Sur l’âge d’or

Comment les Romains réinventent le mythe de l'âge d'or

L'origine du mythe

  Le mythe des âges successifs de l'humanité apparaît dans les Travaux et les Jours d'Hésiode, immédiatement après le mythe de Pandore.
      Prométhée a trompé les dieux en volant le feu ; Zeus, en représailles, envoie Pandore à Prométhée et enlève à l'homme nouveau les moyens de vivre ; le travail lié à l'arrivée de la femme clôt définitivement l'âge de la tranquillité et de la proximité de l'homme avec les dieux.
      La différence essentielle avec l'Eden et la chute de la tradition biblique est que les dieux créent successivement plusieurs races d'hommes, sans grande précision sur la nature de leur reproduction, et que de fait la présence de femmes à l'âge d'or est laissée en suspens dans le récit d'Hésiode, comme l'a noté fort justement Jean-Pierre Vernant.
    Cette succession d'âges, correspondant à des races d'hommes successives (ge/nh), prend la forme d'une décadence et d'un éloignement progressif à la fois des dieux et de la valeur fondamentale qu'est la Justice.

    L'association de métaux à cette décadence n'est pas une invention d'Hésiode. Il s'inspire probablement des civilisations orientales où la hiérarchie or / argent / bronze/ fer n'est pas inconnue ; les poètes latins reviendront à ces quatre étapes simples.

    Hésiode, lui, insère entre l'âge de bronze et l'âge de fer l'âge des héros, qui est un arrêt dans la décadence, visant probablement à rendre compte du fait que chez Homère, la force brute et la fourberie qui vont avec la guerre sont tempérées par des valeurs de piété, d'honneur, de sagesse et de justice.

    Il serait donc hâtif de réduire ce mythe une vision pessimiste du temps ou de l'histoire. La question de la représentation du temps selon une ligne continue ou une série de cycles reste aussi en suspens.

Source: Musagora

 

 


Texte 1. Hésiode, Les Travaux et les jours (V. 109-126)

D’or fut la première race d’hommes mortels qu’ont créée les Immortels, habitants de l’Olympe. C’était au temps de Cronos, quand il régnait encore au ciel, ils vivaient comme des dieux, le coeur libre de soucis, à l’écart et à l’abri des peines et des misères : la vieillesse misérable sur eux ne pesait pas ; mais bras et jarret toujours jeunes, ils s’égayaient dans les festins, loin de tous les maux. Mourant, ils semblaient succomber au sommeil. Tous les biens étaient à eux : le sol fécond produisait de lui-même une abondante et généreuse récolte, et eux, dans la joie et la paix, vivaient de leurs champs, au milieu de biens, sans nombre. Depuis que le sol a recouvert ceux de cette race, ils sont par le vouloir de Zeus puissant, les bons génies de la terre, gardiens des mortels, dispensateurs de la richesse : c’est le royal honneur qui leur fut départi.
Traduction Paul Mazon

Hésiode Les travaux et les jours, vers 139 à 164

Encore si tu veux je te réciterai
Un autre beau propos que bien je déduirai :
Mais garde ce discours au fond de ta poitrine :
Car et hommes et Dieux ont eu même origine.
Les Dieux logés au ciel firent premièrement
L’humaine race d’or, lors du gouvernement
Qu’avait Saturne au ciel : or ces hommes sans peine
Sans travail sans souci vivaient une âge pleine,
A l’aise comme Dieux. Ils ne sentaient jamais
La vieillesse chétive, ains également frais
Et de pieds et de mains, exempts de tout martyre
Jamais ils ne faisaient que banqueter et rire :
Et comme sommeillant doucement trépassaient.
De tous biens à souhait ces hommes jouissaient.
La terre donne-vivre apportait d’elle même
Du fruit de son bon gré en abondance extrême.
Eux avec plusieurs biens sans querelle émouvoir,
De franche volonté faisaient bien leur devoir.
Or depuis que la terre eut couvert cette race
Jupiter voulut bien leur faire cette grâce
Que bons démons ils soient, afin que des humains
Sur la terre à jamais soient fidèles gardiens.
Ceux sont eux qui sur cette terre et ça et là tournoient
D’or vestus, donne-biens, et diligents s’emploient
A remarquer tous ceux qui font ou bien ou mal.
C’est le loyer qu’ils ont magnifique et royal.

 


A l'époque républicaine

Salluste

Salluste, Conjuration de Catilina, 9-10
Garnier, édition de François RICHARD, 1933. (pour Jugurtha et Catilina).  collection Panckoucke, par Charles Durosoir (1865), revue par J.-P. Charpentier et Félix Lemaistre (pour le reste)
L’âge d’or des vertus romaines

 

 

 

 

X. - Ainsi donc, en paix comme en guerre, les vertus étaient en honneur : concorde absolue, aucune avidité ; chez les anciens Romains, le droit et le bien régnaient, moins en vertu des lois que par une impulsion naturelle. Les disputes, les désaccords, les compétitions étaient pour les ennemis du pays ; entre eux les citoyens luttaient de vertu. On dépensait sans compter dans les cérémonies religieuses, mais on économisait dans la vie privée, et on gardait à ses amis la parole donnée. Le courage à la guerre, et, la paix revenue, l'équité, tels étaient les moyens d'assurer la force de la famille et de l'État. Je puis le prouver par des exemples bien significatifs : dans les guerres, on a vu plus d'hommes punis pour avoir engagé la bataille malgré les ordres donnés, ou pour avoir tardivement obéi au signal de retraite et quitté le champ de bataille, que pour avoir déserté ou avoir, sous la poussée de l'adversaire, eu le front d'abandonner leur poste ; pendant la paix, l'autorité s'exerçait moins par la crainte que par les bienfaits, et on aimait mieux pardonner à l'injustice que d'en poursuivre le châtiment.


X. - Mais, lorsque la république se fut fortifiée par son activité et sa justice, qu'elle eut vaincu à la guerre de grands rois, qu'elle eut soumis des peuplades barbares et des nations puissantes, que Carthage, la rivale de Rome, eut été détruite jusque dans ses fondations, et qu'ainsi s'ouvrirent à nous toutes les terres et tous les océans, la fortune se mit à nous persécuter et à jeter partout le trouble. Ces mêmes hommes qui avaient aisément supporté les fatigues, les dangers, les incertitudes, les difficultés, sentirent le poids et la fatigue du repos et de la richesse, ces biens désirables en d'autres circonstances. On vit croître d'abord la passion de l'argent, puis celle de la domination ; et ce fut la cause de tout ce qui se fit de mal. L'avidité ruina la bonne foi, la probité, toutes les vertus qu'on désapprit pour les remplacer par l'orgueil, la cruauté, l'impiété, la vénalité. L'ambition fit d'une foule d'hommes des menteurs ; les sentiments enfouis au fond du cœur n'avaient rien de commun avec ceux qu'exprimaient les lèvres ; amitiés et haines se réglaient, non d'après les personnes, mais d'après les conditions d'intérêt, et on cherchait plus à avoir le visage que le caractère d'un honnête homme. Ces maux grandirent d'abord insensiblement, et furent même parfois châtiés ; puis ils devinrent contagieux ; ce fut comme une peste ; les principes de gouvernement changèrent ; et l'autorité, fondée jusqu'alors sur la justice et le bien, devint cruelle et intolérable.2

 



Lucrèce


 

Entre temps de mémoire et temps de l'histoire : l'invention romaine de l'âge d'or


Paul-Augustin Deproost
Département d'Études grecques, latines et orientales Faculté de Philosophie et Lettres Université catholique de Louvain (UCL) Cet article de synthèse est la version remaniée d’une réflexion sur la lecture romaine du mythe de l’âge d’or donnée à l'UCL dans le cadre du cours Typologie et permanences des imaginaires mythiques, qui, en 2007-2008, portait sur L'âge d'or : du premier matin au grand soir du monde.
[Déposé sur la Toile le 25 novembre 2007]
 
Ce texte a été publié sous le même titre dans Res Antiquae, t. 5, 2008, p. 37-66 [Note additionnelle du 12 décembre 2008]


— Tibulle
           Plus tard, à l’époque augustéenne, Tibulle et Ovide évoquent à leur tour le mythe dans la perspective d’un temps achevé et irrévocable, mais en lui conservant sa dimension mythique, indépendamment de toute considération politique chez Tibulle, à l’inverse d’Ovide qui développe d’une manière très appuyée la pratique spontanée de la justice en ce temps d’origine. Chez Tibulle, l’âge d’or s’inscrit dans l’histoire sentimentale du poète, le mythe devenant alors le symbole de la réalisation de vœux amoureux au sein d’une abondance tranquille, aujourd’hui définitivement perdue. Dans l’élégie I, 3, une grave maladie, survenue au cours d’une campagne militaire, impose à Tibulle un arrêt à Corfou où il ressent cruellement l’absence de son amie. Il se livre alors à une évocation nostalgique de l’âge d’or et déplore que ces temps heureux soient irrémédiablement révolus [13]. Les thèmes majeurs du mythe sont réunis : le dieu de ce temps est Saturne, — le Kronos latin —, renversé par Jupiter lorsque l’âge d’or a disparu ; on retrouve la mer comme lieu précis de la transgression qui a mis un terme à ces temps de bonheur. L’âge d’or ne connaissait pas encore l’agriculture ni l’élevage ; en revanche, la nature était prodigue de ses fruits, le chêne produisait du miel et les brebis offraient leur lait au berger qui ne devait pas craindre les menaces contre son troupeau. Les hommes n’avaient pas encore inventé la guerre et vivaient dans la paix, loin des arts du fer. Tibulle y ajoute cependant un trait nouveau : « Aucune maison n’avait de portes ; une pierre n’était pas fixée dans les champs pour marquer les propriétés de limites précises », reconnaissant ainsi à l’âge d’or la qualité d’un temps qui ne connaissait ni barrières ni frontières [14]. Modestement, Tibulle prépare ainsi l’évolution, notamment néronienne, du mythe qui considérera l’âge d’or comme un univers non clôturé, et dès lors poreux à toutes les formes d’échanges et de mélanges.
           Dans l’élégie II, 3, c’est la même nostalgie : par rapport à l’époque où vit le poète, caractérisée par le goût du voyage, la cupidité et la séduction des richesses, auxquelles succombe le cœur des belles, l’âge d’or représente une époque révolue où l’amour aurait régné sans obstacle. La contextualisation amoureuse très marquée de cette élégie permet de mieux comprendre le trait original de l’âge d’or chez Tibulle. Après que le poète déplore l’enlèvement de sa bien-aimée par un riche affranchi qui lui a promis la richesse dans ses campagnes, Tibulle s’écrie : « Adieu aux moissons, plutôt que de voir les jeunes filles reléguées à la campagne. Que le gland soit notre nourriture et, comme aux temps anciens, n’ayons pour boisson que de l’eau : le gland a nourri les anciens et ils ont toujours aimé partout ; qu’ont-ils perdu à n’avoir point de sillons ensemencés ? Alors, à ceux qu’Amour touchait de son souffle, dans sa douceur, Vénus procurait à découvert le plaisir dans une vallée ombreuse ; il n’y avait pas de gardien, pas de porte pour exclure des amants affligés [15]. » En l’occurrence, l’ignorance des métiers de la campagne, caractéristique des temps anciens, est surtout celle des sillons, des limites, des gardiens qui empêchent les amants de s’aimer en tout lieu et en toute liberté. Le mythe de l’âge d’or recoupe ici un thème élégiaque que Catulle avait déjà chanté et qui sera repris à l’envi dans la poésie amoureuse : le thème de la porte fermée qui s’interpose entre la belle, jalousement gardée par son mari, et l’amant qui en implore en vain l’ouverture.
           Au moment de chanter son horreur pour le métier des armes et son amour pour la paix, Tibulle pense encore à l’âge d’or, dans les premiers vers de l’élégie I, 10, où il commence par déplorer l’avènement du fer et de l’épée : « C’est la faute de l’or qui enrichit, et la guerre n’existait point au temps où ne se dressait devant les plats qu’une coupe de hêtre ; il n’y avait point de citadelles, point de palissade, et le gardien du troupeau s’endormait tranquille au milieu de ses brebis à la toison variée [16]. » Car, dans la poésie élégiaque, le service d’amour est une inversion du service militaire, les valeurs de la militia Veneris remplacent celles de l’héroïsme guerrier, la paix attise les combats de Vénus, et les images de l’âge d’or viennent alors à point pour en situer l’exercice dans un temps qui n’a pas encore fait l’expérience meurtrière des armes. Accessoirement, Tibulle regrette aussi un âge qui ignorait les richesses matérielles, à l’origine de sa déconvenue amoureuse.


Tibulle Elégie, I, 3, v. 35-56
L’Âge d’or

 


Quam bene Saturno vivebant rege, priusquam            35          

tellus in longas est patefacta vias !

Nondum caeruleas pinus contempserat undas,          

effusum ventis praebueratque sinum,

nec vagus ignotis repetens compendia terris          

presserat externa navita merce ratem.              40

Illo non validus subiit juga tempore taurus,          

non domito frenos ore momordit equus,

non domus ulla fores habuit, non fixus in agris,          

qui regeret certis finibus arva, lapis ;

ipsae mella dabant quercus, ultroque ferebant            45         

obvia securis ubera lactis oves. non acies,

non ira fuit, non bella, nec ensem         

immiti saevus duxerat arte faber.
Nunc Iove sub domino caedes et vulnera semper,         

nunc mare, nunc leti mille repente viae.              50

Parce, pater : timidum non me perjuria terrent,          

non dicta in sanctos impia verba deos.

Quod si fatales jam nunc explevimus annos,          

fac lapis inscriptis stet super ossa notis :

«Hic jacet immiti consumptus morte Tibullus,              55           

Messallam terra dum sequiturque mari»

Traduction
Qu'on vivait heureux sous le règne de Saturne, avant le temps où de longues routes se sont ouvertes sur la terre ! Le pin n'avait pas encore bravé les ondes azurées ni présenté aux vents le gonflement de la voile déployée ; errant à la poursuite du gain en des terres inconnues, un nautonier n'avait pas encore chargé son vaisseau de marchandises étrangères. Ce temps-là n'a pas vu le taureau vigoureux subir le joug, le cheval mordre le frein de sa mâchoire domptée ; les maisons n'avaient point de porte, on n'enfonçait pas de pierre dans les champs pour marquer exactement les limites des propriétés. D'eux-mêmes les chênes donnaient du miel, et spontanément les brebis venaient offrir le lait de leurs mamelles aux hommes qui n'avaient pas de souci. Il n'y avait pas d'armée, pas de colère, pas de guerres, et l'art inhumain du forgeron cruel n'avait pas façonné l'épée. Aujourd'hui, sous la domination de Jupiter, ce sont des meurtres et des blessures toujours, aujourd'hui c'est la mer, aujourd'hui mille voies s'ouvrent brusquement qui conduisent à la mort. Epargne-moi, père des dieux ! ma conscience sans reproche n'éprouve pas les terreurs qui suivent les parjures ou les paroles impies prononcées contre la sainteté des dieux. Que si j'ai rempli maintenant le nombre fatal de mes années, permets que ces mots soient inscrits sur la pierre qui couvrira mes restes : «Ici repose Tibulle, enlevé par une mort cruelle, tandis qu'il suivait Messalla sur terre et sur mer.»

 Texte 14 Ovide, le mythe de l'âge d'or

source Bibiotheca latina selecta

Les quatre métamorphoses du monde, ou le mythe des races (1, 89-150)

L'univers ainsi constitué et dominé par le genre humain se dégrada progressivement au cours de quatre mutations, désignées par les expressions les « quatre âges du monde » ou le « mythe des races ». La première de ces périodes, l'âge d'or, assimilée à Rome au règne de Saturne, se caractérisait par le respect du droit et de la vertu, par la paix, la concorde, l'absence de lois, de crainte et de guerres ; on se contentait de ce que la nature produisait spontanément et généreusement. (1, 89-112)

Une seconde période, moins heureuse, appelée « âge d'argent », suivit, correspondant à l'avènement de Jupiter, qui transforma le printemps éternel en quatre saisons, ce qui obligea les humains à s'abriter contre les rigueurs du climat et à développer l'agriculture. (1, 113-124)

Le troisième âge, l'âge du bronze, qui connut une race d'hommes plus prompts à la guerre, fut suivi par l'âge du fer, un âge maudit, où tout sens moral se perdit au profit de la violence, de l'audace et surtout de la soif de posséder. C'est ainsi que les dieux, et singulièrement la déesse de la justice, dégoûtés, quittèrent la terre. (1, 125-150)

 

Aurea prima sata est aetas, quae uindice nullo,
 
Le premier âge à voir le jour fut l'âge d'or qui , sans juge,
 

1, 90

sponte sua, sine lege fidem rectumque colebat.

poena metusque aberant, nec uerba minantia fixo

aere legebantur, nec supplex turba timebat

iudicis ora sui, sed erant sine uindice tuti.

Nondum caesa suis, peregrinum ut uiseret orbem,
 
spontanément, sans lois, pratiquait la bonne foi et le droit.

On ignorait punitions et crainte, on ne lisait pas d'édits menaçants

gravés dans le bronze ; la foule suppliante ne redoutait pas

le visage de son juge, mais on vivait tranquille, sans défenseur.

Le pin toujours debout n'avait pas encore dévalé les montagnes
 

1, 95

montibus in liquidas pinus descenderat undas,

nullaque mortales praeter sua litora norant ;

nondum praecipites cingebant oppida fossae ;

non tuba derecti, non aeris cornua flexi,

non galeae, non ensis erat : sine militis usu
 
vers les ondes liquides pour visiter un monde étranger,

et les hommes ne connaissaient que leurs propres rivages.

Des fossés escarpés ne ceignaient pas encore les cités ;

il n'existait ni trompette d'airain au tube étiré, ni cor recourbé,

ni casque, ni épée ; sans recourir à une milice,
 

1, 100

mollia securae peragebant otia gentes.

Ipsa quoque inmunis rastroque intacta nec ullis

saucia uomeribus per se dabat omnia tellus,

contentique cibis nullo cogente creatis

arbuteos fetus montanaque fraga legebant
 
les gens vivaient dans la paix d'agréables loisirs.

La terre, sans contrainte elle aussi, épargnée par le hoyau,

ignorant les blessures de la charrue, offrait tout d'elle-même.

Les gens, se contentant de nourritures produites sans effort,

recueillaient les fruits des arbousiers, les fraises des montagnes,
 

1, 105

cornaque et in duris haerentia mora rubetis

et quae deciderant patula Iouis arbore glandes.

Ver erat aeternum, placidique tepentibus auris

mulcebant zephyri natos sine semine flores ;

mox etiam fruges tellus inarata ferebat,
 nec renouatus ager grauidis canebat aristis ;

flumina iam lactis, iam flumina nectaris ibant,

flauaque de uiridi stillabant ilice mella.

les cornouilles, les mûres attachées aux âpres ronces

et les glands tombés de l'arbre de Jupiter aux larges branches.

Le printemps était éternel et, de leurs souffles tièdes,

les doux zéphyrs caressaient des fleurs nées sans semences.

Bientôt même, la terre, sans être labourée, produisait des moissons,
et le champ, non travaillé, blondissait sous de lourds épis.

Tantôt coulaient des fleuves de lait, tantôt des fleuves de nectar,

et de l'yeuse verdoyante tombaient des gouttes de miel blond.

 

 
   
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