiens pour flairer le gibier. Mais leurs chiens effraient les chèvres de Daphnis, qui s’enfuient et viennent ronger l’amarre du navire. Le navire prend le large laissant les Méthymniens sur l’île de Lesbos. Ils arrêtent et rouent de coup Daphnis. Un débat est ouvert, dont l’arbitre désigné est Philétas. Les Méthymniens souhaitent emmener Daphnis comme prisonnier (15). Défense de Daphnis (16). Arbitrage en faveur de Daphnis (17). Les Méthymniens en colère sont repoussés par un assaut des paysans. Daphnis est soigné à la fontaine des Nymphes : baiser « doux comme le miel » de Chloé.
II, 19-24 : Les Méthymniens se plaignent devant leur assemblée. La guerre est votée. A Mytilène et Lesbos, razzia sur le bétail, les vivres et les hommes. Chloé est enlevée. Désespoir de Daphnis, qui se plaint des Nymphes (21-22). Réponse des Nymphes qui apparaissent en rêve à Daphnis : Chloé reviendra sauve le lendemain, grâce à l’action de Pan. (23)
II, 25-30 : Repos des soldats Méthymniens. Colère de Pan qui se manifeste par des signes étranges. Pan apparaît en songe au stratège Bryaxis (27) et lui ordonne de rendre Chloé et les troupeaux, ce qui est fait.
II, 31-39. Hommage de la communauté des paysans à Pan : libations et sacrifice. Daphnis et Chloé demandent à Philétas de jouer, de leur faire une démonstration de son art de la syrinx. Lamon raconte la légende de Pan et Syrinx (34). Philétas joue de la syrinx : « en somme une seule syrinx imita toutes les syrinx » (35). Daphnis et Chloé jouent la légende de Pan (37). Les amants se couchent nus l’un à côté de l’autre (38). Vœux de fidélité des deux amants (39).
Livre 3
III, 1-3 : Fin de la guerre entre Méthymne et Mytilène.
III, 3-4 : Hiver. Daphnis et Chloé sont contraints de ne plus se voir : désespoir des deux amants.
III, 5-11 : Stratagème de Daphnis pour voir Chloé : « rien ne peut arrêter l’amour, ni le feu, ni l’eau, ni les neiges de Scythie » (5). Daphnis se rend près de la cour de Dryas pour chasser. Mais il se décourage en pensant qu’aucune excuse ne justifiera sa présence pour les parents de Chloé (6). Intervention d’Amour, qui fait sortir Dryas. Celui-ci, voyant Daphnis, l’invite à séjourner chez lui et à participer à un sacrifice pour Dionysos. C’est là un moyen pour Daphnis et Chloé de se voir, de jouir de leur amour et de se rappeler leurs promesses de fidélité. « Il revint bien d’autres fois, sous divers prétextes, si bien que l’hiver ne fut pas tout à fait pour eux une saison sans amour ».
III, 12-14 : Observant les béliers poursuivre les brebis et les saillir, Daphnis souhaite faire de même avec Chloé. Scène de mime digne d’un κῶμος de l’ancienne comédie (cf. note 55). Échec de l’entreprise : « en matière d’amour, il en savait moins qu’un bélier ».
III, 15 : Lykénion (nom à rapprocher de λύκαινα = la louve, la prostituée), femme de Chromis, le vieillard propriétaire des terres que Daphnis exploite, souhaite faire du jeune homme son amant. Elle lui offre des cadeaux. Constatant qu’il aime Chloé mais qu’il ne sait comment s’y prendre en matière d’amour, elle souhaite à la fois initier Daphnis et satisfaire son propre désir.
III, 16-20 : Lykénion attire Daphnis dans la forêt, prétextant avoir besoin d’aide pour retrouver une oie sauvage. Elle lui dit avoir reçu l’ordre des Nymphes de lui enseigner les gestes de l’amour. Ils font l’amour (passage censuré par la traduction Amyot, 1559 ; rétablit par Courrier, 1810). Mise en garde de Lykénion sur la douleur que ressentira Chloé lorsque Daphnis voudra lui ravir sa virginité (amour comparé à une lutte). Daphnis, ne souhaitant pas violenter Chloé, décide de s’en tenir à des baisers avec elle.
III, 21-23 : La légende de Pan et Écho.
III, 24-26 : De nombreux prétendants se présentent à Dryas pour épouser sa fille. Napé pense qu’il faut accepter un prétendant riche pour obtenir une dot considérable. Chloé parle à Daphnis de la volonté de sa mère, à laquelle son père ne se refuse pas tout à fait. Daphnis entend donc se porter prétendant lui aussi et l’emporter sur les autres. Il en parle à sa mère Myrtalé. Mais son mari s’y oppose : il souhaite que Daphnis épouse une fille de bonne famille, car il lui semble qu’il est promis à une belle destinée comme le prouvent les objets de reconnaissance avec lesquels l’enfant a été trouvé. Myrtalé, pour ne pas trop affecter son fils, ne lui dit pas le refus de son père mais lui dit qu’il devra sans doute convaincre Dryas de permettre à sa fille de se marier avec un jeune homme sans le sou. « Myrtalé n’avait pas espéré un instant que cela pourrait marcher avec Dryas qui avait de très riches prétendants » (27).
III, 27-32 : Daphnis s’en remet une nouvelle fois aux Nymphes qui lui apparaissent en songe. Elles lui indiquent le chemin pour trouver une bourse de trois mille drachmes rejetée par les vagues après le naufrage du navire des Méthymniens. « Pour l’instant, il suffit que n’aies pas l’air pauvre ; plus tard, tu seras vraiment riche ». Daphnis trouve la bourse (28), la remet à Dryas et lui adresse un discours pour être reçu de lui (il affirme aimer Chloé depuis l’enfance, lui qui a été nourri par une chèvre comme elle par une brebis) (29), et Chloé lui est promise (30). Dryas se rend chez Lamon et Myrtalé pour obtenir d’eux le mariage de Daphnis avec Chloé. Touché par les arguments de Dryas, Lamon n’ose pas lui dire qu’il pense que Daphnis est au-dessus de ce mariage, mais il affirme qu’étant esclave il a besoin de l’accord de son maître pour marier Daphnis. Il demande qu’on remette le mariage à l’automne. Il dit également à Dryas que Daphnis et Chloé sont de meilleure condition qu’eux-mêmes, ce qui fait réfléchir Lamon : Daphnis aurait-il été exposé comme Chloé ? (32).
III, 33-34 : Daphnis annonce à Chloé leur mariage. Il monte en haut d’un arbre pour cueillir une belle pomme qu’il offre à Chloé en gage d’amour. Parallèle avec le jugement de Pâris.
Livre IV
IV, 1-6 : Un messager vient annoncer l’arrivée du maître de Lamon. Lamon soigne le domaine (description du parc en IV, 2-3), Daphnis soigne le troupeau pour mettre le maître dans les meilleures dispositions pour le mariage.
IV, 7-9 : Lampis, prétendant de Chloé, cherche un moyen d’irriter le maître de Lamon contre eux, par jalousie. Il saccage les plates-bandes du jardin. Plaintes de Lamon (8). Plaintes de Chloé qui craint pour Daphnis (9). Annonce de l’arrivée du maître et de son jeune fils par l’esclave Eudromos. Eudromos, par amitié pour Lamon et Daphnis, conseille de dire la vérité à Astylos, le fils du maître.
IV, 10 : Arrivée d’Astylos et de son parasite, Gnathon, vieillard risible car débauché et trop vieux pour son éromène. Astylos, touché par la prière de Lamon à son arrivée, accepte de prendre sur lui la responsabilité du saccage du parc : il dira que ce sont ses chevaux qui ont tout mis à sac.
IV, 11-12 : Gnathon veut jouir de Daphnis. Mais, alors qu’il le surprend pour l’embrasser et souhaite lui faire ce que les boucs font aux brebis, Daphnis le repousse avec force. (Nouvelle scène de mime digne de l’ancienne comédie).
IV, 13-15 : Arrivée du maître, Dionysophanès (= celui qui fait apparaître Dyonisos) et de sa femme Cléaristé (= celle qui jouit d’une bonne réputation). Dionysophanès admire le travail de Lamon et de Daphnis. Cléaristé est sous le charme du chevrier qui fait obéir les chèvres à sa syrinx.
IV, 16-18 : Gnathon demande à Astylos de pouvoir jouir de Daphnis. Sur ses prières et ses larmes, Astylos lui accorde ce qu’il demande : il promet de demander à son père d’emmener Daphnis comme esclave. Astylos se moque gentiment de celui qui s’éprend d’un garçon qui n’est que chevrier, mais Gnathon lui répond en lui rappelant les histoires d’amour mythiques entre des dieux et des paysans. (17) Eudromos entend la conversation entre les deux hommes et révèle tout à Daphnis et Lamon. Lamon, qui ne veut pas que son fils finisse entre les mains de Gnathon, décide de révéler les conditions dans lesquelles il a trouvé Daphnis.
IV, 19-20 : Lamon révèle la vérité à Dionysophanès ; il refuse qu’un enfant de bonne condition soit livré à l’ivrognerie de Gnathon. Le maître et son épouse sont touchés par les larmes de Lamon.
IV, 21-26 : Examen des objets de reconnaissance : reconnaissance de Daphnis par son père Dionysophanès. Il avait été abandonné parce que le père pensait avoir une descendance assez grande, ayant déjà trois enfants. Lamon, Myrtalé et Daphnis sont affranchis.
IV, 27-29 : Chloé pleure, pensant que Daphnis l’a oubliée. Le bouvier Lampis enlève Chloé, mais Gnathon la lui arrache pour rentrer en bonnes grâces auprès de Daphnis. Daphnis retrouve Chloé et pardonne à Gnathon ; Gnathon devient son esclave obligé.
IV, 30-36 : Dryas entend faire accepter à Dionysophanès le mariage des deux jeunes gens. Il montre les objets de reconnaissance de Chloé, qui prouvent qu’elle est d’illustre lignée. Le mariage est consenti. Fête. Préparatifs du mariage. Songe de Dionysophanès qui voit Amour et les Nymphes ; il comprend qu’il doit inviter toute l’aristocratie de la ville pour que Chloé soit reconnue. (34) Retour en ville. Chloé reconnue par Mégaclès. (34-36)
IV, 37-40 : Mariage de style pastoral. Vie de Daphnis et Chloé consacrée à Pan, aux Nymphes et à Amour. Amour enfin consommé. Leurs enfants sont nourris, pour le garçon au pis d’une chèvre, pour la fille au pis d’une brebis.
M Lounaci, Professeur de Lettres Classiques Contactez moi