Interrogations Politiques: Athènes, éducatrice de la Grèce

LES SUPPLIANTES, Euripide

TRAGÉDIE.

NOTICE SUR LES SUPPLIANTES.

Les Suppliantes sont la suite des Phéniciennes. Les sept chefs argiens étant morts sous les murs de Thèbes, leurs mères ne purent obtenir des Thébains la restitution de leurs corps, auxquels elles voulaient donner la sépulture. Elles vinrent alors implorer l'intervention de Thésée, roi d'Athènes. Elles s'adressent d'abord à sa mère Éthra, qu'elles rencontrent à Éleusis, où elle offrait un sacrifice à Cérès. Ces mères suppliantes, qui, avec les femmes et les enfants des guerriers argiens, composent le Chœur, ont fourni le titre de la pièce.

Thésée se rend à leurs prières, et réclame les cadavres des chefs restés sans sépulture. Sur le refus des Thébains, il marche contre eux à la tête d'une armée; et, à la suite d'une éclatante victoire, il rapporte ces corps, auxquels il fait rendre les derniers devoirs. Evadné, veuve de Capanée, un des sept chefs, se précipite dans le bûcher de son époux. La cérémonie funèbre prêtait à la pompe du spectacle, et s'accordait avec le ton solennel et religieux qui règne d'ailleurs dans toute la pièce.

On voit qu'il s'agit encore ici de la religion des tombeaux, sujet qui revient si fréquemment dans les tragédies grecques. Thésée se montre ici le défenseur de la religion violée. La privation des honneurs dus aux morts était regardée a la fois comme une calamité et comme une honte pour les familles. Ce sentiment était sans doute fortifié par la croyance que les âmes de ceux qui ne recevaient pas la sépulture erraient un temps indéfini sur les bords du Styx.

Mais outre le caractère religieux répandu sur .toute cette tragédie, elle avait encore un autre caractère par lequel elle ne devait pas moins attacher le public d'Euripide : c'était une pièce essentiellement politique. On sait quelle importance les anciens attachaient à tous les souvenirs de leur histoire. Ainsi dans Hérodote ( IX, 27 ), les Athéniens, à propos d'une question de préséance, rappellent un de ces souvenirs ; « Dans le temps où tous les Ar- 446 giens qui suivirent Polynice au siège de Thèbes, après y avoir perdu la vie, étaient restés privés des honneurs funèbres, n'avons-nous pas, pour enlever leurs corps et leur donner la sépulture sur notre territoire d'Éleusis, fait la guerre aux Cadméens ? »

Cette noble fierté, par laquelle un peuple entier s'associe à la politique généreuse de ses pères, n'était pas le seul intérêt que le sujet des Suppliantes eût alors pour Athènes. En effet, l'auteur de l'argument grec placé en tète de la pièce dit qu'elle fut représentée sous l'archonte Antiphon, la 5e année de la 90e olympiade ( 419 ayant J.-C. ), époque où les Argiens et les Lacédémoniens firent la paix et conclurent un traité d'alliance. On était alors au milieu de la guerre du Péloponnèse. ( Cette même année, les Argiens firent une invasion sur le territoire de l'Attique. ( F. Thucydide, I. V. ) Soit que la tragédie ait été composée ayant on après l'invasion, le but n'en est pas moins de faire ressortir l'ingratitude des Argiens envers les Athéniens, leurs bienfaiteurs. Aussi quel effet devaient produire sur la foule des spectateurs les paroles de Minerve, lorsqu'au dénouement elle venait recommander à Thésée d'exiger des Argiens, avant de leur rendre les cendres de leurs chefs, le serment de ne jamais porter les armes contre Athènes, et de venir à son secours si d'autres ennemis l'attaquaient ! «Et, ajoutait-elle, si, au mépris de leur serment, ils marchaient contre cette ville, appelle la malédiction et la ruine sur le pays des Argiens. »

Il serait superflu d'insister sur l'intérêt patriotique que devait offrir le sujet, traité de ce point de vue. On rencontre d'ailleurs à chaque pas des allusions politiques soit sur le gouvernement des Athéniens, soit sur les événements contemporains ; ce qui fait dire au scholiaste que nous avons déjà cité : « Cette pièce est un éloge public d'Athènes. »

Texte 1 Euripide un patriote?

La grandeur de la démocratie

Les SUPPLIANTES EURIPIDE v426-464

 

 

 

Θησεύς

Κομψός γ' ὁ κῆρυξ καὶ παρεργάτης λόγων.
Ἐπεὶ δ' ἀγῶνα καὶ σὺ τόνδ' ἠγωνίσω,
ἄκου': ἅμιλλαν γὰρ σὺ προύθηκας λόγων.
Οὐδὲν τυράννου δυσμενέστερον πόλει,
430 ὅπου τὸ μὲν πρώτιστον οὐκ εἰσὶν νόμοι
κοινοί, κρατεῖ δ' εἷς τὸν νόμον κεκτημένος
αὐτὸς παρ' αὑτῷ: καὶ τόδ' οὐκέτ' ἔστ' ἴσον.
Γεγραμμένων δὲ τῶν νόμων ὅ τ' ἀσθενὴς
ὁ πλούσιός τε τὴν δίκην ἴσην ἔχει,
435 ἔστιν δ' ἐνισπεῖν τοῖσιν ἀσθενεστέροις
τὸν εὐτυχοῦντα ταὔθ', ὅταν κλύῃ κακῶς,
νικᾷ δ' ὁ μείων τὸν μέγαν δίκαι' ἔχων.
Τοὐλεύθερον δ' ἐκεῖνο: Τίς θέλει πόλει
χρηστόν τι βούλευμ' ἐς μέσον φέρειν ἔχων;
440 καὶ ταῦθ' ὁ χρῄζων λαμπρός ἐσθ', ὁ μὴ θέλων
σιγᾷ. Τί τούτων ἔστ' ἰσαίτερον πόλει;
καὶ μὴν ὅπου γε δῆμος αὐθέντης χθονός,
ὑποῦσιν ἀστοῖς ἥδεται νεανίαις:
ἀνὴρ δὲ βασιλεὺς ἐχθρὸν ἡγεῖται τόδε,
445 καὶ τοὺς ἀρίστους οὕς τ' ἂν ἡγῆται φρονεῖν
κτείνει, δεδοικὼς τῆς τυραννίδος πέρι.
Πῶς οὖν ἔτ' ἂν γένοιτ' ἂν ἰσχυρὰ πόλις,
ὅταν τις ὡς λειμῶνος ἠρινοῦ στάχυν
τόλμας ἀφαιρῇ κἀπολωτίζῃ νέους;
450 κτᾶσθαι δὲ πλοῦτον καὶ βίον τί δεῖ τέκνοις
ὡς τῷ τυράννῳ πλείον' ἐκμοχθῇ βίον;
ἢ παρθενεύειν παῖδας ἐν δόμοις καλῶς,
τερπνὰς τυράννοις ἡδονάς, ὅταν θέλῃ,
δάκρυα δ' ἑτοιμάζουσι; μὴ ζῴην ἔτι,
455 εἰ τἀμὰ τέκνα πρὸς βίαν νυμφεύσεται.
Καὶ ταῦτα μὲν δὴ πρὸς τὰ σὰ ἐξηκόντισα.
Ἥκεις δὲ δὴ τί τῆσδε γῆς κεχρημένος;
κλαίων γ' ἂν ἦλθες, εἴ σε μὴ '†πεμψεν πόλις,
περισσὰ φωνῶν: τὸν γὰρ ἄγγελον χρεὼν
460 λέξανθ' ὅσ' ἂν τάξῃ τις ὡς τάχος πάλιν
χωρεῖν. Τὸ λοιπὸν δ' εἰς ἐμὴν πόλιν Κρέων
ἧσσον λάλον σου πεμπέτω τιν' ἄγγελον.

Χορός

Φεῦ φεῦ: κακοῖσιν ὡς ὅταν δαίμων διδῷ
καλῶς, ὑβρίζουσ' ὡς ἀεὶ πράξοντες εὖ.

 

THÉSÉE.

Voilà un héraut amusant, et qui, par-dessus le marché, cultive l'éloquence. Mais, puisque tu as engagé ce combat, écoute ; car c'est toi qui as entamé la discussion.   Rien de plus funeste à l'état qu'un tyran : là d'abord l'autorité des lois n'est plus générale; lui seul dispose de la loi, et elle n'est plus égale pour tous. Mais les lois écrites donnent au faible et au puissant des droits égaux ; le dernier des citoyens ose répondre avec fierté au riche arrogant qui l'insulte ; et le petit, s'il a pour lui la justice, l'emporte sur le grand. La liberté règne où le héraut demande : « Qui a quelque chose à propose pour le bien de l'état ? » Celui qui veut parler se fait connaître ; celui qui n'a rien à dire garde le silence. Où trouver plus d'égalité que dans un tel état? Partout où le peuple est le maître, il voit avec plaisir s'élever de vaillants citoyens; mais un roi voit en eux autant d'ennemis, et il fait périr les plus illustres et les plus sages, par crainte pour sa tyrannie. Comment un état pourrait-il encore être fort, quand un maître y moissonne l'audace et la jeunesse, comme on fauche les épis dans un champ au printemps? A quoi bon amasser des biens et des richesses pour ses fils, si l'on travaille seulement à enrichir le tyran? Qui prendra soin d'élever ses filles honnêtement dans sa maison, pour préparer des voluptés au tyran dès qu'il le voudra, et des larmes à sa famille? Plutôt mourir que de voir mes filles devenir la proie de la violence ! En voilà assez pour repousser tes attaques. Mais que viens-tu demander à ce pays? Et sache que si tu n'étais l'envoyé d'une ville, tu ne m'aurais pas impunément fatigué par des discours superflus. Un messager doit s'acquitter promptement de sa mission, et retourner aussitôt vers la ville qui l'envoie. Que  Créon, à l'avenir, envoie vers nous un héraut moins bavard.

LE CHOEUR.

Quand le sort favorise les méchants, ils deviennent insolents, comme s'ils devaient être toujours heureux.

 

 

Sur la dimension politique du théâtre d'Euripide.
 
Voir notamment sur ce site http://philo-lettres.fr/grec/Euripide.html
 
et dans ce court article de Jacqueline de Romilly disponible ici 
 
et plus généralement sur la dimension philosophique du théâtre d'Euripide
http://remacle.org/bloodwolf/tragediens/euripide/Euripide1.htm
 
http://interclassica.um.es/var/plain/storage/original/application/9bfe3bad0d4a15b3a1dcf44cad620214.pdf

Textes complémentaires

SOPHOCLE : Thésée, voix de la cité
(Oedipe à Colone)


 

 

 

Thésée à Créon :

« Οὔκουν τις ὡς τάχιστα προσπόλων μολὼν
πρὸς τούσδε βωμοὺς πάντ΄ ἀναγκάσει λεὼν
ἄνιππον ἱππότην τε θυμάτων ἄπο σπεύδειν
ἀπὸ ῥυτῆρος ἔνθα δίστομοι
μάλιστα συμβάλλουσιν ἐμπόρων ὁδοί
ὡς μὴ παρέλθωσ΄ αἱ κόραι γέλως δ΄ ἐγὼ
ξένῳ γένωμαι τῷδε χειρωθεὶς βίᾳ;
ἴθ΄ ὡς ἄνωγα σὺν τάχει. Τοῦτον δ΄ ἐγώ
εἰ μὲν δι΄ ὀργῆς ἧκον ἧς ὅδ΄ ἄξιος
ἄτρωτον οὐ μεθῆκ΄ ἂν ἐξ ἐμῆς χερός·
νῦν δ΄ οὕσπερ αὐτὸς τοὺς νόμους εἰσῆλθ΄ ἔχων
τούτοισι κοὐκ ἄλλοισιν ἁρμοσθήσεται.
Οὐ γάρ ποτ΄ ἔξει τῆσδε τῆς χώρας πρὶν ἂν
κείνας ἐναργεῖς δεῦρό μοι στήσῃς ἄγων·
ἐπεὶ δέδρακας οὔτ΄ ἐμοῦ καταξίως
οὔθ΄ ὧν πέφυκας αὐτὸς οὔτε σῆς χθονός
ὅστις δίκαι΄ ἀσκοῦσαν εἰσελθὼν πόλιν
κἄνευ νόμου κραίνουσαν οὐδέν εἶτ΄ ἀφεὶς
τὰ τῆσδε τῆς γῆς κύρι΄ ὧδ΄ ἐπεισπεσὼν
ἄγεις θ΄ ἃ χρῄζεις καὶ παρίστασαι βίᾳ·
καί μοι πόλιν κένανδρον ἢ δούλην τινὰ
ἔδοξας εἶναι κἄμ΄ ἴσον τῷ μηδενί.
Καίτοι σε Θῆβαί γ΄ οὐκ ἐπαίδευσαν κακόν·
οὐ γὰρ φιλοῦσιν ἄνδρας ἐκδίκους τρέφειν
οὐδ΄ ἄν σ΄ ἐπαινέσειαν εἰ πυθοίατο
συλῶντα τἀμὰ καὶ τὰ τῶν θεῶν βίᾳ
ἄγοντα φωτῶν ἀθλίων ἱκτήρια.
Οὔκουν ἔγωγ΄ ἄν σῆς ἐπεμβαίνων χθονός
οὐδ΄ εἰ τὰ πάντων εἶχον ἐνδικώτατα
ἄνευ γε τοῦ κραίνοντος ὅστις ἦν χθονὸς
οὔθ΄ εἷλκον οὔτ΄ ἂν ἦγον ἀλλ΄ ἠπιστάμην
ξένον παρ΄ ἀστοῖς ὡς διαιτᾶσθαι χρεών.
Σὺ δ΄ ἀξίαν οὐκ οὖσαν αἰσχύνεις πόλιν
τὴν αὐτὸς αὐτοῦ καί σ΄ ὁ πληθύων χρόνος
γέρονθ΄ ὁμοῦ τίθησι καὶ τοῦ νοῦ κενόν.
Εἶπον μὲν οὖν καὶ πρόσθεν ἐννέπω δὲ νῦν
τὰς παῖδας ὡς τάχιστα δεῦρ΄ ἄγειν τινά
εἰ μὴ μέτοικος τῆσδε τῆς χώρας θέλεις
εἶναι βίᾳ τε κοὐχ ἑκών· καὶ ταῦτά σοι
τῷ νῷ θ΄ ὁμοίως κἀπὸ τῆς γλώσσης λέγω. »

 

Thésée à Créon :

Qu'un de vous coure très-promptement vers ces autels ; qu'il rassemble le peuple entier, cavaliers et piétons, afin que tous, laissant le sacrifice, se précipitent au lieu où les deux routes n'en font qu'une, de sorte que les jeunes vierges ne puissent passer outre et que je ne sois point raillé par cet étranger, étant vaincu par lui ! Va ! et promptement, comme je l'ai ordonné. Pour celui-ci, si je cédais à la colère qu'il mérite, je ne le renverrais pas sain et sauf de mes mains; mais il sera jugé par les mêmes lois qu'il a apportées, non par d'autres. Car tu ne t'en iras point de cette terre avant de m'avoir rendu ici ces jeunes filles, ayant commis un crime indigne de moi, de ceux dont tu es né et de ta patrie. Tu es venu, en effet, dans une ville qui honore la justice, qui ne fait rien contre le droit; et, te ruant contre l'autorité méprisée des lois, tu emmènes de force ce que tu veux et tu t'en saisis violemment ! As-tu pensé que ma ville était vide d'hommes ou esclave de quelqu'un, et que moi, je n'étais rien ? Cependant, les Thèbaiens ne t'ont point instruit au mal. Ils n'ont point coutume d'élever des hommes injustes, et ils ne t'approuveraient pas s'ils apprenaient que tu nous dépouilles, les Dieux et moi, en entraînant de force des suppliants malheureux. Certes, si j'entrais dans ta terre, même pour la plus juste des causes, je n'enlèverais ni n'emmènerais rien contre le désir du chef, quel qu'il fût ; mais je saurais comment un étranger doit agir envers les citoyens. Toi, tu déshonores ta propre terre qui ne le mérite pas ; et les nombreux jours qui ont fait de toi un vieillard t'ont ravi l'intelligence. Je l'ai dit déjà et le redis : qu'on ramène très-promptement ces enfants, si tu ne veux habiter ici de force et contre ton gré ! Et je te dis ceci de la langue et de l'esprit.

Traduction de Leconte de Lisle


ARISTOTE : La citoyenneté par double ascendance (Constitution d'Athènes, XLVI) (La loi de 451)


Τὰ μὲν οὖν ἄλλα πάντα διῴ κουν οὐχ ὁμοίως καὶ πρότερον τοῖς νόμοις προσέχοντες, τὴν δὲ τῶν ἐννέα ἀρχόντων αἵρεσιν οὐκ ἐκίνουν, ἀλλ΄ ἕκτῳ ἔτει μετὰ τὸν Ἐφιάλτου θάνατον ἔγνωσαν καὶ ἐκ ζευγι τῶν προκρίνεσθαι τοὺς κληρωσομένους τῶν ἐννέα ἀρχόν των, καὶ πρῶτος ἦρξεν ἐξ αὐτῶν Μνησιθείδης. Οἱ δὲ πρὸ τούτου πάντες ἐξ ἱππέων καὶ πεντακοσιομεδίμνων ἦσαν (οἱ δὲ ζευγῖται τὰς ἐγκυκλίους ἦρχον), εἰ μή τι παρεωρᾶτο τῶν ἐν τοῖς νόμοις. Ἔτει δὲ πέμπτῳ μετὰ ταῦτα ἐπὶ Λυσικράτους ἄρχοντος οἱ τριάκοντα δικασταὶ κατέστησαν πάλιν οἱ καλούμενοι κατὰ δήμους. Καὶ τρίτῳ μετὰ τοῦτον ἐπὶ Ἀντιδότου διὰ τὸ πλῆθος τῶν πολιτῶν Περικλέους εἰπόντος ἔγνωσαν μὴ μετέχειν τῆς πόλεως, ὃς ἂν μὴ ἐξ ἀμφοῖν ἀστοῖν ᾖ γεγονώς.;.

NB : on voit la difficulté de traduire le terme ἀστοῖν employé au duel. La loi de 451 impose que le père et la mère soient ἀστός et ἀστή c'est à dire qu'ils jouissent tous deux de leurs droits civils.
Le mot "citoyen" ne convient donc pas car la femme n'est pas citoyenne mais "citadin" serait faux et l'expression "de père et de mère athéniens" choisie ici n'est guère plus satisfaisante.

 

 

Pour le reste, bien que, dans la pratique du régime politique, on n'observât pas les lois avec autant de respect que par le passé, on n'avait pourtant pas touché à l'élection des neuf archontes : ce n'est que cinq ans après la mort d'Éphialte que l'on décida que les zeugites, eux aussi, pourraient être désignés par une élection préalable pour tirer au sort les charges des neuf archontes. Le premier zeugite qui fut archonte fut Mnésitheidès.
Jusqu'alors, tous les archontes avaient été pris parmi les pentacosiomédimnes et les cavaliers : les zeugites ne remplissaient que les charges inférieures, à moins que quelque infraction aux lois ne fût commise par les dèmes.
Quatre ans après, sous l'archontat de Lysicratès, on institua de nouveau les trente juges, appelés juges des dèmes, et deux ans plus tard, sous l'archontat d'Antidotos, en considération du nombre croissant des citoyens et sur la proposition de Périclès, il fut décidé que,nul ne jouira des droits politiques, s'il n'est pas né de père et de mère athéniens.

Aristote. Constitution d'Athènes, traduite par B. Haussoullier,... Paris : E. Bouillon, 1891

 

 

ARISTOTE : les réformes de Clisthène
(Constitution d'Athènes, XXI)


 

 

 

 

Διὰ μὲν οὖν ταύτας τὰς αἰτίας ἐπίστευεν ὁ δῆμος τῷ Κλεισθένει. Tότε δὲ τοῦ πλήθους προεστηκώς, ἔτει τετάρτῳ μετὰ τὴν τῶν τυράννων κατάλυσιν, ἐπὶ Ἰσαγόρου ἄρ χοντος, πρῶτον μὲν συνένειμε πάντας εἰς δέκα φυλὰς ἀντὶ τῶν τεττάρων, ἀναμεῖξαι βουλόμενος, ὅπως μετάσχωσι πλείους τῆς πολιτείας· ὅθεν ἐλέχθη καὶ τὸ μὴ φυλοκρινεῖν, πρὸς τοὺς ἐξετάζειν τὰ γένη βουλομένους. Ἔπειτα τὴν βουλὴν πεντακοσίους ἀντὶ τετρακοσίων κατέστησεν, πεν τήκοντα ἐξ ἑκάστης φυλῆς. Τότε δ΄ ἦσαν ἑκατόν. Διὰ τοῦτο δὲ οὐκ εἰς δώδεκα φυλὰς συνέταξεν, ὅπως αὐτῷ μὴ συμβαίνῃ μερίζειν πρὸς τὰς προϋπαρχούσας τριττῦς. Ἦσαν γὰρ ἐκ δ φυλῶν δώδεκα τριττύες, ὥστ΄ οὐ συν έπιπτεν ἂν ἀναμίσγεσθαι τὸ πλῆθος. Διένειμε δὲ καὶ τὴν χώραν κατὰ δήμους τριάκοντα μέρη, δέκα μὲν τῶν περὶ τὸ ἄστυ, δέκα δὲ τῆς παραλίας, δέκα δὲ τῆς μεσογείου, καὶ ταύτας ἐπονομάσας τριττῦς, ἐκλήρωσεν τρεῖς εἰς τὴν φυλὴν ἑκά στην, ὅπως ἑκάστη μετέχῃ πάντων τῶν τόπων. Καὶ δη μότας ἐποίησεν ἀλλήλων τοὺς οἰκοῦντας ἐν ἑκάστῳ τῶν δήμων, ἵνα μὴ πατρόθεν προσαγορεύοντες ἐξελέγχωσιν τοὺς νεοπολίτας, ἀλλὰ τῶν δήμων ἀναγορεύωσιν. Ὅθεν καὶ καλοῦσιν Ἀθηναῖοι σφᾶς αὐτοὺς τῶν δήμων. Κατέστησε δὲ καὶ δημάρχους, τὴν αὐτὴν ἔχοντας ἐπιμέλειαν τοῖς πρότερον ναυκράροις. Καὶ γὰρ τοὺς δήμους ἀντὶ τῶν ναυκραριῶν ἐποίησεν. Προσηγόρευσε δὲ τῶν δήμων τοὺς μὲν ἀπὸ τῶν τόπων, τοὺς δὲ ἀπὸ τῶν κτισάντων· οὐ γὰρ ἅπαντες ὑπῆρχον ἐν τοῖς τόποις. Τὰ δὲ γένη καὶ τὰς φρα τρίας καὶ τὰς ἱερωσύνας εἴασεν ἔχειν ἑκάστους κατὰ τὰ πάτρια. Ταῖς δὲ φυλαῖς ἐποίησεν ἐπωνύμους ἐκ τῶν προ κριθέντων ἑκατὸν ἀρχηγετῶν, οὓς ἀνεῖλεν ἡ Πυθία δέκα.  

C'est pour ces raisons que le peuple accorda sa confiance à Clisthène. Ayant pris la tête du parti populaire, Clisthène fit ses réformes sous l'archontat d'Isagoras, trois ans après le renversement des tyrans. Il commença par répartir les Athéniens dans dix tribus. Jusque-là, il n'y en avait eu que quatre ; mais Clisthène voulait mêler davantage les citoyens les uns aux autres et faire participer un plus grand nombre d'hommes à la vie politique. De là cette phrase qu'on adressa dans la suite à ceux qui voulaient réviser les listes des membres des familles : Ne vous oc­cupez pas des tribus ! Il porta le nombre des Conseillers de quatre cents à cinq cents, cinquante par tribu. Auparavant chaque tribu fournissait cent Conseillers. S'il ne répartit pas les citoyens en douze tribus, c'était pour ne pas retomber dans les divisions déjà existantes des trittyes (les quatre tribus étaient en effet divisées en douze trittyes) : le peuple ne s'y serait pas suffisamment confondu.
Le sol, qu'il divisa par dèmes, fut distribué en trente parties, dix dans les environs de la ville, dix dans la paralie et dix dans la mésogée ; et ces parties, qu'il appela trittyes, furent assignées par le sort aux dix tribus, à raison de trois par tribu, si bien que chacune des tribus tenait à toutes les contrées de l'Attique. Les habitants de chaque dème formèrent entre eux un groupe de démotes, et pour que l'appellation patronymique ne pût trahir les nouveaux citoyens, on ne se servit plus, pour désigner les citoyens, que du nom du dème : l'usage du démotique à Athènes date de cette époque. Clisthène attribua aux démarques les mêmes fonctions qu'exerçaient autre fois les naucrares : les dèmes remplacèrent en effet les naucraries. Pour les noms des dèmes, il les emprunta soit aux lieux qu'ils occupaient, soit aux personnes qui avaient fondé le bourg : car nombre de lieux n'avaient pas de nom.
Quant aux familles, aux phratries et aux sacerdoces, il les laissa tous subsister, respectant la tradition. Les dix tribus reçurent les noms de dix éponymes, que la Pythie désigna parmi les cent héros choisis à l'avance.

Aristote. Constitution d'Athènes. Traduction B. Haussoullier. Ed°. Bouillon, Paris, 1890.

 

THUCYDIDE : Discours de Périclès (Guerre du Péloponnèse II, 37)


 

 

 

Χρώμεθα γὰρ πολιτείᾳ οὐ ζηλούσῃ τοὺς τῶν πέλας νόμους, παράδειγμα δὲ μᾶλλον αὐτοὶ ὄντες τισὶν ἢ μιμού μενοι ἑτέρους. Καὶ ὄνομα μὲν διὰ τὸ μὴ ἐς ὀλίγους ἀλλ΄ ἐς πλείονας οἰκεῖν δημοκρατία κέκληται· μέτεστι δὲ κατὰ μὲν τοὺς νόμους πρὸς τὰ ἴδια διάφορα πᾶσι τὸ ἴσον, κατὰ δὲ τὴν ἀξίωσιν, ὡς ἕκαστος ἔν τῳ εὐδοκιμεῖ, οὐκ ἀπὸ μέρους τὸ πλέον ἐς τὰ κοινὰ ἢ ἀπ΄ ἀρετῆς προτιμᾶται, οὐδ΄ αὖ κατὰ πενίαν, ἔχων γέ τι ἀγαθὸν δρᾶσαι τὴν πόλιν, ἀξιώματος ἀφανείᾳ κεκώλυται. Ἐλευθέρως δὲ τά τε πρὸς τὸ κοινὸν πολιτεύομεν καὶ ἐς τὴν πρὸς ἀλλήλους τῶν καθ΄ ἡμέραν ἐπιτηδευμάτων ὑποψίαν, οὐ δι΄ ὀργῆς τὸν πέλας, εἰ καθ΄ ἡδονήν τι δρᾷ, ἔχοντες, οὐδὲ ἀζημίους μέν, λυπηρὰς δὲ τῇ ὄψει ἀχθηδόνας προστιθέμενοι. Ἀνεπαχθῶς δὲ τὰ ἴδια προσομιλοῦντες τὰ δημόσια διὰ δέος μάλιστα οὐ παρανο μοῦμεν, τῶν τε αἰεὶ ἐν ἀρχῇ ὄντων ἀκροάσει καὶ τῶν νόμων, καὶ μάλιστα αὐτῶν ὅσοι τε ἐπ΄ ὠφελίᾳ τῶν ἀδικουμένων κεῖνται καὶ ὅσοι ἄγραφοι ὄντες αἰσχύνην ὁμολογουμένην φέρουσιν.  

Notre constitution politique n’est pas jalouse des lois de nos voisins , et nous servons plutôt à quelques-uns de modèles que nous n’imitons les autres. Comme notre gouvernement n’est pas dans les mains d’un petit nombre de citoyens, mais dans celles du grand nombre, il a reçu le nom de démocratie. Dans les différends qui s’élèvent entre particuliers, tous suivant les lois, jouissent de l’égalité : la considération s’accorde à celui qui se distingue par quelque mérite, et si l’on obtient de la république des honneurs , c’est par des vertus, et non parce qu’on appartient à une certaine classe. Peut-on rendre quelque service à l’état, on ne se voit pas repoussé parce qu’on est obscur et pauvre. Tous, nous disons librement notre avis sur les intérêts publics ; mais dans le commerce journalier de la vie, nous ne portons pas un oeil soupçonneux sur les actions des autres ; nous ne leur faisons pas un crime de leurs jouissances ; nous ne leur montrons pas un front sévère, qui afflige du moins, s’il ne blesse pas. Mais, sans avoir tien d’austère dans le commerce particulier, une crainte salutaire nous empêche de prévariquer dans ce qui regarde la patrie, toujours écoutant les magistrats et Ies lois, surtout celles qui ont été portées en faveur des opprimés, toutes celles même qui , sans être écrites, sont le résultat d’une convention générale et ne peuvent être enfreintes sans honte.

(Traduction J.A.C. BUCHON, 1848)

 



 

 

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Texte 2 PLATON : la démocratie, gouvernement des meilleurs
(Ménexène, 238 c)


Πολιτεία γὰρ τροφὴ ἀνθρώπων ἐστίν, καλὴ μὲν ἀγαθῶν, ἡ δὲ ἐναντία κακῶν. Ὡς οὖν ἐν καλῇ πολιτείᾳ ἐτράφησαν οἱ πρόσθεν ἡμῶν, ἀναγκαῖον δηλῶσαι, δι΄ ἣν δὴ κἀκεῖνοι ἀγαθοὶ καὶ οἱ νῦν εἰσιν, ὧν οἵδε τυγχάνουσιν ὄντες οἱ τετελευτηκότες. Ἡ γὰρ αὐτὴ πολιτεία καὶ τότε ἦν καὶ νῦν, ἀριστοκρατία, ἐν ᾗ νῦν τε πολιτευόμεθα καὶ τὸν ἀεὶ χρόνον ἐξ ἐκείνου ὡς τὰ πολλά. Καλεῖ δὲ ὁ μὲν αὐτὴν δημοκρατίαν, ὁ δὲ ἄλλο, ᾧ ἂν χαίρῃ, ἔστι δὲ τῇ ἀληθείᾳ μετ΄ εὐδοξίας πλήθους ἀριστοκρατία. Βασιλῆς μὲν γὰρ ἀεὶ ἡμῖν εἰσιν· οὗτοι δὲ τοτὲ μὲν ἐκ γένους, τοτὲ δὲ αἱρετοί· ἐγκρατὲς δὲ τῆς πόλεως τὰ πολλὰ τὸ πλῆθος, τὰς δὲ ἀρχὰς δίδωσι καὶ κράτος τοῖς ἀεὶ δόξασιν ἀρίστοις εἶναι, καὶ οὔτε ἀσθενείᾳ οὔτε πενίᾳ οὔτ΄ ἀγνωσίᾳ πατέρων ἀπελήλαται οὐδεὶς οὐδὲ τοῖς ἐναντίοις τετίμηται, ὥσπερ ἐν ἄλλαις πόλεσιν, ἀλλὰ εἷς ὅρος, ὁ δόξας σοφὸς ἢ ἀγαθὸς εἶναι κρατεῖ καὶ ἄρχει.

C'est le régime politique qui nourrit le peuple. Il produit de braves gens, s'il est bon, des méchants, s'il est mauvais. Il convient donc de montrer que nos ancêtres ont été élevés dans un régime bien réglé, qui les a rendus vertueux tout comme les hommes d'aujourd'hui, au nombre desquels comptent les morts ici présents (1).
C'était alors le même régime que de nos jours, le gouvernement des meilleurs, par lequel nous sommes régis aujourd'hui comme nous l'avons toujours été depuis cette époque, la plupart du temps. Tel l'appelle démocratie, tel autre du nom qui lui convient mais c'est en vérité une aristocratie avec l'assentiment de la foule. Des rois, nous en avons toujours. tantôt ils le sont par leur naissance et tantôt parce qu'on les choisit mais le pouvoir dans la cité est pour la plus grande part entre les mains de la foule. qui attribue charges et commandements sont à ceux qui à chaque fois lui ont paru être les meilleurs.

(traduction MSM)

(1) Ce discours est prononcé dans le cadre d'une oraison funèbre.

Texte 2 Ménexene (mot-à-mot)

Texte grec
 

 

Traduction mot à mot



Πολιτεία γὰρ
τροφὴ ἀνθρώπων ἐστίν,
καλὴ μὲν ἀγαθῶν,
ἡ δὲ ἐναντία κακῶν.
Ὡς οὖν ἐν καλῇ πολιτείᾳ
ἐτράφησαν
οἱ πρόσθεν ἡμῶν,
ἀναγκαῖον δηλῶσαι,
δι΄ ἣν δὴ
κἀκεῖνοι
ἀγαθοὶ
καὶ οἱ νῦν εἰσιν,
ὧν οἵδε τυγχάνουσιν ὄντες
οἱ τετελευτηκότες.
Ἡ γὰρ αὐτὴ πολιτεία
καὶ τότε ἦν καὶ νῦν,
ἀριστοκρατία,
ἐν ᾗ  πολιτευόμεθα
νῦν τε καὶ τὸν ἀεὶ χρόνον
ἐξ ἐκείνου
ὡς τὰ πολλά.
Καλεῖ δὲ ὁ μὲν αὐτὴν
δημοκρατίαν,
ὁ δὲ ἄλλο,
ᾧ ἂν χαίρῃ,
ἔστι δὲ τῇ ἀληθείᾳ
μετ΄ εὐδοξίας πλήθους
ἀριστοκρατία.
Βασιλῆς μὲν γὰρ ἀεὶ ἡμῖν εἰσιν·
οὗτοι δὲ
τοτὲ μὲν ἐκ γένους,
τοτὲ δὲ αἱρετοί·
τὸ πλῆθος ...τὰ πολλὰ
ἐγκρατὲς δὲ τῆς πόλεως
τὰς δὲ ἀρχὰς δίδωσι
καὶ κράτος
τοῖς ἀεὶ δόξασιν ἀρίστοις εἶναι,
καὶ οὔτε ἀσθενείᾳ οὔτε πενίᾳ
οὔτ΄ ἀγνωσίᾳ πατέρων
ἀπελήλαται οὐδεὶς
οὐδὲ  τετίμηται,
τοῖς ἐναντίοις
ὥσπερ ἐν ἄλλαις πόλεσιν,
ἀλλὰ εἷς ὅρος,
ὁ δόξας... εἶναι
σοφὸς ἢ ἀγαθὸς
κρατεῖ καὶ ἄρχει.

 

 

 

 


 


 

 

 

 

 

 

 

Car une constitution
est nourricière des hommes
bonne d’un côté pour les hommes bons,
mais contraire pour les méchants.
Que donc (c’est) dans une bonne constitution
qu’ont été nourris
nos prédécesseurs (ceux d’avant nous)
il est nécessaire de (le) montrer,
grâce à laquelle certes
et ceux-là
(étaient) vertueux
et ceux d’aujourd’hui le sont,
(au nombre) desquels se trouvent ceux-ci étant
les morts.
Car la même constitution
était et alors et aujourd’hui,
une aristocratie,
dans laquelle nous vivons politiquement
et maintenant et toujours
depuis ce (temps)
généralement.
Or l’un l’appelle
démocratie
l’un d’un autre (nom)
de celui qui lui plaît,
mais c’est en vérité
avec l’approbation de la multitude
une aristocratie.
En effet des rois sont toujours à nous
et ceux-ci sont
tantôt par la naissance
tantôt électifs
La multitude est le plus souvent
maîtresse de la cité
et donne les charges
et le pouvoir
à ceux qui toujours apparaissent être les meilleurs
et ni par la faiblesse ni pour la pauvreté
ni pour l’obscurité des pères
personne n’a été repoussé
ni n’a été élevé aux honneurs
pour les (avantages) contraires
Comme dans d’autres cités
mais il y a une règle unique
celui qui a paru être
sage ou vertureux
commande et gouverne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le panégyrique d'Athènes d'Isocrate

Isocrate est né en 436, dans une famille aisée. Il reçoit une éducation soignée et devient l'élève du sophiste Prodicos, puis du vieux Gorgias.
Il revient à Athènes en 400 et se fait logographe, c'est à dire qu'il compose des discours judiciaires. Puis, en 393, il ouvre une école d'éloquence. C'est alors qu'il écrit plusieurs de ses discours remarquables, comme modèles pour son enseignement.
Il composa, à plus de quatre-vingt ans le discours "Sur l'échange", pour se défendre d'une accusation dans une affaire de triérarchie. Il atteignit l'âge de quatre vingt dix sept ans. La tradition veut qu'il se soit laissé mourir de faim après la bataille de Chéronée.

Dans son Panégyrique, l'auteur use de la fiction d'un discours prononcé à Olympie pour livrer son plus beau discours d'apparat qui invite les Grecs à l'union.

Kαὶ τὸ τῶν Ἑλλήνων ὄνομα πεποίηκεν μηκέτι τοῦ γένους, ἀλλὰ τῆς διανοίας δοκεῖν εἶναι, καὶ μᾶλλον Ἕλληνας καλεῖσθαι τοὺς τῆς παιδεύσεως τῆς ἡμετέρας ἢ τοὺς τῆς κοινῆς φύσεως μετέχοντας.


"Athènes a fait que le nom de Grecs ne semble plus désigner le peuple, mais la culture, et qu'on appelle Grecs plutôt ceux qui partagent notre culture que ceux qui ont la même origine que nous."
(Isocr., Paneg.  50)

Le panégyrique d'Athènes d'Isocrate PanegyriqueAthenes.pdf

Sur les origines de la cité, Le mythe de Protagoras

Platon, Protagoras, 321c-323

De l'origine de la cité comme passage de l'état sauvage à l'état civilisé

TEXTE

 

Traduction

… ἅτε δὴ οὖν οὐ πάνυ τι σοφὸς ὢν ὁ Ἐπιμηθεὺς ἔλαθεν αὑτὸν (321c) καταναλώσας τὰς δυνάμεις εἰς τὰ ἄλογα· λοιπὸν δὴ ἀκόσμητον ἔτι αὐτῷ ἦν τὸ ἀνθρώπων γένος, καὶ ἠπόρει ὅτι χρήσαιτο. ἀποροῦντι δὲ αὐτῷ ἔρχεται Προμηθεὺς ἐπισκεψόμενος τὴν νομήν, καὶ ὁρᾷ τὰ μὲν ἄλλα ζῷα ἐμμελῶς πάντων ἔχοντα, τὸν δὲ ἄνθρωπον γυμνόν τε καὶ ἀνυπόδητον καὶ ἄστρωτον καὶ ἄοπλον· ἤδη δὲ καὶ ἡ εἱμαρμένη ἡμέρα παρῆν, ἐν ᾗ ἔδει καὶ ἄνθρωπον ἐξιέναι ἐκ γῆς εἰς φῶς. ἀπορίᾳ οὖν σχόμενος ὁ Προμηθεὺς ἥντινα σωτηρίαν τῷ ἀνθρώπῳ εὕροι, (321d) κλέπτει Ἡφαίστου καὶ Ἀθηνᾶς τὴν ἔντεχνον σοφίαν σὺν πυρί—ἀμήχανον γὰρ ἦν ἄνευ πυρὸς αὐτὴν κτητήν τῳ ἢ χρησίμην γενέσθαι—καὶ οὕτω δὴ δωρεῖται ἀνθρώπῳ. τὴν μὲν οὖν περὶ τὸν βίον σοφίαν ἄνθρωπος ταύτῃ ἔσχεν, τὴν δὲ πολιτικὴν οὐκ εἶχεν· ἦν γὰρ παρὰ τῷ Διί. τῷ δὲ Προμηθεῖ εἰς μὲν τὴν ἀκρόπολιν τὴν τοῦ Διὸς οἴκησιν οὐκέτι ἐνεχώρει εἰσελθεῖν—πρὸς δὲ καὶ αἱ Διὸς φυλακαὶ φοβεραὶ ἦσαν—εἰς δὲ τὸ τῆς Ἀθηνᾶς καὶ Ἡφαίστου οἴκημα τὸ κοινόν, ἐν ᾧ (321e) ἐφιλοτεχνείτην, λαθὼν εἰσέρχεται, καὶ κλέψας τήν τε ἔμπυρον τέχνην τὴν τοῦ Ἡφαίστου καὶ τὴν ἄλλην τὴν τῆς Ἀθηνᾶς δίδωσιν ἀνθρώπῳ,
[322] καὶ ἐκ τούτου εὐπορία μὲν ἀνθρώπῳ τοῦ (322a) βίου γίγνεται, Προμηθέα δὲ δι´ Ἐπιμηθέα ὕστερον, ᾗπερ λέγεται, κλοπῆς δίκη μετῆλθεν. Ἐπειδὴ δὲ ὁ ἄνθρωπος θείας μετέσχε μοίρας, πρῶτον μὲν διὰ τὴν τοῦ θεοῦ συγγένειαν ζῴων μόνον θεοὺς ἐνόμισεν, καὶ ἐπεχείρει βωμούς τε ἱδρύεσθαι καὶ ἀγάλματα θεῶν· ἔπειτα φωνὴν καὶ ὀνόματα ταχὺ διηρθρώσατο τῇ τέχνῃ, καὶ οἰκήσεις καὶ ἐσθῆτας καὶ ὑποδέσεις καὶ στρωμνὰς καὶ τὰς ἐκ γῆς τροφὰς ηὕρετο. οὕτω δὴ παρεσκευασμένοι κατ´ ἀρχὰς (322b) ἄνθρωποι ᾤκουν σποράδην, πόλεις δὲ οὐκ ἦσαν· ἀπώλλυντο οὖν ὑπὸ τῶν θηρίων διὰ τὸ πανταχῇ αὐτῶν ἀσθενέστεροι εἶναι, καὶ ἡ δημιουργικὴ τέχνη αὐτοῖς πρὸς μὲν τροφὴν ἱκανὴ βοηθὸς ἦν, πρὸς δὲ τὸν τῶν θηρίων πόλεμον ἐνδεής —πολιτικὴν γὰρ τέχνην οὔπω εἶχον, ἧς μέρος πολεμική— ἐζήτουν δὴ ἁθροίζεσθαι καὶ σῴζεσθαι κτίζοντες πόλεις· ὅτ´ οὖν ἁθροισθεῖεν, ἠδίκουν ἀλλήλους ἅτε οὐκ ἔχοντες τὴν πολιτικὴν τέχνην, ὥστε πάλιν σκεδαννύμενοι διεφθείροντο. (322c) Ζεὺς οὖν δείσας περὶ τῷ γένει ἡμῶν μὴ ἀπόλοιτο πᾶν, Ἑρμῆν πέμπει ἄγοντα εἰς ἀνθρώπους αἰδῶ τε καὶ δίκην, ἵν´ εἶεν πόλεων κόσμοι τε καὶ δεσμοὶ φιλίας συναγωγοί. ἐρωτᾷ οὖν Ἑρμῆς Δία τίνα οὖν τρόπον δοίη δίκην καὶ αἰδῶ ἀνθρώποις· "Πότερον ὡς αἱ τέχναι νενέμηνται, οὕτω καὶ ταύτας νείμω; νενέμηνται δὲ ὧδε· εἷς ἔχων ἰατρικὴν πολλοῖς ἱκανὸς ἰδιώταις, καὶ οἱ ἄλλοι δημιουργοί· καὶ δίκην δὴ καὶ αἰδῶ (322d) οὕτω θῶ ἐν τοῖς ἀνθρώποις, ἢ ἐπὶ πάντας νείμω;" "Ἐπὶ πάντας," ἔφη ὁ Ζεύς, "καὶ πάντες μετεχόντων· οὐ γὰρ ἂν γένοιντο πόλεις, εἰ ὀλίγοι αὐτῶν μετέχοιεν ὥσπερ ἄλλων τεχνῶν· καὶ νόμον γε θὲς παρ´ ἐμοῦ τὸν μὴ δυνάμενον αἰδοῦς καὶ δίκης μετέχειν κτείνειν ὡς νόσον πόλεως." οὕτω δή, ὦ Σώκρατες, καὶ διὰ ταῦτα οἵ τε ἄλλοι καὶ Ἀθηναῖοι, ὅταν μὲν περὶ ἀρετῆς τεκτονικῆς ᾖ λόγος ἢ ἄλλης τινὸς δημιουργικῆς, ὀλίγοις οἴονται μετεῖναι συμβουλῆς, καὶ ἐάν (322e) τις ἐκτὸς ὢν τῶν ὀλίγων συμβουλεύῃ, οὐκ ἀνέχονται, ὡς σὺ φῄς—εἰκότως, ὡς ἐγώ φημι—
[323] ὅταν δὲ εἰς συμβουλὴν πολιτικῆς (323a) ἀρετῆς ἴωσιν, ἣν δεῖ διὰ δικαιοσύνης πᾶσαν ἰέναι καὶ σωφροσύνης, εἰκότως ἅπαντος ἀνδρὸς ἀνέχονται, ὡς παντὶ προσῆκον ταύτης γε μετέχειν τῆς ἀρετῆς ἢ μὴ εἶναι πόλεις. αὕτη, ὦ Σώκρατες, τούτου αἰτία.
  Cependant Epiméthée, qui n’était pas très réfléchi, avait, sans y prendre garde, dépensé pour les animaux toutes les facultés dont il disposait et il lui restait la race humaine à pourvoir, et il ne savait que faire. Dans cet embarras, Prométhée vient pour examiner le partage ; il voit les animaux bien pourvus, mais l’homme nu, sans chaussures, ni couverture, ni armes, et le jour fixé approchait où il fallait l’amener du sein de la terre à la lumière. Alors Prométhée, ne sachant qu’imaginer pour donner à l’homme le moyen de se conserver, vole à Héphaïstos et à Athéna la connaissance des arts avec le feu ; car, sans le feu, la connaissance des arts était impossible et inutile ; et il en fait présent à l’homme. L’homme eut ainsi la science propre à conserver sa vie ; mais il n’avait pas la science politique ; celle-ci se trouvait chez Zeus, et Prométhée n’avait plus le temps de pénétrer dans l’acropole que Zeus habite et où veillent d’ailleurs des gardes redoutables. Il se glisse donc furtivement dans l’atelier commun où Athéna et Héphaïstos cultivaient leur amour des arts, il y dérobe au dieu son art de manier le feu et à la déesse l’art qui lui est propre, et il en fait présent à l’homme,
[322] et c’est ainsi que l’homme peut se procurer des ressources pour vivre. Dans la suite, Prométhée fut, dit-on, puni du larcin qu’il avait commis par la faute d’Epiméthée. XII. — Quand l’homme fut en possession de son lot divin, d’abord à cause de son affinité avec les dieux, il crut à leur existence, privilège qu’il a seul de tous les animaux, et il se mit à leur dresser des autels et des statues ; ensuite il eut bientôt fait, grâce à la science qu’il avait, d’articuler sa voix et de former les noms des choses, d’inventer les maisons, les habits, les chaussures, les lits, et de tirer les aliments du sol. Avec ces ressources, les hommes, à l’origine, vivaient isolés, et les villes n’existaient pas ; aussi périssaient-ils sous les coups des bêtes fauves, toujours plus fortes qu’eux ; les arts mécaniques suffisaient à les faire vivre ; mais ils étaient d’un secours insuffisant dans la guerre contre les bêtes ; car ils ne possédaient pas encore la science politique dont l’art militaire fait partie. En conséquence ils cherchaient à se rassembler et à se mettre en sûreté en fondant des villes ; mais quand ils s’étaient rassemblés, ils se faisaient du mal les uns aux autres, parce que la science politique leur manquait, en sorte qu’ils se séparaient de nouveau et périssaient. Alors Zeus, craignant que notre race ne fût anéantie, envoya Hermès porter aux hommes la pudeur et la justice, pour servir de règles aux cités et unir les hommes par les liens de l’amitié. Hermès alors demanda à Zeus de quelle manière il devait donner aux hommes la justice et la pudeur. Dois-je les partager, comme on a partagé les arts ? Or les arts ont été partagés de manière qu’un seul homme, expert en l’art médical, suffît pour un grand nombre de profanes, et les autres artisans de même. Dois-je répartir ainsi la justice et la pudeur parmi les hommes, ou les partager entre tous ? — Entre tous, répondit Zeus ; que tous y aient part, car les villes ne sauraient exister, si ces vertus étaient, comme les arts, le partage exclusif de quelques-uns ; établis en outre en mon nom cette loi, que tout homme incapable de pudeur et de justice sera exterminé comme un fléau de la société." Voilà comment, Socrate, et voilà pourquoi et les Athéniens et les autres, quand il s’agit d’architecture ou de tout autre art professionnel, pensent qu’il n’appartient qu’à un petit nombre de donner des conseils, et si quelque autre, en dehors de ce petit nombre, se mêle de donner un avis, ils ne le tolèrent pas, comme tu dis, et ils ont raison, selon moi.
[323] Mais quand on délibère sur la politique, où tout repose sur la justice et la tempérance, ils ont raison d’admettre tout le monde, parce qu’il faut que tout le monde ait part a la vertu civile ; autrement il n’y a pas de cité. Voilà, Socrate, la raison de cette différence.

Juxtalinéaire du passage à traduire

Juxtalinéaire du passage à traduire
Ἅτε δὴ οὖν οὐ πάνυ τι σοφὸς ὢν ὁ Ἐπιμηθεὺς
Etant donné donc assurément qu’Épiméthée n'était pas fort habile,
ἔλαθεν αὑτὸν [321c] καταναλώσας τὰς δυνάμεις εἰς τὰ ἄλογα·
il ne s'aperçut pas [321c] qu'il avait épuisé (mot-à-mot= ayant épuisé) toutes les facultés en faveur des êtres privés de raison.
λοιπὸν δὴ ἀκόσμητον ἔτι αὐτῷ ἦν τὸ ἀνθρώπων γένος,
comme reste dépourvu de facultés était encore pour lui la race des hommes
 καὶ ἠπόρει ὅτι χρήσαιτο. et il était embarrassé sur ce qu’il ferait
 Ἀποροῦντι δὲ αὐτῷ ἔρχεται Προμηθεὺς ἐπισκεψόμενος τὴν νομήν,
Vers lui embarrassé, vient Prométhée dans l’idée d’examiner (participe futur) le partage
καὶ ὁρᾷ τὰ μὲν ἄλλα ζῷα ἐμμελῶς πάντων ἔχοντα,
et il voit que les autres êtres vivants possedaient de toutes choses de manière suffisante
τὸν δὲ ἄνθρωπον γυμνόν τε καὶ ἀνυπόδητον καὶ ἄστρωτον καὶ ἄοπλον·
Mais que l’homme nu était sant chaussures, sans vêtements et sans armes
ἤδη δὲ καὶ ἡ εἱμαρμένη ἡμέρα παρῆν, ἐν ᾗ ἔδει καὶ ἄνθρωπον ἐξιέναι ἐκ γῆς εἰς φῶς.
Cependant le jour fixé était là, dans leque il fallait aussi que l’homme sorte de terre vers la lumière
Ἀπορίᾳ οὖν σχόμενος ὁ Προμηθεὺς ἥντινα σωτηρίαν τῷ ἀνθρώπῳ εὕροι,
Prométhée, étant donc dans l’embarras (pour savoir) quel secours il trouverait pour l’homme
 [321d] κλέπτει Ἡφαίστου καὶ Ἀθηνᾶς τὴν ἔντεχνον σοφίαν σὺν πυρί
vole le savoir technique d’Hépaïstos et d’Athéna avec le feu
ἀμήχανον γὰρ ἦν ἄνευ πυρὸς αὐτὴν κτητήν τῳ ἢ χρησίμην γενέσθαι -
En effet il était impossible sans le feu que ce savoir soit acquis pour quelqu’un ou qu’il soit utile
καὶ οὕτω δὴ δωρεῖται ἀνθρώπῳ. et ainsi certes il le donne à l’homme
Τὴν μὲν οὖν περὶ τὸν βίον σοφίαν ἄνθρωπος ταύτῃ ἔσχεν,
le savoir qui concerne l’existence (subsistance) c’est donc par celui-ci ( ταύτῃ renvoie à τὴν ἔντεχνον σοφίαν) que l'homme l’acquit
τὴν δὲ πολιτικὴν οὐκ εἶχεν· mais il ne possédait pas le savoir politique
 ἦν γὰρ παρὰ τῷ Διί.  Il était en effet auprès de Zeus
Τῷ δὲ Προμηθεῖ εἰς μὲν τὴν ἀκρόπολιν τὴν τοῦ Διὸς οἴκησιν οὐκέτι ἐνεχώρει εἰσελθεῖν
Pour Prométhée, il n’était plus possible d’une part d’entrer dans la demeure escarpée de Zeus
πρὸς δὲ καὶ αἱ Διὸς φυλακαὶ φοβεραὶ ἦσαν -
d’autre part, aussi les gardes de Zeus étaient terrifiants (redoutables-
εἰς δὲ τὸ τῆς Ἀθηνᾶς καὶ Ἡφαίστου οἴκημα τὸ κοινόν, ἐν ᾧ [321e] ἐφιλοτεχνείτην, λαθὼν εἰσέρχεται,
C’est dans l’atelier commun d’Athéna et d’Héphaïstos , dans lequel ils aimaient à pratiquer leur art (duel), qu’il entra en se cachant
 καὶ κλέψας τήν τε ἔμπυρον τέχνην τὴν τοῦ Ἡφαίστου καὶ τὴν ἄλλην τὴν τῆς Ἀθηνᾶς δίδωσιν ἀνθρώπῳ,
et ayant volé aussi la technique d’Héphaïstos que la technique d’Athéna il les donna à l’homme
 καὶ ἐκ τούτου εὐπορία μὲν ἀνθρώπῳ τοῦ [322a] βίου γίγνεται,
et de cela pour l’homme d’abord advient un moyen de subsistance
Προμηθέα δὲ δι' Ἐπιμηθέα ὕστερον, ᾗπερ λέγεται, κλοπῆς δίκη μετῆλθεν.
ensuite, contre Prométhée, à cause d’Epiméthée, plus tard, à ce que l’on dit, l’accusation de vol fut portée
Ἐπειδὴ δὲ ὁ ἄνθρωπος θείας μετέσχε μοίρας,
Puisque l’homme partageait les lots divins,
πρῶτον μὲν διὰ τὴν τοῦ θεοῦ συγγένειαν ζῴων μόνον θεοὺς ἐνόμισεν,
d’abord à cause de cette affinité de dieu, seul parmi les animaux il honora les dieux
 καὶ ἐπεχείρει βωμούς τε ἱδρύεσθαι καὶ ἀγάλματα θεῶν·
et il entreprit d’ériger des autels et des statues pour les dieux
ἔπειτα φωνὴν καὶ ὀνόματα ταχὺ διηρθρώσατο τῇ τέχνῃ, ensuite par la techné il articula rapidement la voix et les mots
 καὶ οἰκήσεις καὶ ἐσθῆτας καὶ ὑποδέσεις καὶ στρωμνὰς καὶ τὰς ἐκ γῆς τροφὰς ηὕρετο.
et il découvrit les maisons, les vêtements, les chaussures, des lits, et des nourritures hors de terre
Οὕτω δὴ παρεσκευασμένοι κατ' ἀρχὰς [322b] ἄνθρωποι ᾤκουν σποράδην, πόλεις δὲ οὐκ ἦσαν·
Ainsi pourvus au début, les hommes vivaient dans la dispersion, il n’y avait pas de cités
 ἀπώλλυντο οὖν ὑπὸ τῶν θηρίων διὰ τὸ πανταχῇ αὐτῶν ἀσθενέστεροι εἶναι,
Ils périssaient donc à cause des bêtes sauvages du fait qu’ils étaient plus faibles qu’elles à tout point de vue
καὶ ἡ δημιουργικὴ τέχνη αὐτοῖς πρὸς μὲν τροφὴν ἱκανὴ βοηθὸς ἦν, πρὸς δὲ τὸν τῶν θηρίων πόλεμον ἐνδεής
et la techné artisanale pour eux pour d’une part la nourriture était d’un secours suffisant, mais insuffisante pour la guerre contre les bêtes sauvages
πολιτικὴν γὰρ τέχνην οὔπω εἶχον, ἧς μέρος πολεμική - ἐζήτουν δὴ ἁθροίζεσθαι καὶ σῴζεσθαι κτίζοντες πόλεις·
car ils n’avaient pas encore la techné politique, dont une partie est la science de la guerre - ils cherchaient donc à se rassemble et à se sauver en fondant des cités
ὅτ' οὖν ἁθροισθεῖεν, ἠδίκουν ἀλλήλους ἅτε οὐκ ἔχοντες τὴν πολιτικὴν τέχνην, ὥστε πάλιν σκεδαννύμενοι διεφθείροντο.
lorsque donc ils s’étaient rassemblés (répétition dans le passé) ils commettaient des injustices les uns envers les autres étant donné qu’ils n’avaient pas la science politique, de sorte que de nouveau s’étant dispersés ils périssaient.


 

 

 

 

Platon et la haine de la démocratie? Emission de France Culture, animée par Raphaël Enthoven

à écouter ici

 

 

Le mythe de Prométhée (résumé)

http://focus.tv5monde.com/mythologies/mythe-de-promethee/

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